Est-ce que les conséquences économiques de la première vague épidémique se font encore sentir pour le secteur du BTP en Moselle ?
Oui, nous rencontrons toujours des difficultés. La bonne rentabilité de nos entreprises en 2019 (environ 3 %) va en prendre un coup cette année. D’autant que les mesures sanitaires en vigueur entraînent une perte de temps et une perte de productivité. On la chiffre entre 8 et 10 %, ce n’est pas négligeable. La bonne nouvelle, c’est que la quasi-totalité des chantiers ont repris. La demande est forte, surtout chez les particuliers. À la suite du confinement, ils ont envie d’améliorer leur intérieur. Sur ce marché, nos entreprises ont une charge de travail relativement importante. En revanche, on note une forte baisse des permis de construire et le montant des marchés de travaux publics recule de 32 % dans le département. Cela nous inquiète beaucoup.
Et sur le front de l’emploi ?
L’emploi, lui, est stable. Nous n’avons pas licencié. Au contraire, nous avons du mal à recruter. Nous recherchons toujours près de 1 500 collaborateurs par an en Moselle. Près de 200 entreprises sont à la recherche d’apprentis. D’ailleurs, nous venons d’inaugurer une première antenne du CFA de Montigny-lès-Metz à Sarreguemines. On y enseigne la peinture, le carrelage et la plâtrerie. On envisage d’en créer une deuxième près de Sarrebourg.
Dans son plan de relance, l’État consacre plus de 7 milliards d’euros à la rénovation énergétique et à la construction durable. Est-ce à la mesure de vos attentes ?
C’est très positif car nous sommes directement concernés. Par exemple, nous prenons bonne note de l’élargissement de la prime Rénov’ pour les ménages, même s’il faudrait inclure les plus aisés. La rénovation énergétique des bâtiments représente un énorme marché pour le BTP et c’est vraiment rassurant pour la suite. Mais attention, la rénovation ne fait pas tout, il faut aussi construire du neuf. En Moselle, on note clairement une baisse des projets de logements et de bâtiments neufs. Quand on construit de A à Z, ce sont tous les corps du métier qui sont sollicités. Quand on rénove, il n’y en a qu’une partie.
Les collectivités locales sont-elles au rendez-vous ?
Oui, les enveloppes débloquées par le conseil départemental de Moselle ne sont pas négligeables : 162 millions d’euros pour la réfection des collèges, 75 millions pour le réseau routier et 125 millions pour les projets des collectivités. Cela représente un soutien à plus de 1 200 emplois dans le BTP mosellan. Je suis optimiste pour la suite mais il ne faut vraiment pas tarder à lancer les appels d’offres. Les carnets de commandes vont tenir jusqu’à la fin de cette année mais pour 2021, c’est une autre histoire. Tous ces millions annoncés, il faut les mettre dans l’économie et le BTP dès maintenant. La balle est dans le camp des collectivités.