
Chauffer l'eau sanitaire grâce à l'énergie dégagée par ses serveurs informatiques, c'est la brillante idée que la start-up messine Tresorio a trouvée pour installer gratuitement ses machines et financer l'évolution de son activité. Car à sa création, en mai 2016, par Loïc Gorka, Jonathan Klein et Guillaume Hoff, la jeune pousse se spécialise dans le "minage" de cryptomonnaie, en louant des infrastructures informatiques capables d'apporter de la puissance de calcul aux réseaux blockchain. Avec l’explosion de la bulle des cryptomonnaies, elle est aujourd'hui contrainte de pivoter.
« En juin 2017, nous amortissions un serveur à 40 000 € en six semaines. Aujourd’hui, il faut six ans », explique Jonathan Klein. L'objectif de Tresorio est de lancer un véritable service de cloud avec des serveurs capables de faire des calculs pour tout type d’entreprises. « Nous voulons mailler le territoire français pour nous imposer comme un gros acteur », prévoit le trio.
Des tarifs compétitifs
Pour pouvoir amorcer son évolution, Tresorio a donc imaginé transformer ses serveurs en "chaudières numériques". En partenariat avec l'énergéticien Dalkia, qui assure la maintenance des serveurs, la start-up chauffe aujourd'hui les eaux sanitaires de l’hôpital messin de Mercy et devrait en faire de même avec trois autres bâtiments, d’ici la fin de l’année. En échange, la start-up bénéficie gratuitement de locaux pour installer ses serveurs. Seule la consommation électrique des machines reste à sa charge, environ 8 000 € par an à Mercy.
« Grâce à ça nous pouvons louer nos serveurs 60 % moins cher qu’Amazon », assure Jonathan Klein qui espère boucler l’exercice 2018 avec un CA de 3 M€. Et ainsi chauffés, les gestionnaires des bâtiments peuvent savoir exactement ce qu’ils consomment. « Avec nos machines nous pouvons établir avec précision la consommation énergétique », détaille le cofondateur.
Une levée de fonds de 1,5 M€ en cours
Pour Tresorio, l’économie faite sur les locaux a pour vocation de permettre le lancement d'une nouvelle plate-forme. Elle sera opérationnelle d’ici deux mois. La start-up a acheté des serveurs à 375 000 euros chacun. « Un serveur se loue 400 000 euros par an, mais peut être utilisé par des milliers de clients », affirme Jonathan Klein.
Tresorio (8 employés) tente de lever 1,5 millions d’euros pour développer son réseau d’infrastructures, acquérir d’autres serveurs et embaucher 17 personnes, notamment des ingénieurs frigoriste et climatique pour mieux transférer l'énergie de ses serveurs vers les bâtiments. L'entreprise cherche également des bâtiments avec qui échanger sa "chaleur" pour garder des prix de location de serveurs attractifs.