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La filière nucléaire du Grand Est va devoir embaucher plus de 1 000 personnes par an pendant dix ans
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La filière nucléaire du Grand Est va devoir embaucher plus de 1 000 personnes par an pendant dix ans

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Rassemblés à Nancy à l’occasion de la journée des métiers du nucléaire, les professionnels de l’atome dans le Grand Est ont dévoilé les grandes lignes de leurs besoins en recrutement. Le défi est gigantesque.

Les sous-traitants du nucléaire du Grand Est assurent déjà un volume conséquent de formations pour faire monter en compétence leurs salariés — Photo : Technisonic

Le défi qui attend la filière nucléaire est gigantesque : pour répondre aux besoins du plan de relance du nucléaire lancé en février 2022 à Belfort par le président de la République, Emmanuel Macron, les professionnels de l’atome vont devoir embaucher entre "10 000 et 15 000 personnes par an pendant les dix prochaines années", avance Jean-Philippe Sandrock, le pilote opérationnel du Gifen, le syndicat professionnel de l’industrie nucléaire française. Actuellement, la filière emploie 220 000 personnes dans 3 000 entreprises, pour 47,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Déficit d'attractivité

Pour donner la mesure des enjeux, Jean-Michel Deveza, le directeur à l’action régionale Grand Est pour EDF, convoque l’esprit de l’alpinisme : "On ne gravit pas une montagne d’un seul coup mais un pas après l’autre". Dans le Grand Est, ce vaste plan de recrutement devrait se traduire par l’embauche de "10 % de ce total", estime Fabien Cailly, le président du Gimest, le Groupement des industriels de la maintenance de l’Est, structure qui rassemble 120 entreprises sur un total de 300 opérant dans l’atome. Concrètement, il faudra donc recruter entre 1 000 et 1 500 personnes par an pendant dix ans, pour occuper des emplois qui souffrent déjà d’un cruel déficit d’attractivité.

Pas d’EPR dans le Grand Est ?

La directrice régionale adjointe aux opérations pour Pôle emploi Grand Est, Francicia Courtois, reconnaît "des tensions sur les recrutements" dans la filière nucléaire régionale, d’autant plus que, dans certains bassins du Grand Est, "nous sommes au plein emploi. Le défi qui est devant nous est celui de la formation, pour adapter les compétences aux besoins des entreprises", déroule la responsable.

Les entreprises du nucléaire investissent déjà beaucoup dans la formation, "entre 6 et 7 jours par an en moyenne", rappelle Jean-Philippe Sandrock. Fabien Cailly, lui, veut commencer par "démystifier" toute la filière : "Nous avons beaucoup de chemin à parcourir pour expliquer ce que nous faisons", insiste le président du Gimest, qui mise beaucoup sur l’alternance.

Si les sous-traitants du nucléaire saluent sans réserve la relance de l'atome, ils notent avec une certaine inquiétude que les sites retenus dans le plan esquissé par le président de la République n’étaient pas dans le Grand Est : "C’est important de décrocher un EPR (réacteur nucléaire de dernière génération, NDLR), car cela donne aussi une perspective régionale aux entreprises locales", insiste Fabien Cailly. Derrière, c’est l’accès à des marchés colossaux qui se joue. "Le grand carénage (programme industriel de renforcement des installations de production d'électricité nucléaire, visant à allonger leur durée d'exploitation, NDLR), c’est 4 milliards d’euros par an", rappelle Jean-Michel Deveza. "Et le nouveau nucléaire, c’est plus de 50 milliards d’euros."

Grand Est # Industrie # Nucléaire # Production et distribution d'énergie # Organismes de formation # Ressources humaines