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KarrGreen installe une station BioGNV à Lexy avec l'appui de cinq entreprises lorraines
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KarrGreen installe une station BioGNV à Lexy avec l'appui de cinq entreprises lorraines

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Encore embryonnaire à l’échelle du Grand Est, le réseau de station délivrant du gaz pour véhicule compte un point de livraison supplémentaire, à Lexy, en Meurthe-et-Moselle. Conçue et portée par la société bretonne KarrGreen, la nouvelle station à 1,5 million d’euros appartient aussi à des acteurs locaux.

La station KarrGreen de Lexy a été conçue pour livrer en gaz jusqu’à huit poids lourds chaque heure — Photo : Jean-François Michel

Pour Jean-Luc Nospel, le dirigeant du groupe SLB Tressa, à Cosnes-les-Romains, la question ne doit même pas être posée : "Bien sûr que l’avenir passe par des camions roulant au gaz", affirme le chef d’entreprise lorrain. Au sein de son groupe de travaux publics, qui pèse un total de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 35 salariés, le dirigeant exploite une filiale dédiée à la location de véhicules, Siderloc. "Au total, j’ai 20 camions qui roulent au gaz, soit la moitié de ma flotte", précise le dirigeant en désignant les véhicules stationnés devant la nouvelle station multi-énergies inaugurée à Lexy, en Meurthe-et-Moselle, par la société KarrGreen, basée à Locminé dans le Morbihan.

Concrètement, cette station distribue du BioGNV sous forme compressée, de l’électricité via une borne de recharge de 100 kW et "bientôt de l’hydrogène vert", tient à préciser Marc Le Mercier, président et cofondateur de KarrGreen. Pour l’instant, la société bretonne exploite trois stations : à Pontivy et à Moréac, dans le Morbihan, et à Lexy, dans le Pays Haut, en Meurthe-et-Moselle, à quelques kilomètres de la Belgique et du Luxembourg. Employant une dizaine de personnes, le groupe KarrGreen a généré 23 millions d’euros d’activité depuis sa création, en 2016, grâce notamment à un centre de production d’énergies à partir de biodéchets basé à Locminé. "D’ici à 5 ans, nous voulons couvrir le territoire national avec un réseau de 100 à 150 stations multi-énergies", assure le président de KarrGreen, qui a injecté 1,5 million d’euros, hors foncier, pour construire la station de Lexy.

70 % du capital dans les mains d’acteurs locaux

"Nous avons rassemblé 400 000 euros de capital, qui ont fait effet de levier pour de la dette bancaire, que nous avons levé auprès du CIC Est", précise Marc Le Mercier, qui ne contrôle que 30 % du capital de l’établissement créé pour porter la station meurthe-et-mosellane. Chaque station est considérée comme un petit centre de profit, rentable dès que 25 camions roulant au gaz font le plein pour parcourir chacun 80 000 kilomètres par an.

Les 70 % restants du capital sont contrôlés par la commune de Lexy et cinq entreprises locales, dont le groupe de Jean-Luc Nospel. "Jusqu’à présent, j’allais faire le plein de gaz en Belgique ou à Metz", détaille l’entrepreneur. "Je voulais trouver une autre solution et j’ai entendu parler du modèle développé par KarrGreen. Je suis allé voir sur place, ça m’a plu, j’ai rencontré Marc Le Mercier, et voilà", résume Jean-Luc Nospel.

Au gaz délivré par la station s’ajoute l’électricité, fournit par 96 panneaux solaires formant une ombrière au-dessus de la station de Lexy — Photo : Jean-François Michel

Il a pourtant fallu trois ans de procédures pour parvenir à inaugurer la station de Lexy. Un délai qui n’a pas effrayé les dirigeants lorrains convaincus par Jean-Luc Nospel et Marc Le Mercier de mettre chacun 50 000 € au capital de la nouvelle station. Au patron du groupe SLB Tressa se sont joints les Transports Casola, installés à Saulnes en Meurthe-et-Moselle, la SAS JMT de Jacky Thill et le dirigeant des Transports Malisan, à Uckange en Moselle. "L’objectif, c’était de mettre en commun quelques moyens venant d’acteurs du territoire, pour mettre sur le marché une énergie plus propre", insiste Laurent Malisan. Le patron des transports Malisan, qui emploie 142 salariés pour 33 millions d’euros de chiffre d’affaires, n’a pas encore investi dans des camions au gaz, mais a conscience que le monopole du diesel, même dans le transport lourd, vacille.

Jouer collectif pour miser sur la transition

"Je livre essentiellement des sites industriels avec de très lourdes charges : en termes d’autonomie et de puissance, le gaz ne peut y répondre", assure le dirigeant, qui songe pourtant à investir dans cette énergie pour lancer une flotte de véhicules destinés à la maintenance de ses poids lourds. "Je réfléchis encore pour trouver le bon modèle, mais avec ce nouveau point de ravitaillement, ça va peut-être accélérer mes réflexions", assure Laurent Malisan.

Une dynamique qui ressemble à celle imaginée par Marc Le Mercier : "KarrGreen ne pourra pas réussir en restant isolé. Nos stations fonctionnent, parce que nous commençons par faire connaissance avec les besoins des acteurs du territoire, puis nous les impliquons". En Meurthe-et-Moselle, en plus de l'apport des entrepreneurs locaux, le projet a bénéficié d’un apport de 300 000 € de la commune de Lexy et de l’expertise de Terrasolis Energy, le pôle d’innovation dédié à l’agriculture du futur, aux énergies vertes et à la bioéconomie, basée à Châlons-en-Champagne, dans la Marne. "KarrGreen et Terrasolis Energy souhaitent jouer un jeu collectif dans la transformation et la revalorisation des énergies renouvelables qui sont l’avenir de l’activité agricole", assure Maximin Charpentier, le président de Terrasolis Energy, dont la structure a déjà prévu de porter quatre autres projets d’implantation dans le Grand Est d’ici à 2025.

35 stations gaz supplémentaires dans les 12 mois

À la satisfaction des agriculteurs, se conjugue celle de l’énergéticien GrDF, le fournisseur du BioGaz : "Cette station multi-énergies incarne la rencontre du monde agricole, des collectivités et des entreprises qui ont choisi la transition énergétique comme mot d’ordre", se félicite Emmanuel Connesson, directeur territorial région Grand Est GrDF. Dans le Grand Est, 77 stations, sur les 537 que compte le territoire national, peuvent déjà distribuer du gaz pour les véhicules. "Le développement du gaz pour les poids lourds est très important, les immatriculations ont augmenté de 60 % l’année dernière, et même de 86 % pour les autocars", assure Emmanuel Connesson.

Par rapport au diesel, le gaz pour véhicule émet 80 % de CO2 en moins et permet de réduire les émissions de particules fines de 90 % : "Pour tenir les objectifs de la décarbonation et livrer les zones à faibles émissions, les transporteurs vont y venir", affirme le patron de GrDF en région Grand Est, qui anticipe dans les 12 mois l’arrivée de 35 stations délivrant du gaz pour véhicules dans le Grand Est.

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