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Econick extrait des métaux grâce aux plantes
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Econick extrait des métaux grâce aux plantes

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Tirant son savoir-faire de la dépollution des friches sidérurgiques en Lorraine, la start-up Econick veut aujourd'hui multiplier les débouchés pour ses « biominerais ».

Le savoir-faire d’Econick est issu des connaissances en dépollution des friches sidérurgiques — Photo : © Philippe Bohlinger

La start-up Econick extrait le nickel contenu dans les sols contaminés ou naturellement riches en métal grâce à des plantes "hyperaccumulatrices". Cofondée en 2016 à Nancy par six chercheurs lorrains, elle accélère dans le déploiement de son procédé à l’échelle industrielle. « Certaines espèces végétales captent les métaux par leurs racines et les stockent dans leurs feuilles. Nous les mettons en culture, organisons la récolte, le broyage, puis leur incinération, en vue d’obtenir des cendres concentrées jusqu’à 25 % en nickel », résume Kévin Siebert, le directeur du développement d’Econick. Son savoir-faire est issu des connaissances acquises en Lorraine dans la dépollution des friches sidérurgiques.

Pour augmenter ses rendements, la jeune pousse, passée par l’Incubateur lorrain, a franchi un double palier au premier semestre 2018. Le premier est géographique. Le précieux métal était jusqu’à présent extrait en Albanie sur une parcelle de 2 hectares par nature riche en nickel, en partenariat avec l’université de Tirana.

Exploitation en Malaisie

Afin d’intensifier sa production, Econick travaille désormais sur 1,5 ha en Malaisie. « La culture de plantes tropicales hyperaccumulatrices va nous permettre de faire des récoltes tous les deux ou trois mois, à l’image des plantations de thé. Par ailleurs, la collaboration avec des chefs de village locaux nous donne accès à d’importantes surfaces foncières », détaille le directeur du développement. Le rendement de la production pourrait ainsi décoller de 110 à 500 kg de métal par hectare.

Le second palier est technologique. Le procédé issu du Laboratoire "Réaction et génie des procédés" (Université de Lorraine, CNRS) et du Laboratoire "Sols et environnement" (Université de Lorraine, Inra) permet d’extraire le métal pur des cendres. Ce process demeurant assez coûteux, Econick a testé l’utilisation directe de ses cendres vingt fois plus concentrées en nickel qu’un minerai traditionnel.

Ainsi, le minerai brut biosourcé pourrait remplacer, à moindre coût, le nickel affiné utilisé dans les aciéries électriques. Un test industriel s’est déroulé avec succès cet été en France avec quelques kilos.

Collection Daum

Dans l’industrie du verre, plusieurs essais confirment la possibilité de substituer le biominerai aux oxydes métalliques utilisés pour colorer la matrice verrière. Le biominerai d’Econick va ainsi donner sa couleur grise à une pièce de la prochaine collection Daum.

Pour passer à l’échelon supérieur, l’entreprise de 3 salariés (CA non communiqué), compte réaliser un premier démonstrateur sur 20 ha. Elle procède, pour ce faire, à une ouverture de capital qui devrait se clôturer mi-2019.

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