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Etap-Lab déploie sa stratégie pour changer de dimension
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Etap-Lab déploie sa stratégie pour changer de dimension

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Installée sur le Technopôle de Nancy-Brabois, Etap-Lab se pose en consolidateur de son marché des services de recherche biomédicale pour l'industrie pharmaceutique, et vise les 9 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 4 ans. Pour atteindre son objectif, la société va notamment investir 5 millions d'euros dans un nouveau bâtiment.

Nicolas Violle, le PDG d’Etap-Lab, devrait pouvoir atteindre les 9 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 4 ans grâce notamment à 5 millions d’euros d’investissement dans un nouveau bâtiment — Photo : Jean-François Michel

Au niveau mondial, le marché grossit à toute vitesse : évalué à 44 milliards de dollars en 2021 par le cabinet d’étude Mordor Intelligence, l’activité de l’ensemble des organismes de recherche préclinique sous contrat devrait atteindre plus de 66 milliards de dollars en 2027. Les géants de la pharmacie utilisent de plus en plus le savoir-faire de ces sociétés : une évolution qui n’a pas échappé à Nicolas Violle, le PDG d’Etap-Lab.

Depuis son siège de Vandœuvre-lès-Nancy, sur le Technopôle de Nancy Brabois, le dirigeant veut s’accrocher à la dynamique mondiale et vise les 9 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 4 ans, avec un effectif qui doit passer de 30 à 90 salariés. En 2022, Etap-Lab a réalisé 2,4 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 90 % à l’export, et les 30 % de croissance organique attendue devront permettre de viser les "4,5 millions de chiffre d’affaires à la fin 2023", assure Nicolas Violle.

Un secteur à consolider

Mais la stratégie de développement repose aussi sur des opérations de croissance externe : le PDG d’Etap-Lab finalise actuellement le rachat d’une société de recherche sous contrat, un CRO (Contract Research Organization) basé à Marseille. "Avec cette acquisition, nous allons faire de la différenciation horizontale", détaille Nicolas Violle, qui préfère rester discret sur le nom de l'entreprise rachetée. "Nous travaillons beaucoup dans les domaines de la neurologie et de la cardiologie, ils sont plutôt orientés sur la cardiologie et les poumons."

Cette cible ne sera pas la dernière : "Autant à l’étranger, la consolidation du secteur a déjà eu lieu, en France, il y a beaucoup de petits CRO, issus de la recherche académique, avec un savoir-faire extraordinaire, mais qui ne sont pas passé à l’étape d’après", souligne le PDG d’Etap-Lab, qui compte aussi sur son acquisition dans le Sud pour travailler avec des sociétés pharmaceutiques basées en Italie et en Espagne, quand Etap-Lab travaille essentiellement "sur l’axe Rhénan, des Pays-Bas à la Suisse".

Après cette acquisition, Nicolas Violle va s’attaquer à un nouveau sujet : la dermatologie : "D’un point de vue stratégique, ça me semble plus pertinent d’aller chercher une entreprise qui a déjà des compétences en matière de culture cellulaire, que de les redévelopper chez nous".

Une "grosse partie" sur fonds propres

Très contraint par la place nécessaire pour mener des recherches, le dirigeant lorrain peut se permettre de lancer cette stratégie de croissance car il va disposer, dès 2024, d’un nouveau bâtiment de 1 800 m2, à Chavigny, dans la zone de Brabois Forestière, à proximité immédiate du Technopôle de Nancy-Brabois. "C’est un investissement de 5 millions d’euros, dont une grosse partie est portée sur fonds propres", détaille Nicolas Violle. Un montant qui s’explique par la rigueur des normes : "Le système de ventilation du bâtiment, à lui tout seul, coûte 500 000 euros."

Le 12 avril dernier, le dirigeant d’Etap-Lab a posé la première pierre d’un futur laboratoire de 700 m2 basé à Caen, en Normandie, destiné à héberger ses services de recherche spécialisés dans l’évaluation des traitements des accidents vasculaires cérébraux. Un investissement de 2 millions d’euros, qui doit encore renforcer Etap-Lab dans son changement de dimension.

Les dirigeants d’Etap-Lab et de Netri, Nicolas Violle et Thibault Honegger (au centre), ont présenté des organes sur puce aux élus locaux, Christophe Choserot, Emmanuel Lacresse et François Werner — Photo : Jean-François Michel

En parallèle de la stratégie de croissance externe et des investissements dans l’immobilier, le dirigeant d’Etap-Lab s’attache aussi à "préparer l’avenir" en prenant position dans la "compétition internationale visant à toujours disposer de la dernière méthodologie". Dans ce domaine, Nicolas Violle travaille depuis un an et demi avec Thibault Honegger, le fondateur et dirigeant de Netri. La start-up, basée à Lyon, emploie 49 salariés et devrait atteindre cette année le million d’euros de chiffre d’affaires en mettant sur le marché des organes sur puce, ces cultures de cellules in vitro réalisées dans des dispositifs 3D.

Ensemble, Netri et Etap-Lab viennent de remporter l’appel à projets "Innovations en biothérapies et bioproduction" du plan France 2030, pour leur projet appelé Bio-Diamond. Doté de 5 millions d’euros sur trois ans, dont 55 % apportés par les deux entreprises, ce projet vise à trouver des traitements contre des maladies neurodégénératives telles que les maladies d’Alzheimer, de Parkinson ou encore la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot.

Un modèle à industrialiser

"Actuellement, il n’existe aucun traitement", rappelle Thibault Honegger. Concrètement, Netri va fournir un organe sur puce reproduisant un cerveau sain, quand Etap-Lab veut arriver à induire une maladie puis tester des candidats médicaments. "Il reste quelques barrières à franchir, mais nous y sommes presque", assure Nicolas Violle, qui estime que le niveau de maturité (TRL) de cette technologie innovante est de "6 voire 7", quand un niveau à 10 témoigne d’une mise sur le marché.

Pour le PDG d’Etap-Lab, un des gros défis consiste notamment à "industrialiser ce modèle, pour le rendre rapide, répétable et optimisé pour les applications industrielles", soit exactement les exigences des futurs clients, les géants de la pharma. "L’objectif, c’est de mettre un modèle Alzheimer sur le marché dans un an", résume le dirigeant de Netri. Ensemble, les deux sociétés se donnent deux ans pour faire de même avec la maladie de Parkinson et trois ans pour la maladie de Charcot.

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