« Nous avons commencé à réfléchir à ce projet en 2007... », confie le président de la Boutique du coiffeur, Roland Tarrenta. « Alors oui, ça commence à faire long, et j'ai songé très sérieusement à tout déménager au Luxembourg. » Autour du siège du vendeur en produits et matériels professionnels de coiffure, à Tomblaine, les engins de chantier s'activent : la livraison du nouveau bâtiment de 4 500 m2 est prévue pour le mois de juin, pour une mise en service en août. « Nous disposerons alors de plus du double de la surface actuelle (3 800 m2) », précise Roland Tarrenta. Dans ce bâtiment devenu trop étroit, la société stocke plus de 7 000 références afin de pouvoir livrer le réseau des boutiques : « En moyenne, dans une boutique de 150 m2, nous pouvons proposer 6 000 références », détaille le dirigeant.
Accolé au nouveau bâtiment logistique, un ensemble de bureaux de 1 500 m2 doit être livré début 2019. « Actuellement, tous les services sont chacun dans leur coin. Nous avons donc conçu un vaste open space très lumineux, afin notamment de favoriser les échanges entre les collaborateurs. » Coût total de l'opération : 6 M€.
150 boutiques d'ici à 2020
Un montant qui vient s'ajouter aux 4 M€ que dépense l'entreprise tous les ans pour développer son réseau de boutiques. La 100e va ouvrir en 2018 et l'ambition est claire : 150 boutiques fin 2020. Un rythme de développement qui se traduit dans la croissance du chiffre d'affaires : « Nous avons nettement accéléré depuis 2012, en atteignant 50 % de croissance », souligne Roland Tarrenta. « Sur l'exercice actuel, nous devrions terminer entre 15 et 16 % de croissance. » En France, La Boutique du coiffeur, qui emploie au total 600 personnes dont 80 à Tomblaine, devrait boucler 2018 sur un chiffre d'affaires de 65 M€. Et si la stratégie de l'entreprise est actuellement concentrée sur le développement des boutiques sur le territoire national, il existe aussi un potentiel important sur d'autres marchés francophones : «Nous avons six boutiques en Suisse, et j'estime que nous pourrons en ouvrir une trentaine. Au Luxembourg, nous sommes à 5 et le potentiel doit être d'une dizaine ».
Occuper la place dans les centres commerciaux
Si rien ne vient entraver sa marche en avant, la société pourrait atteindre 100 M€ de chiffre d'affaires en 2020. « Notre croissance est rentable », souligne Roland Tarrenta. « Nous sommes une entreprise familiale, nous n'appartenons pas à un fonds de pension et nous autofinançons notre développement. » Les partenaires bancaires de la société souhaiteraient d'ailleurs que l'entreprise multiplie les ouvertures à un rythme encore plus soutenu, afin d'occuper la place dans les centres commerciaux, où les études de marché montrent qu'il n'y a de la place que pour une enseigne : « Nous faisons une quinzaine d'ouvertures par an, avec l'objectif de faire les choses bien ».
Faire les choses bien dans la bouche de Roland Tarrenta, cela signifie tout faire en interne : pas de sous-traitance, le logiciel qui gère les stocks a été développé par des salariés et même les ouvertures de boutique sont gérées par une filiale à 100 %, qui mène les travaux de A à Z. « Cela nous permet de garantir les délais. Il nous faut 4 semaines pour terminer les travaux et pas une de plus. »
25 % du CA avec Kérasoin
Depuis 2014, La Boutique du coiffeur a totalement revu son concept : « Nos boutiques sont passées du blanc au noir, avec des espaces permettant de faire des démonstrations autour des produits ». D'ici à trois ans, toutes les boutiques seront réaménagées : « L'enjeu est de proposer une expérience client plus riche », insiste Roland Tarrenta. « Nous ne voulons pas simplement vendre des produits, mais accompagner les clientes dans la compréhension et l'appropriation des produits ».
C'est dans les années 90 que La Boutique du coiffeur est sortie de la niche qu'elle occupait alors sur le marché professionnel : « Si nous n'avions pas décidé de vendre nos produits professionnels aux particuliers, nous n'aurions pas connu un tel développement », assure Roland Tarrenta. Sur un marché en léger repli depuis la crise de 2008, l'entreprise parvient pourtant à afficher des chiffres de croissance à plus de 20 %, rassurant ainsi les grandes enseignes de la cosmétique comme L'Oréal ou Wella. Des partenariats solides avec de grands noms qui n'empêche pas le groupe de réaliser un quart de son chiffre d'affaires avec sa propre marque, Kérasoin : 500 références fabriquées par Lorcos et l'Atelier Flavien, à Lunéville.
