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Face aux difficultés de recrutement, Hydro Leduc investit dans des machines situées dans un lycée
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Face aux difficultés de recrutement, Hydro Leduc investit dans des machines situées dans un lycée

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Freiné par des difficultés de recrutement, Hydro Leduc a décidé de prendre son avenir en main. Cette PME basée en Lorraine a investi plusieurs dizaines de milliers d'euros pour doter un lycée de machines à commande numérique et former ainsi de futurs techniciens d'usinage.

Les jeunes en Bac pro technicien d'usinage du lycée Boutet-de-Monvel se forment désormais sur des machines Haas à commande numérique, dont un centre d'usinage 5 axes à plus de 110 000 € — Photo : Jean-François Michel

Confronté à des difficultés de recrutement qui pèsent sur son développement, le fabricant de composants hydrauliques Hydro Leduc a décidé d'agir concrètement en injectant 60.000 € dans un parc de 6 machines à commande numérique de marque Haas, installé au lycée Boutet-de-Monvel, à Lunéville. Un pari sur la formation qui devrait permettre à la société basée à Azerailles (Meurthe-et-Moselle) de trouver plus facilement des techniciens d'usinage.

« Sur les 257 salariés employés chez Hydro Leduc, un tiers est affecté à l'usinage », détaille Bruno Joly, le directeur de la production d'Hydro Leduc. L'entreprise, qui réalisait l'an dernier 45 M€ de chiffre d'affaires, devrait boucler cet exercice sur près de 50 M€ : « Nous avons profité à plein de la reprise, mais nous avons été confrontés très rapidement à un manque de main-d’œuvre », souligne Bruno Joly. Là où les clients étaient habituellement livrés en six semaines, il a fallu jusqu'à 16 semaines pour que l'entreprise puisse honorer certaines commandes.

« Ces difficultés de recrutement ne sont pas nouvelles, la situation est la même depuis au moins 10 ans », rappelle le directeur de production, « mais cela pèse aujourd'hui fortement sur notre développement. J'ai aujourd'hui des machines qui ne sont pas exploitées à 100% faute de personnel... Si je pouvais recruter d'un claquement de doigt, il me faudrait cinq techniciens, tout de suite. »

Travailler sur l'image des métiers de l'industrie

Dans ces conditions, il n'a pas fallu beaucoup argumenter pour que l'équipe dirigeante d'Hydro Leduc décide de rejoindre le consortium public-privé qui a permis de rassembler 480 000 € pour équiper les ateliers du lycée Boutet-de-Monvel, et permettre de former au mieux les jeunes en Bac pro technicien d'usinage, afin de les rendre opérationnels au plus vite. Au passage, le fabricant de machine-outil américain Haas (CA : 1Md$), et la société meusienne qui les commercialise dans le Grand Est, Realmeca (CA : 28 M€), en ont profité pour transformer ces simples ateliers en HTEC, pour Haas Technical Education Center ou centre d’éducation technique Haas.

« Il y a huit HTEC en France et 130 en Europe », précise Simon Vanmaekelbergh, le coordinateur des partenariats éducatifs de Haas Europe. Une manière pour le fabricant de faire de la préconisation à moindres frais, mais aussi de resserrer concrètement les liens avec l'Education Nationale pour travailler sur l'image des métiers de l'industrie. Car la situation est la « même, partout en Europe », assure Simon Vanmaekelbergh. « C'est très facile d'acheter une machine, beaucoup plus compliqué de trouver quelqu'un pour la conduire. »

Pour le proviseur du lycée Boutet-de-Monvel, Eric Bogeat, « on peut dire qu'en rassemblant ce consortium public-privé, l'Education Nationale a fait son travail » : les 480 000 € investis pèsent en effet le quart du budget de la Région Grand Est alloué à l'équipement de l'ensemble des lycées de la région. Faire rentrer un partenaire privé et d'autres collectivités a permis de réduire la facture à 335 000 € pour la Région.

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