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La Sovab prépare l’arrivée de la prochaine version du Renault Master
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La Sovab prépare l’arrivée de la prochaine version du Renault Master

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Un carnet de commandes plein et des équipes mobilisées pour reconfigurer les lignes de production dédiées au futur Renault Master : l’usine Sovab de Batilly négocie un virage stratégique pour son avenir.

Pour répondre aux exigences de la production du nouveau Master, l’atelier "tôlerie" de la Sovab va être équipé de 200 robots supplémentaires — Photo : Sovab

Fin mars, les équipes de l’atelier "tôlerie" de l’usine Sovab de Batilly, en Meurthe-et-Moselle, ont arrêté quelques heures la production pour faire passer sur leurs lignes des prototypes du futur fourgon utilitaire Renault Master. Connue en interne sous le nom de code "projet XDD", l’arrivée de cette quatrième génération, programmée pour 2024, bouscule déjà le quotidien d’une usine qui tourne à plein régime.

"Nous produisons actuellement 720 véhicules par jour", détaille Miguel Valle, le directeur de l’usine Sovab, filiale à 100 % du groupe Renault qui a réalisé en 2021 un total de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et emploie 2 800 personnes. L’usine, qui a produit 121 798 véhicules en 2022, devrait atteindre des niveaux records en 2023 : "Nous sommes sur des niveaux de production jamais atteints. Nous répondons à une très forte demande", affirme Miguel Valle.

Encore 100 embauches en 2023

Avec 31,5 % de part de marché sur le segment des grands fourgons en France, le Renault Master est solidement installé à la première place, et se paie même le luxe de chatouiller le groupe Daimler au niveau du marché européen, avec une part de marché de 14,9 %. Pour faire face à son carnet de commandes, la Sovab a embauché 200 personnes en 2022 et s’apprête à intégrer 100 collaborateurs supplémentaires en 2023.

Une croissance de l’effectif qui va de pair avec une reconfiguration profonde des process de production de la quatrième génération du Master : "Pour produire la troisième génération, le X62, nous disposons de 300 robots. Pour le XDD, il faudra installer un total de 200 robots supplémentaires", détaille Eric Marconato, le chef de département "tôlerie" de la Sovab. Si le taux d’automatisation de la tôlerie de la Sovab a déjà atteint 92 %, il ira vers les 95 % pour répondre aux exigences du projet XDD : "Aujourd’hui, nous sommes déjà capables de faire 650 variantes du Master de troisième génération. Demain, pour le XDD, nous allons rajouter 350 variantes supplémentaires, sachant que pour un véhicule particulier, cela tourne autour de 10 variantes", détaille Eric Marconato.

Trois heures sont nécessaires pour finaliser l’assemblage du Renault Master — Photo : Jean-François Michel

Si la complexité augmente pour l’atelier "tôlerie", les futurs clients de la quatrième génération du Master auront aussi le choix de leur motorisation : diesel, mais aussi électrique, une version qui sera fabriquée à 100 % à Batilly, et une version hydrogène, que l’usine devra aussi être capable de finaliser.

Dans l’atelier "assemblage ", on s’apprête aussi à accueillir le nouveau fourgon utilitaire : première modification visible : la réduction du besoin en surface de l’atelier, qui va passer de 64 600 m2 à 60 100 m2 pour le projet. "L’assemblage se fera à 70 % en kitting", précise Miguel Valle, "contre 65 % auparavant". Le kitting, ou préparation de kits, consiste à regrouper des pièces en "kit" avant de passer le relais à un autre opérateur dans l’atelier. Des zones alliant "picking" dans les stocks et "kitting" ont été aménagées dans l’atelier, avec des racks de stockage montant jusqu’à 5,5 mètres de haut, permettant de gagner de la place et du temps.

Si Miguel Valle préfère rester discret sur les investissements nécessaires à la reconfiguration de son usine, il évoque tout de même une enveloppe "en milliards" pour l’ensemble du projet XDD. Car le groupe Renault va aussi changer sa manière de travailler avec ses fournisseurs. "Pour le nouveau véhicule, nous allons augmenter de 12 % le nombre de fournisseurs dans le Grand Est, en révisant complètement la localisation des chaînes de valeur", détaille Miguel Valle, qui insiste : "85 % des pièces du Master actuel et du futur Master sont françaises".

Quatre trains chaque semaine

Revendiquant fièrement ses racines françaises, le groupe se voit aussi contraint de composer avec l’explosion des prix de l’énergie encaissée par l’ensemble de l’industrie tricolore : "En 2022, nos gains énergétiques ont permis de compenser la hausse des coûts", affirme Miguel Valle. Concrètement, en 2022, l’usine Sovab a réussi à consommer 20 % d’énergie en moins et veut continuer les efforts : -12 % sur l’exercice 2023.

Une trajectoire vertueuse qui pourrait s’accompagner d’une diminution de l’empreinte carbone liée à la logistique de l’usine. Confrontée à des problèmes pour faire sortir les véhicules du site, avec une zone de stockage remplie à 102 %, l’équipe de la Sovab vient de réserver quatre trains par semaine, contre deux auparavant, pour aller stocker des véhicules à Flins-sur-Seine dans les Yvelines. "Avec le train, nous parvenons à charger 108 véhicules par rame, contre trois sur un poids lourd", souligne Charles-Édouard Thiout, le responsable de fabrication de la Sovab. Pour consolider cette option logistique prometteuse, le département de Meurthe-et-Moselle vient de participer à hauteur de 389 000 € sur un montant total de 3,8 millions d’euros de travaux, visant à renforcer le trafic sur les huit kilomètres de voie reliant l’usine de la Sovab au réseau ferroviaire.

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