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Le métallurgiste Manoir Bouzonville placé en redressement judiciaire
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Le métallurgiste Manoir Bouzonville placé en redressement judiciaire

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La filiale mosellane du métallurgiste Manoir Industries a obtenu l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire. L’audience s’est tenue à Paris ce 4 mars 2021. Il y a une dizaine de jours, les cinq autres filiales françaises du groupe ont été placées sous la protection des tribunaux de commerce.

La filiale mosellane du groupe Manoir Industries emploie 164 personnes à Bouzonville — Photo : Chaîne Youtube Manoir Industries

Le tribunal de commerce de Paris a rendu sa décision ce 4 mars 2021 : l’entreprise de métallurgie Manoir Bouzonville (33,5 M€ de CA en 2019), basée en Moselle et spécialisée dans l’estampage lourd et l’extrusion à chaud, est placée en redressement judiciaire pour une période d’observation fixée à six mois. Un an et demi après l’incendie qui avait ravagé le site en août 2019, c’est une nouvelle épreuve pour les 164 salariés de l’usine. "Nous commencions seulement à relever la tête, raconte Thierry Didelon, délégué CFDT présent à l’audience parisienne. Et nous tombons sous un nouveau couperet, celui du redressement. En revanche, nous pouvons garder l’espoir de trouver un repreneur car l’outil industriel est comme neuf et présente encore beaucoup d’intérêt." La preuve, toujours selon le syndicaliste : une offre in bonis était sur la table depuis la fin d’année 2020 afin de reprendre ce spécialiste des composants forgés complexes pour les filières pétrolières, éoliennes, ferroviaires ou encore aéronautiques. "Mais plusieurs conditions suspensives étaient incontournables, explique-t-il. Et notamment, la signature obligatoire de l’actionnaire chinois qui n’a jamais voulu lâcher du lest." Les juges ouvrent désormais la voie à de nouvelles candidatures. La période de dépôt des offres doit s’étaler sur trois semaines. "Il y a déjà eu plusieurs visites sur le site. Une ou deux offres seraient déjà prêtes", assure Thierry Didelon.

"Sauvegarder un maximum d’emplois"

Cette décision de justice intervient quelques jours seulement après le placement en redressement judiciaire des cinq autres filiales françaises de Manoir Industries, comptant 1 088 personnes au total. C’est acté depuis le 23 février pour les sociétés Manoir ACPP (Manche), Manoir CTI ACDN (Manche) et Manoir Agriandre (Eure) au bénéfice du chaudronnier CTI Management racheté en 2016 par l’ancien actionnaire chinois Yantai Taihai. Deux jours plus tard, c’était au tour de la locomotive historique du groupe Manoir Pîtres (Eure) et de Manoir Engrenages (Val-d’Oise) d’être placés sous la protection du tribunal de commerce, cette fois au bénéfice de Manoir Industries. Seul le site mosellan de Bouzonville était encore en attente de décision. Il s’agit de "continuer les recherches de repreneurs et permettre, le cas échéant, les reprises des sociétés en plan de cession, indique la direction dans un communiqué publié le 1er mars. L’objectif, pour toutes les sociétés du groupe, est d’assurer au mieux la continuité d’activité des entreprises et de sauvegarder un maximum d’emplois."

Promesses non tenues

Comment en est-on arrivé là ? "Manoir Industries n’a toujours pas perçu les fonds que le nouvel actionnaire chinois CAM SCP s’était engagé à verser avant fin novembre 2020", répond la direction. En effet, l’ancien propriétaire Yantai Taihai étant confronté "à de lourdes difficultés financières", avait nanti les titres de l’entreprise au profit de son compatriote CAM SCP. Dans l’impossibilité de rembourser, Yantai Taihai s’est retrouvé contraint de lui céder le groupe en juin 2020. "Depuis cette date, aucun des fonds promis par le nouvel actionnaire ne sont parvenus." Malgré le recours au Fonds de développement économique et social (FDES) et plusieurs autorisations de reports de charges fiscales et sociales, la décision de solliciter la protection du tribunal a donc été prise, faute de trésorerie. Ainsi, les recherches de repreneurs, entamées à l’été 2020 se poursuivent. "Des contacts ont été pris avec différents acteurs financiers ou industriels, poursuit la direction. Plusieurs visites ont pu avoir lieu et des discussions sont engagées, à différents stades selon les sites, avec des repreneurs potentiels ayant formulé des marques d’intérêt." Basée à Paris, la société Manoir Industries reste intimement liée à la Lorraine puisque son histoire a débuté au cœur des aciéries en 1850, d’abord à Ars-sur-Moselle (Moselle) puis à Pompey (Meurthe-et-Moselle), avant de construire son premier site majeur en 1917, à Pîtres en Normandie.

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