Des dirigeants lorrains dans la rue pour obtenir la réouverture des commerces
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Des dirigeants lorrains dans la rue pour obtenir la réouverture des commerces

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Touchés par les fermetures décrétées depuis le reconfinement, des dirigeants et des commerçants lorrains s’organisent pour faire entendre leur voix et obtenir la réouverture de leur outil de travail. Appels à manifester et autres courriers aux préfets parviennent pour l’instant à contenir la colère.

Plusieurs mouvements de dirigeants d'entreprise et de commerçants s’organisent un peu partout en Lorraine pour obtenir la réouverture des commerces — Photo : © Jean-François Michel

« Les aides, on s’en fout. Ce qu’on veut, c’est travailler. » Pour le président de la CPME de Meurthe-et-Moselle, Franck Bersauter, l’heure n’est plus à interpeller poliment les pouvoirs publics : « Il faut rouvrir les commerces maintenant », insiste le chef d'entreprise, qui ira porter cette revendication le 23 novembre à 14h45, sur la place Charles III à Nancy, entouré d'autres dirigeants.

« Oui il y a de la colère, mais c’est la colère latente de gens qu’on empêche de travailler depuis trop longtemps », estime Franck Bersauter. Le mouvement est soutenu par le Medef de Meurthe-et-Moselle, qui « croit pleinement à l’esprit de responsabilité et à l’intelligence collective des chefs d’entreprise et des citoyens. En effet, les entreprises, au premier rang desquelles les commerçants, ont prouvé lors du déconfinement qu’ils savaient adapter leur activité pour garantir la sécurité sanitaire de leurs clients », détaille dans un communiqué Gilles Caumont, le président du Medef 54.

Des commerçants qui s’estiment « punis »

Dans tous les mouvements de dirigeants et de commerçants qui s’organisent un peu partout en Lorraine pour obtenir la réouverture des commerces, l’argument revient sans cesse : « Nous savons faire respecter avec exigence les règles de sécurité sanitaire », écrit Thierry Ghezzi, le président de l’association des commerçants du centre commercial Muse, au préfet de Moselle. Le président de l’Union des entreprises de Moselle, Jean Poulallion, estime pour sa part qu’il n’existe « aucune information statistique précise selon laquelle le commerce serait générateur de contamination ».

Même son de cloche chez Franck Bersauter, qui rappelle que « tout a été mis en place dans les commerces : du gel hydroalcoolique, l’obligation du port des masques, les gestes barrière… Et les commerçants sont tout de même punis ? ». Une mesure qui passe d’autant plus difficilement que les commerçants ne « peuvent accepter qu’Amazon, malgré les déclarations martiales du gouvernement, puisse continuer à réaliser les chiffres d’affaires qui nous permettraient de survivre », affirme Thierry Gezzi.

L’UE 57 a formulé un ensemble de demandes précises visant à baliser le chemin vers la réouverture des commerces, un plan d’action que l’Union entend faire connaître en appelant à manifester le 20 novembre, à partir de 10h, place de la Préfecture à Metz. « Les maires de Moselle sont invités à prendre des arrêtés qui autoriseront les commerçants à ouvrir leurs magasins. Ces arrêtés seront cassés par le Préfet, mais ce sera autant d’oxygène pour les commerçants », défend Jean Poulallion, qui veut obtenir dès maintenant une date de réouverture : « Repousser de 15 jours en 15 jours une décision, ce n’est pas correct », estime le président de l’UE 57.

Des dégâts psychologiques

La date du 27 novembre était dans tous les esprits comme celle de l’opération commerciale dite du « Black Friday », menée par les plateformes de e-commerce. Les commerçants locaux veulent désormais en faire celle de la réouverture : « En ouvrant le 27 novembre, c’est donner quelques jours et des chances de survie de plus à des commerces exsangues parmi lesquels les liquidations s’enfilent comme des perles autour du collier de la faillite », indique le président de l’association des commerçants du centre commercial Muse. « Des dégâts, il y en a déjà et il y en aura encore dans les entreprises », affirme Franck Bersauter, qui s’inquiète aussi de « l’état psychologique » de certains commerçants installés pourtant de longue date.

Le président de la CPME 54, qui indique trouver une oreille attentive auprès des élus locaux, s’interroge sur la posture affichée par le Premier ministre Jean Castex : « Il a été présenté comme un homme proche des territoires et, aujourd’hui, il impose des mesures générales venues d’en haut ». Pour Franck Bersauter, le salut viendra au contraire de mesures « prises au cas par cas, en fonction de la circulation locale du virus ». Une urgence dans une région frontalière où il est aujourd’hui possible de changer de pays pour faire ses courses sans se faire inquiéter.

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