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K+S structure ses activités dans le sel et les engrais à l'échelle du Grand Est
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K+S structure ses activités dans le sel et les engrais à l'échelle du Grand Est

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L’Allemand K + S a regroupé ses deux sites de production de sel de Dombasle-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle) et son site de granulation d’engrais de Wittenheim (Haut-Rhin) sous l’entité K + S France. La nouvelle filiale, qui totalise 215 salariés, bouclera son premier exercice sur un chiffre d’affaires de 190 millions d’euros.

Le site K + S Dombasle Cérébos conditionne du sel de table, mais également du bicarbonate de soude — Photo : Philippe Bohlinger

La petite salière Cérébos soufflera ses 120 bougies en 2022. La marque a traversé les années, tout comme son discret site de production de Dombasle-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle), propriété de l’Allemand K + S. Le groupe basé à Kassel, en Hesse, anciennement Kali und Salz (14 000 salariés), a finalisé cette année la structuration de ses activités dans l’Hexagone. Ses trois sites de production français, tous situés dans le Grand Est, sont désormais chapeautés par une seule et même filiale : K + S France. Cette dernière regroupe les deux sites de production de sel de Dombasle-sur-Meurthe et le site de granulation d’engrais de Wittenheim (Haut-Rhin). La nouvelle filiale dont le siège est situé à Reims (Marne) totalise 215 salariés. Elle s’apprête à boucler son premier exercice sur un chiffre d’affaires de 190 millions d’euros, les trois quarts étant générés par le négoce d’engrais K + S.

"Nous demeurons plutôt atypiques au sein du groupe", expose Daniel Marques, directeur des opérations de K + S France. Les sites de Dombasle-sur-Meurthe collaborent en effet avec la grande distribution généraliste ou spécialisée sur des produits conditionnés en petits volumes (sel de table) et moyens volumes (sacs de 10 à 20 kg de pastilles de sel pour le traitement de l’eau). "Comparativement, les unités allemandes assurent une production de masse de potasse, d’engrais et de sel de déneigement à partir d’exploitations minières. Cette production transite par bateau ou par trains complets", remarque le directeur des opérations.

Ancienne unité de Solvay

Dans le bassin industriel de Dombasle-Varangéville, les activités du groupe allemand prospèrent à l’ombre des unités industrielles de Solvay et Novacarb-Seqens (carbonate et bicarbonate de soude) et de Groupe Salins (sel de table et de sel de déneigement). Les deux sites K + S, à savoir Dombasle Saline (60 personnes) et Dombasle Cérébos (66 personnes), y exercent des activités distinctes, mais complémentaires. Le premier assure la production de 200 000 tonnes de sel par an selon un procédé continu 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ses ateliers ont la particularité d’être accolés à l’usine Solvay, leur ancien propriétaire qui fournit l’énergie, la vapeur et la saumure, une solution dix fois plus concentrée en sel que l’eau de mer. Cette dernière est extraite du sous-sol par injection d’eau et pompage. Pour la petite histoire, le chimiste belge avait regroupé en 2001 ses activités mondiales dans le sel dans une filiale codétenue avec K + S. Il avait cédé sa part minoritaire trois ans plus tard à son partenaire allemand.

Une partie de la production de Dombasle Saline est conditionnée par Dombasle Cérébos sous forme de sel de table, mais aussi de sels régénérants pour lave-vaisselle. L’autre partie est commercialisée en vrac à l’attention des secteurs agroalimentaire et pharmaceutique (soluté de perfusion) ou transformé en pastilles à destination du traitement de l’eau. "Le segment du traitement de l’eau est en pleine croissance, notamment pour répondre au besoin du marché des piscines", commente Pascal Garcia, chef de production et des projets du site Dombasle Saline.

La seconde unité lorraine de K + S (Dombasle Saline) produit 200 000 tonnes par an de sel à partir de saumure — Photo : Philippe Bohlinger

Abaisser le bilan carbone

La décarbonation des deux sites de Dombasle-sur-Meurthe figure aujourd’hui parmi les priorités de K + S France. L’entreprise envisage d’utiliser un tiers de polyéthylène recyclé à l’horizon 2025 dans ses conditionnements. Dombasle Cérébos qui dispose de ses propres presses à injecter, cherche parallèlement "à substituer le carton au plastique pour les fonds de salières, ce qui implique un investissement de 800 000 euros", détaille Pascal Aubert, en charge de la production et des services techniques du site Dombasle Cérébos.

Mais la plus importante partie du gain en CO2 devrait provenir de la décarbonation de la ressource en vapeur. Les gigantesques évaporateurs en série de K + S requièrent en effet 700 kg de vapeur pour la production d’une tonne de sel. La transition énergétique de son fournisseur Solvay pourrait y contribuer. Le groupe mobilise 180 millions d’euros pour remplacer ses chaudières au charbon par des chaudières alimentées en déchets non recyclables ou combustibles solides de récupération (CSR). K + S explore néanmoins d’autres pistes, comme le précise Daniel Marques : "Notre bureau d’études planche sur l’opportunité d’investir dans un procédé de recompression mécanique de la vapeur. L’avantage serait double sur le plan environnemental. Cela abaisserait nos rejets en chlorures dans la Meurthe et réduirait considérablement nos besoins en vapeur, soit un gain de 20 000 tonnes de CO2 par an".

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