« La transformation digitale s’est imposée d’elle-même parce qu’il y a eu la crise. Au sein de notre groupe familial d’un effectif de 200 personnes, basé à quelques kilomètres de Metz, nous ne manquions pas de travail mais nous ne devions pas nous reposer sur nos acquis. Lorsque la crise est arrivée, il a fallu optimiser. Pour ce faire, c’est l’organisation que nous devions changer : comment mieux gérer l’humain, mieux acheter, gagner du temps. Une évidence s’est imposée à moi : pour gagner du temps il faut modifier la méthode, et la seule option possible était le numérique. Notre activité principale est l’installation en chauffage-sanitaire, l’humain est donc au cœur de notre métier, du retour de nos clients, et donc de nos résultats. Pour que le travail soit bien fait, il faut donner des moyens aux salariés. Nous sommes donc partis d’une philosophie de nouveaux outils de travail, en accompagnant l’humain et en préparant toute son intervention en amont. Le salarié n’a plus qu’à réaliser le geste final, et c’est le numérique qui permet cela. Concrètement, aujourd’hui, le salarié a une application sur son smartphone, avec ses fiches d’interventions planifiées, les points GPS, avec des pièces jointes, les process, les diagnostics amiante par exemple. L’ouvrier doit prendre des photos avant et après intervention, des pièces utilisées. Tout est numérisé et accessible à la fois par le client, mais également auprès de nos services administratifs. »
« La transformation digitale a sauvé ma PME »
« Tout a commencé il y a environ cinq-six ans. Trois élèves ingénieurs à qui j’expose mon idée intègrent alors ma PME en stage de fin d’études. Ils ont créé une application qui répondait totalement à mes attentes. Ils soumettent alors la possibilité de commercialiser cette application, voyant son intérêt pour les entreprises du BTP, et c’est ainsi que la start-up 90Tech a été créée en 2014. Nous sommes associés à parts égales et aujourd’hui 90Tech commercialise l’application Solitech, possède un effectif de vingt personnes, a multiplié par cinq son chiffre d’affaires en 2016, et possède une cinquantaine d'entreprises clientes, soit 400 utilisateurs de Solitech. L’application évolue constamment et s’adresse désormais à tous secteurs d’activité, elle aide au pilotage d’équipes qui vont sur le terrain. La transformation digitale a sauvé ma PME. Au même moment nos quatre plus gros concurrents locaux ont déposé le bilan, parce qu’ils sont restés sur leurs acquis. Nous aurions eu le même destin si nous n’avions pas opéré ce virage du numérique. Ce changement dans notre organisation nous a même permis de réaliser nos meilleures années en pleine crise. Notre dernier chiffre d’affaires est de 25 millions d’euros, soit sur les cinq à six dernières années, un CA multiplié par deux. »
« Le numérique c’est la rigueur »
« Bien sûr, pour que cette transformation digitale soit efficace et nous apporte cette croissance, il a fallu tout d’abord apprendre aux salariés à penser numérique, leur faire comprendre que c’est un outil de travail. Nous avons donc réalisé de nombreuses formations, car la base du numérique, c’est la rigueur, si on n’est pas rigoureux cela ne marche pas. Le numérique nous a ouvert des facilités, nous a permis d’automatiser beaucoup d’éléments, mais également de reconsidérer chaque poste de travail, sur le terrain ou en interne. Aujourd’hui des jeunes qui sortent de l’école et intègrent notre entreprise ont un outil de travail numérique, ils sont ainsi autonomes rapidement. Les salariés sont responsabilisés, et nous pouvons également contrôler leur travail. La transformation digitale c’est un investissement sur le long terme, et surtout d’un état d’esprit qui a changé. Les gains en revanche, sont significatifs. Le ticket moyen a augmenté de 25%, pour une société de dépannage comme la nôtre c’est très important. Et de manière indirecte, nous avons monté en qualité, en communication avec le client, donc en image. Pour que les artisans s’en sortent, je pense que leur avenir passera inévitablement par le numérique. Au niveau des assurances, des règles de sécurité, ils n’ont pas le choix, pour le moindre problème on va leur demander un rapport, donc une remontée d’informations. Lorsque mon fils reprendra la PME par exemple, il pourra avoir accès à tous les chantiers, tous les historiques de la société en deux clics. Désormais, avec le numérique, l’entreprise écrit son histoire de A à Z. »
