Moselle
Jean-Louis Petruzzi : « Menway est en recherche permanente de PME à racheter dans les RH »
Interview Moselle # Services # Ressources humaines

Jean-Louis Petruzzi fondateur et président du groupe Menway Jean-Louis Petruzzi : « Menway est en recherche permanente de PME à racheter dans les RH »

S'abonner

Dirigeant de Menway, un groupe messin spécialisé dans les RH, Jean-Louis Petruzzi vient de signer une nouvelle opération de croissance externe, en reprenant MacAnders. Déjà à la tête de 400 salariés, le Lorrain compte encore passer un cap, en frappant un grand coup à l’international.

Avant de créer Menway, Jean-Louis Petruzzi était à la tête de Pro Consultant, une entreprise spécialisée dans les RH, revendue en 2000, qui a culminé à 440 millions d'euros de chiffre d'affaires — Photo : © Jonathan Nenich

Le Journal des Entreprises : En décembre 2019, vous avez finalisé l’acquisition de 75 % du capital de la société parisienne MacAnders. Pourquoi avoir repris cette entreprise ?

Jean-Louis Petruzzi : Ayant son siège social à Paris et implantée à Lille, Strasbourg et Lyon, MacAnders est reconnue par ses clients comme un outsider de poids sur le marché du recrutement de cadres supérieurs en France. Avec des dirigeants jeunes, 60 collaborateurs, 7,3 millions d’euros de chiffre d’affaires et 1,5 million d’euros de résultat brut, cette acquisition rentre parfaitement dans notre stratégie de développement.

Celle-ci consiste à acquérir des compétences rares via des opérations de croissance externe. Nous sommes en recherche permanente de PME à racheter. Ce qui nous importe n’est pas la taille de l’entreprise, mais l’acquisition de savoir-faire ! Cela a, par exemple, été le cas à la rentrée 2019 avec Edgar People, un cabinet parisien de recrutement digital, qui réalise 3 millions d’euros de chiffre d’affaires. Je suis également très satisfait de nos acquisitions de NIM Europe et de MPI Executive dans le management de transition (Menway a repris 75 % du capital de ces deux sociétés parisiennes au printemps 2019, NDLR), car ce sont des compétences rares, là aussi !

Le fait que les dirigeants de MacAnders soient jeunes a-t-il pesé dans la balance ?

J.-L. P. : C’est une belle association, avec des dirigeants de 45 et 47 ans, qui vont partager l’histoire du développement du groupe, et plus seulement l’histoire de leur métier. Je recherche ce genre de profils.

« Comme dans le sport de haut niveau, chez Menway, il n’y a que le collectif qui compte, quelle que soit la qualité des individualités. »

Au-delà de la diversification de l’activité, la pérennité du groupe Menway, une entreprise que j’ai créée en 2002, est mon obsession. Nous employons 400 salariés permanents. C’est une responsabilité sociale. Il n’y a rien de pire qu’un dirigeant trop âgé et plus dans le coup. Je ne ferai pas le match de trop. C’est le respect qu’on doit aux salariés.

À nouveau, vous ne rachetez pas la totalité du capital de l’entreprise. Pourquoi ?

J.-L. P. : Depuis dix ans, Menway a fait l’acquisition d’une dizaine de sociétés pour monter en compétences et être en mesure d’offrir une réponse sur-mesure à l’ensemble des problématiques RH des entreprises. Nous accompagnons désormais les candidats pendant toute leur carrière professionnelle. Notre positionnement est inédit : nous sommes l’une des seules ETI indépendantes en France à avoir un tel spectre de prestations RH. Et tous nos dirigeants sont actionnaires.

Ainsi, les dirigeants de chaque PME écrivent l’histoire de Menway à mes côtés. Je fédère des entrepreneurs qui gardent leur statut d’entrepreneurs au service d’une cause commune : la stratégie du groupe Menway. Pour moi, c’est primordial. En faisant l’acquisition de la majorité du capital, nous protégeons la PME et la fédérons dans un projet global. Menway pèse presque 200 millions de chiffre d’affaires, ce qui confère de la visibilité et de la sécurité. Il n’y a que le collectif qui compte, quelle que soit la qualité des individualités. C’est comme dans le sport de haut niveau.

Quels sont les outils de Menway pour justement favoriser la fédération des PME acquises et encourager leur développement organique ?

J.-L. P. : Chaque PME est spécialiste dans son domaine. Elle conserve son budget et sa stratégie de croissance organique. Nous sommes un holding d’accompagnement et de conseil pour uniformiser l’administratif. Nous avons une réelle stratégie industrielle sur la problématique de la transversalité ! Chaque client nous connaît sur un métier RH : travail temporaire, management de transition, recrutement spécialisé dans tel ou tel secteur, conseil RH…

« Nous avons des possibilités de croissance organique incommensurables. »

L’objectif, c’est que le client de l’une de nos structures devienne le client des autres. Menway compte 3 700 clients, mais chacun d’entre eux nous connaît sur un métier, et pas sur les autres. C’est pourquoi nous travaillons à échanger de l’information commerciale, dans le but de réaliser de la mise en relation en interne et créer de la valeur supplémentaire. Nous sommes en train d’installer une base de données commune, des outils, comme un CRM commun, des réunions régionales, où nos différents métiers sont représentés par un expert. Nous avons des possibilités de croissance organique incommensurables.

Existe-t-il un marché dans les ressources humaines, dans lequel Menway n’est pas encore présent ?

J.-L. P. : Chez Menway, nous conjuguons performance et ambiance. Le bien-être au travail est aussi un relais de croissance. Nous sommes en discussion avec une entreprise spécialisée dans ce domaine-là. Cela pourrait déboucher sur une prise de participation.

Je suis persuadé que le bien-être au travail est un enjeu pour les entreprises dans les dix ans à venir. Cela découle de la digitalisation. Des métiers disparaissent, d’autres arrivent, ce qui créé de la tension chez les salariés et les managers intermédiaires. Les jeunes ne voient pas l’entreprise comme nous, les anciens. Notre job est d’accompagner, chez nos clients, ces managers.

Comment parvenez-vous à financer vos acquisitions ?

J.-L. P. : Menway peut s’appuyer sur des finances très saines : l’endettement groupe atteint 17 millions d’euros et nous pouvons compter sur 50 millions de fonds propres. Sur les disponibilités immédiates, afin de poursuivre nos croissances externes sans toucher aux fonds propres, nous disposons d’une enveloppe de 15 millions d’euros. Le groupe est aujourd’hui à la tête de 70 implantations, en France et au Luxembourg.

Il bénéficie aussi de l’entrée au capital, à hauteur de 21 %, de CM-CIC Investissement, filiale du groupe Crédit Mutuel. Ils sont arrivés en 2017 avec une enveloppe de 15 millions d’euros, pour booster notre croissance externe. Nous n’avons pas encore tout dépensé. Nous avons, par ailleurs, négocié, il y a quelques mois, avec notre pôle financier, une enveloppe de 17 millions d’euros.

L’international est-il un objectif pour Menway ?

J.-L. P. : C’est notre priorité. Nous recherchons des établissements dans des pays cibles : Belgique, Pays-Bas, Suisse, Espagne, Royaume-Uni… Le Brexit a créé une grosse mobilité sur les cadres dans la finance, donc des opportunités d’accompagnement pour nous. Ainsi, nous avons des réflexions d’implantation.

J’aimerais faire une opération de croissance externe à l’international en 2020, soit dans le management de transition, soit dans le recrutement de cadres. Pour cela, je m’appuie sur l’expertise de mes associés. Ce sont eux qui portent l’expertise sur leur métier. Je suis, quant à moi, un ambassadeur.

« Les entreprises et entrepreneurs lorrains doivent payer leurs charges ici ! Tout le monde ne peut pas partir au Luxembourg ou à Paris. »

Sous cinq ans, nous voulons doubler le chiffre d’affaires et je suis convaincu que cela passe par le développement à l’international. Je suis en négociations avancées avec une entreprise en Europe qui pèse 80 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ce serait un bond conséquent, qui nous ferait avoisiner les 300 millions d’euros. Là, nous aurions la taille et la dimension internationales.

Malgré vos acquisitions de PME parisiennes, vous avez fait le choix de conserver le siège social de Menway à Metz. Pourquoi ?

J.-L. P. : Je suis un entrepreneur régional, né à Hayange en 1954. Mon père a travaillé dans une mine de fer à Hayange. Les entreprises et entrepreneurs lorrains doivent payer leurs charges ici ! Tout le monde ne peut pas partir au Luxembourg ou à Paris. Cette région-là n’a pas été réindustrialisée comme elle aurait dû. Je vais à Paris trois fois par semaine. Mais je resterai ici !

Moselle # Services # Ressources humaines