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Fédération des commerçants de Metz : "Le troisième confinement est un nouveau coup de massue"
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Mathieu Chaudeur président de la Fédération des commerçants de Metz "Le troisième confinement est un nouveau coup de massue"

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Les nouvelles fermetures de commerces dits "non-essentiels" annoncées par Emmanuel Macron le 31 mars désespèrent la Fédération des commerçants de Metz, représentant plus de 2 000 boutiques. Son président Mathieu Chaudeur estime que ces dernières mesures sont "incompréhensibles" et "inefficaces".

Mathieu Chaudeur a été élu à la tête de la Fédération des commerçants de Metz le 10 décembre 2020 — Photo : Fédération des commerçants de Metz

Le président de la République a annoncé le 31 mars un troisième confinement national. De nouveau, les commerces dits "non-essentiels" doivent fermer dès le dimanche 4 avril. Comment réagissez-vous ?

Mathieu Chaudeur : On subit. Et encore une fois, nous n’avons pas notre mot à dire. Nous avons toujours fait appliquer les gestes barrière dans nos enseignes et nous voyons que cela ne suffit pas. Avec ce troisième confinement, on nous remet un coup de massue sur la tête et là encore, c’est au détriment du commerce physique.

Contrairement au premier confinement, les librairies, disquaires, salons de coiffure et magasins de plantes sont autorisés à ouvrir. Ce n’est pas le cas pour les boutiques de vêtements, de chaussures, de jouets ou encore de bijoux. Est-ce pertinent ?

Mathieu Chaudeur : Cette liste est irréelle. Le virus ne va pas s’arrêter de circuler comme ça. Les gens sont confinés mais ils sont confinés dehors, comme ils veulent. Cela n’a aucun sens ! Et ce n’est pas en fermant tous ces commerces qu’on va changer les choses. Depuis le départ, nous respectons toutes les mesures, nous avons le masque, nous prenons deux personnes au maximum dans un magasin de 70 m², nous nous lavons les mains vingt fois par jour et nous désinfectons en permanence. Qu’est-ce qu’on peut faire de plus ? À chaque fois, nous sommes le bouc émissaire. Aujourd’hui, le risque sanitaire est nettement plus important dans les grandes surfaces que chez les petits commerçants du centre-ville. Regardez dans les grands supermarchés, la concentration est hallucinante ! Fermer les petites boutiques, cela va créer encore plus de concentration dans les grandes enseignes et donc aggraver le problème. C’est incompréhensible. Nous l’avons déjà vécu avec le couvre-feu à 18 heures : les clients arrivaient tous en même temps sur les mêmes plages horaires.

Je crois qu’aucune des mesures prises jusqu’à maintenant n’a été satisfaisante. Ni pour les commerçants, ni pour les consommateurs, ni pour la baisse de la propagation du virus. On le voit aujourd’hui : on est dans une situation qui ressemble à l’année dernière. Un an après et malgré tous nos efforts, on se retrouve dans la même situation, dans une impasse.

Désormais, le gouvernement considère les librairies ou les fleuristes comme des commerces "essentiels". Est-ce un motif de satisfaction ?

Mathieu Chaudeur : Oui bien sûr, mais dans ce cas, pourquoi pas les autres ? Cette différenciation crée énormément de problèmes. Dans certains corps de métiers, on a des syndicats plus forts que dans d’autres, mais au final cela crée des différences et des tensions inutiles. Et les commerçants n’ont pas besoin de ça. Les restaurateurs sont confinés depuis un an. Beaucoup ont contracté des prêts garantis par l’État et se retrouvent dans une situation financière très difficile. Certains remettent leur vie personnelle en question, malgré les aides. Il y a ces aspects moral et social qui s’ajoutent à toutes les autres difficultés du moment. Les commerçants sont des "bosseurs" et ils ne voient pas le bout du tunnel.

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