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En forte croissance, VD Industry investit pour sa productivité et sa démarche RSE
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En forte croissance, VD Industry investit pour sa productivité et sa démarche RSE

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Fabricant de menuiseries vitrées protégeant du feu, des balles et des effractions, VD Industry n’a jamais eu autant de perspectives d’activité. Pour aborder ce virage historique, l’entreprise vosgienne investit pour produire plus et plus vite. Sans oublier ses engagements sociaux et environnementaux.

VD Industry emploie 45 personnes mais au vu de ses besoins de main-d’œuvre, l’entreprise vosgienne pourrait rapidement dépasser les 50 salariés — Photo : Lucas Valdenaire

"En dix ans, je n’ai jamais vu ça". Arrivée en 2012 chez VD Industry, Laura Ferry n’a plus vraiment le temps de souffler. L’adjointe de direction, responsable commerciale et marketing du fabricant vosgien de menuiseries vitrées de sécurité assure que la poussée de croissance de la PME est sans précédent. Fondée en 2003 par son père Gabriel Ferry (président) et dirigée par son frère Emmanuel Ferry (directeur général), l’entreprise familiale installée à Saint-Michel-sur-Meurthe affichait 12 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019. Malgré l'impact du Covid, elle en prévoit 10 % de plus en 2021 et pour la suite, les perspectives s'annoncent plus que prometteuses.

La raison ? Une cascade inédite de nouvelles commandes et de très gros chantiers en cours à l’image de la spectaculaire tour Hekla à Paris. "Nous connaissions déjà des frémissements d’activité avant l’arrivée du Covid mais aujourd’hui nous croulons sous les projets, déclare Laura Ferry. J’ai l’impression qu’on n’arrête jamais. Nous sommes à un tournant de la vie de l’entreprise." Une entreprise de 45 salariés qui peut compter sur sa société sœur de fourniture et de pose Pyrométal créée en 2014 (20 salariés) et sur ses actionnaires : la famille Ferry (majoritaire), un corpus de cadres dirigeants, Bpifrance, le fonds d’investissements lorrain ILP et plusieurs investisseurs privés.

Effet de rattrapage et nouvelles normes

Pourquoi un tel soubresaut post-confinements pour ce fabricant de portes et fenêtres protégeant du feu, des balles et des effractions ? "Nous travaillons essentiellement sur les marchés publics et tous les types de bâtiments recevant du public comme les hôpitaux, les gares, les lycées et les parkings, précise l’adjointe de direction. Alors que de nombreux chantiers étaient encore bloqués avant le Covid, tout est en train de se décanter en même temps. La preuve avec la nouvelle campagne de réhabilitation des casernes françaises ou des 470 groupes scolaires de Marseille. Sans oublier les JO 2024 et le Grand Paris, deux projets nationaux qui avaient pris énormément de retard et qui repartent de plus belle. Nous y avons plusieurs chantiers sur le long terme. Nous espérons simplement que cet élan ne sera pas freiné par l’élection présidentielle. Parfois, c’est le cas dans une période politique compliquée."

Un sursaut d’opportunités qui se matérialise dans les derniers chiffres publiés par le ministère de la Transition écologique. Entre octobre 2020 et septembre 2021, les autorisations (+4,8 %) et les mises en chantier (+2 %) de locaux non résidentiels ont effectivement connu une hausse significative. Ces dernières ont été largement portées par l’artisanat (+18 %), les bureaux (+13 %) et les services publics ou d’intérêt collectif (+5 %), au cœur de l’activité de VD Industry. Sur le front de l’entretien-rénovation, la Capeb a même enregistré un record de croissance au deuxième trimestre 2021 (+42 %). Sur le troisième (+5 %), ce sont les métiers de la menuiserie et de la serrurerie qui ont enregistré la plus forte dynamique (+4,5 %). Avec ses portes et fenêtres, l’entreprise vosgienne n’a jamais été aussi bien placée. Sans compter le renforcement régulier des réglementations liées à la sécurité des bâtiments qui soutiennent, de fait, le carnet de commandes de la PME vosgienne. La dernière évolution date de 2017 avec l’entrée en vigueur du marquage CE sur sa gamme Pyrotek de menuiseries vitrées résistantes au feu. De quoi lui ouvrir en grand les portes de la zone économique européenne.

Recrutements et investissements

Cet horizon prometteur pousse la direction à revoir ses ambitions à la hausse et à développer, notamment, une véritable stratégie à l’international. La société qui réalise près de 20 % de son chiffre d’affaires à l’export (en grande partie dans les territoires d’outre-mer, au Maghreb, en Suisse, en Allemagne et en Belgique) vise désormais plus loin et espère conquérir de nouveaux marchés, notamment en Europe de l’Est. Sans oublier ses clients historiques du second œuvre que l’entreprise lorraine a décidé de choyer en créant son propre Club Partenaires. "L’idée est de les aider à répondre à des projets possédant une prescription vitrée feu pour agir en tant que partenaire à leurs côtés et ainsi décrocher le chantier ensemble," lit-on dans un communiqué publié en juin 2021. Les objectifs sont affichés : remporter de nouveaux appels d’offres tout en fidélisant les bons clients. "Nous sommes spécialisés dans des produits résistant au feu, aux effractions et aux balles, rappelle Laura Ferry. Et souvent, ce sont des choses qui font peur aux clients. Avec ce club, nous proposons de les former à ces produits spécifiques. Des produits qu’ils n’achètent pas par plaisir mais par obligation."

VD Industry fabrique des menuiseries, portes et fenêtres coupe feu pare-flamme, anti-effraction et pare-balles — Photo : Lucas Valdenaire

Pour consolider sa marche en avant, VD Industry n’oublie pas de recruter. L’entreprise aux 45 salariés vient d’embaucher trois nouvelles personnes au sein de son service commercial et entend accentuer le mouvement. "En plus des personnels intérimaires, nous recherchons trois personnes à l’atelier en CDI, un chargé d’études et un assistant responsable de production pour un projet de passage en 2x8. Nous allons vite être une cinquantaine." Encore faut-il trouver la main-d’œuvre qui fait actuellement défaut à de nombreux industriels. "Nous avons toujours connu des difficultés de recrutements mais nous sommes dans une démarche RSE particulière, tient à souligner Laura Ferry. Nous avons un système de management transversal qui se rapproche de l’entreprise libérée et nous recrutons d’abord sur la motivation."

Fondée en 2003 en Alsace, VD Industry a déménagé à Raon-l’Étape en 2008 avant de s’installer définitivement à Saint-Michel-sur-Meurthe en 2010 — Photo : Lucas Valdenaire

Préserver l’eau et le papier

Pour accompagner cette poussée de croissance, il faut de la main-d’œuvre, mais aussi des machines. C’est pourquoi VD Industry prévoit d’investir 800 000 euros dès 2024 pour automatiser une partie de sa chaîne de thermolaquage, réduire les temps morts et ainsi améliorer la productivité. La société vosgienne s’est offert en janvier 2020 un quatrième centre d’usinage à 100 000 euros et travaille actuellement sur un projet de digitalisation de l’atelier via un logiciel de gestion de la production assistée par ordinateur (GPAO). Ce dernier devrait être opérationnel début 2022. "L’objectif est de faire gagner du temps à ceux qui produisent et à ceux qui analysent les informations, détaille Laura Ferry. En clair, nous voulons collecter les données plus facilement pour éviter les erreurs et le post-traitement inutile. Les collaborateurs qui font toutes ces tâches de saisies pourront être affectés à d’autres missions plus intéressantes."

Recyclage, objectif zéro papier, préservation de l’eau : l’adjointe de direction Laura Ferry tient à rappeler les engagements environnementaux de sa société — Photo : Lucas Valdenaire

De quoi réduire davantage l’impact environnemental de l’entreprise lorraine puisque la démarche s’inscrit dans un objectif zéro papier. En plus du bois, VD Industry tient à ne pas gaspiller une autre ressource naturelle chère aux Vosgiens : l’eau. En ce sens, l’installation d’un deuxième évaporateur à 300 000 euros est envisagée au premier trimestre 2022. "Notre machine de thermolaquage est associée à un évaporateur, détaille l’adjointe de direction. L’eau propre est tirée de l’extérieur pour faire le lavage nécessaire avant d’être déversée dans une cuve. Elle passe alors dans l’évaporateur et les résidus non traités sont récupérés chez nos voisins Est Argent (société spécialisée dans le traitement des déchets artisanaux et industriels, NDLR). Mais avec le surplus actuel de production, nous avons besoin d’un deuxième évaporateur." Représentante de l’entreprise au sein de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) en Lorraine, Laura Ferry assure travailler au retour de l’industrie sur le devant de la scène économique : "Nous voulons changer cette image de gros pollueur. Par exemple, les factures et l’envoi des bulletins se font par Internet. Cela ne paraît rien, mais ce sont des projets lourds à mettre en place. Et tout est pensé de A à Z pour que la production soit aussi dans cet élan."

Hausse des prix des matières premières

VD Industry dispose à Saint-Michel-sur-Meurthe de 7 200 m² de surface de production (hors bureaux) et d’un bâtiment de stockage de 1 200 m², le tout sur un terrain de trois hectares — Photo : Lucas Valdenaire

Un retour en force de l’industrie aujourd’hui freiné par les pénuries et la hausse des prix des matières premières. Consommateur d’aluminium, d’acier ou encore de PVC, VD Industry n’y échappe pas. "Nous sommes touchés à 3 000 %, alerte Laura Ferry. Nous sommes des industriels, nous ne faisons pas de grosses marges, nous ne pouvons donc pas prendre ces hausses à notre charge. Nous n’avons pas d’autre choix que de répercuter, comme le font nos fournisseurs et nos clients. Mais le problème est qu’en bout de chaîne, le propriétaire n’aura plus forcément les budgets. Et nous nous battrons avec plus de monde sur moins de chantiers." Seule éclaircie : le fabricant vosgien peut compter sur son bâtiment de 1 200 m² dédié au stockage des matières premières pour éviter tout problème d’approvisionnement : "Nous avons la chance d’être Vosgiens car, contrairement à d’autres confrères en France, la surface au mètre carré n’est pas très chère dans le département. Nous pouvons donc nous permettre de stocker." En plus de son atelier de 7 200 m², l’entreprise dispose d’un terrain de trois hectares, propice à ses nouveaux rêves de grandeur. "Actuellement, nous n’avons pas de projets d’extension mais si cela arrive un jour, quoi qu’il arrive, nous resterons à Saint-Michel-sur-Meurthe."

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