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La Lorraine a perdu 1,4 % de ses effectifs salariés en 2020
Grand Est # BTP # Conjoncture

La Lorraine a perdu 1,4 % de ses effectifs salariés en 2020

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Selon l’Urssaf Lorraine, l’emploi salarié a chuté de plus de 1 % en 2020 et ce, dans les quatre départements. L’hôtellerie, la restauration et l’industrie sont particulièrement affectées, contrairement au BTP et à la santé qui sortent leur épingle du jeu.

Selon le directeur de l'Urssaf Lorraine Christophe Franceschi, près de 20 000 entreprises régionales ont bénéficié d'un report de cotisations en 2020. — Photo : Françoise Claudel

L’Urssaf Lorraine fait le bilan. Lors d’une conférence organisée le 19 mai, l’organisme de recouvrement des cotisations sociales a confirmé la contraction de l’emploi salarié sur l’ensemble de la région en 2020 : -1,4 %, soit 7 300 postes détruits sur douze mois (contre -1,7 % au niveau national). En proportion, la Lorraine est la région du Grand Est qui s’en sort le mieux puisque les effectifs chutent de 1,7 % en Alsace (9 200 postes) et de 1,8 % en Champagne-Ardenne (5 500 postes).

La Lorraine, qui comptait près de 578 000 salariés du privé (hors agriculture) en 2008 n’en compte désormais plus que 516 000. "La diminution de l’emploi salarié liée à la crise sanitaire est un peu moins forte qu’en 2008 mais elle confirme la tendance à la baisse sur le temps long au niveau régional", précise le directeur comptable et financier à l’Urssaf Lorraine Michel Ménissier. Au niveau départemental, cette baisse de 2020 se limite à 1 % en Meurthe-et-Moselle (1 680 postes), devant la Moselle (-1,5 % ; 3 730 postes), les Vosges (-1,6 % ; 1 320 postes) et la Meuse (-1,7 % ; 560 postes).

Le BTP et la santé font exception

Dans la région, les pertes d’emplois sont davantage marquées dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration, massivement touchés par les conséquences de l’épidémie et les fermetures administratives. La filière lorraine encaisse une chute de 8,4 % (-11,1 % au niveau national), soit 2 450 destructions nettes de postes sur un an. Cela représente un tiers des emplois perdus dans la région. Le département des Vosges, traditionnellement tourné vers le tourisme, enregistre la plus forte chute départementale dans le secteur (-11 %, soit 520 postes détruits).

"L’intérim reste la principale variable d’ajustement de l’emploi dans les entreprises industrielles"

Représentant, là aussi, un tiers des emplois perdus en Lorraine, l’industrie paie un lourd tribut (-2,4 % ; 2 580 postes détruits). C’est un demi point de plus qu’au niveau national (-1,9 %). Fortement lié à l’industrie, l’intérim perd 630 postes sur un an (-2,7 %). Dans la Meuse, la chute est spectaculaire puisque le département perd plus de 14 % de ses emplois intérimaires (290 postes détruits), contrairement à la Meurthe-et-Moselle qui enregistre une hausse de 1,5 % (80 postes créés). "L’intérim reste la principale variable d’ajustement de l’emploi dans les entreprises industrielles", confirme Laurence Oudot, responsable des statistiques à l’Urssaf Lorraine.

Même tendance à la baisse dans les secteurs lorrains du commerce (-0,9 % ; 810 postes), de l’art et du spectacle (-10,2 % ; 650 postes), de l’édition et de l’audiovisuel (-9 % ; 260 postes) ou encore de la finance et de l'assurance (-2,4 % ; 380 postes). En revanche, dans ce contexte de crise sanitaire, les secteurs de la santé, de l’action sociale et de l’hébergement médico-social, affichent plus de 900 créations nettes. La construction régionale connaît, elle aussi, une embellie avec 590 postes supplémentaires, soit une hausse de 1,4 % par rapport à 2019.

600 millions d’euros de cotisations reportées

Pour limiter les dégâts causés par cette année de crise, l’Urssaf Lorraine a autorisé le report d’environ 600 millions d’euros de cotisations sur les douze mois de 2020 : plus de 380 millions d’euros n’ont pas été prélevés chez les indépendants et 217 millions chez les entreprises avec 19 720 établissements concernés. "La mobilisation de l’Urssaf a été inédite, déclare son directeur régional Christophe Franceschi. Nous avons adapté notre politique de recouvrement qui n’a repris que très progressivement à la rentrée 2020. Ces 600 millions d’euros que nous n’avons pas récupérés, ce sont 600 millions qui sont restés dans les comptes des entreprises pour leur permettre de vivre." Sans compter toutes les exonérations de cotisations et les 40 millions d’euros d’aides spécifiques versées aux indépendants lorrains dans un cadre d’action sociale.

"Nous continuerons à faire preuve de la plus grande bienveillance envers les entreprises en difficulté car notre intérêt est qu’elles puissent continuer à vivre et donc financer la protection sociale."

Avec le déconfinement, les possibilités d’exonérations ou de reports de cotisations sociales sont désormais limitées sauf pour les salles de sport et les discothèques toujours fermées. Le directeur de l’Urssaf Lorraine confirme que ses équipes ont repris contact avec les entreprises concernées pour mettre en place des plans d’apurement. "Nous prenons l’initiative de les contacter pour leur faire des propositions d’échéanciers, ajoute Christophe Franceschi. Et nous avons un très bon taux d’acceptation. Quoi qu’il arrive, s’il y a la moindre difficulté, les chefs d’entreprise ne doivent pas hésiter à nous contacter pour être conseillés et accompagnés. Nous continuerons à faire preuve de la plus grande bienveillance envers les sociétés en difficulté car notre intérêt est qu’elles puissent continuer à vivre et ainsi financer la protection sociale." Hors crise, l’Urssaf Lorraine recouvre près de 9 milliards d’euros chaque année.

Enfin, la reprise semble se concrétiser en ce début d’année car sur les quatre premiers mois de 2021, le taux de recouvrement atteint les 96 % contre 97 % ou 98 % habituellement. "C’est une donnée qui n’est pas catastrophique, précise Christophe Franceschi. D’ailleurs, compte tenu de la situation que l’on a connue ces derniers mois, c’est plutôt positif". Du côté des recrutements, l’optimisme est aussi de rigueur. "Après de nouvelles chutes en novembre et en décembre 2020, les déclarations d'embauches sont reparties à la hausse en janvier et en février, indique la responsable des statistiques Laurence Oudot. Même si la tendance reste inférieure de 9 % à ce que nous avions connu à la même période en 2019". Autrement dit, juste avant le premier confinement.

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