Coronavirus : l'économie du Grand Est est-elle plus impactée par l'épidémie ?
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Coronavirus : l'économie du Grand Est est-elle plus impactée par l'épidémie ?

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Durement touchée sur le plan sanitaire par l’épidémie de Covid-19, la région Grand Est sera aussi frappée de plein fouet par la crise économique. Mais, pour l'instant, les entreprises de la région ne semblent pas plus impactées que les autres entreprises françaises.

Dans le Grand Est, l’industrie est le premier secteur utilisant l'activité partielle, avec près de 145 000 salariés concernés — Photo : © UIMM

Région comptant parmi les plus touchées par l’épidémie de coronavirus, le Grand Est ne semble pas plus impacté sur le plan économique. C’est ce que tendent à montrer les premiers indicateurs sur l'économie régionale, qui restent à manier avec précautions : l’activité baisse dans la région dans les mêmes proportions que dans le reste de la France et les entreprises ne semblent pas plus avoir recours aux dispositifs d'aide mis en place par le gouvernement.

Une activité très fortement ralentie

Dans le Grand Est, l’économie tourne depuis le 17 mars aux deux tiers de son rythme normal. Les données rassemblées par la Banque de France montrent que la perte d’activité économique sur une semaine type de confinement est estimée à -33 % dans le Grand Est par rapport à une période d’activité normale. Cela veut dire que le ralentissement économique affecte de la même manière le Grand Est que le reste de la France. « Si l’on regroupe tous les secteurs marchands, l’industrie manufacturière, la construction et les services marchands non financiers (qui représentent ensemble 55 % du PIB), la perte d’activité représente environ la moitié du niveau normal », notent les services de la Banque de France. Autre indicateur très inquiétant : « Les déclarations d’échéances impayées à fin mars ont été multipliées par trois par rapport à un mois habituel », dévoile la Banque de France, montrant par là que la situation des trésoreries des entreprises est très fortement dégradée.

Un recours massif à l’activité partielle

D’après les dernières données compilées par la Direccte dans le Grand Est, au 16 avril, « 68 787 établissements ont déposé une demande d’activité partielle pour plus de 681 000 salariés et près de 293,5 millions d’heures ». Concrètement, l’État paie aujourd’hui la moitié des salariés du secteur privé dans le Grand Est. Là encore, le niveau est comparable à celui constaté dans l’ensemble du territoire français. Trois départements totalisent 56 % des demandes de la région et 58 % des effectifs salariés et des volumes d’heures demandés : « Le Bas-Rhin (16 363 établissements), le Haut-Rhin (10 691 établissements) et la Moselle (11 511 établissements) », précisent les services de la Direccte. L’industrie reste le premier secteur concerné, avec « 24 % des salariés placés en activité partielle en région (près de 145 000) », suivi de la construction et de l’hébergement-restauration. « Le coût estimé pour le Grand Est à ce jour s’élève à 900 millions d’euros », précise la préfecture de Région dans un communiqué.

Report des paiements des échéances sociales et fiscales

À situation inédite, mesure inédite : « Les finances publiques, tout comme l’Urssaf, accordent des reports d’échéances des impôts des entreprises à l’exception du remboursement par les entreprises de la fiscalité dont elles assurent la collecte : TVA et prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu », précise la Direction régionale des finances publiques, qui indique que « les entreprises peuvent déposer des demandes de remises d’impôts directs ou des demandes d’étalement ou de report des dettes fiscales ». Dans le Grand Est, au 16 avril, 5 617 demandes ont été déposées et 4 108 accordées pour un montant de 110 M€. Cette proportion n’apparaît pas très élevée par rapport à ce qui se passe ailleurs en France. Bien au contraire. Début avril, le ministère de l’Économie indiquait que l’Urssaf et les Finances publiques avaient consenti à des reports de charges fiscales et sociales pour un total de 6,9 milliards d’euros pour l’ensemble des entreprises du territoire. La part du report de charges demandé par les entreprises du Grand Est ne s’élève donc à moins de 2 % du montant demandé par l’ensemble des entreprises françaises.

Fonds de solidarité pour les TPE, les indépendants et les micro-entrepreneurs

Destiné aux entreprises de 10 salariés au plus, sans droit d’accueillir du public et subissant des pertes de chiffre d’affaires d’au moins 50 % en mars ou avril 2020 par rapport à la même période en 2019, le fonds de solidarité pour les TPE, les indépendants et les micro-entrepreneurs, doté de 7 milliards d’euros, a permis à 34 381 entreprises du Grand Est de percevoir 45,55 millions d’euros pour un montant moyen de 1 325 €. Au niveau national, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, indiquait le 21 avril que le fonds avait déjà versé 937 millions d’euros, pour 1 088 000 demandes et 703 355 aides accordées. Moins de 5 % du montant accordé par ce fonds est donc pour l’instant fléché vers les entreprises de la région Grand Est.

Médiation du crédit

Outil permettant aux entreprises de ne pas rester seules face à des difficultés de financement, comme un refus opposé par une banque, la médiation du crédit a été saisie 142 fois dans le Grand Est, soit 5 % des saisines enregistrées au niveau national : « 90 % correspondent à des demandes de très petites entreprises pour des encours de moins de 50 000 € », note la Banque de France. La flambée des demandes semble déjà très nette : l’institution a indiqué dans un communiqué, mi-avril, qu’au niveau national, qu’au « cours du seul mois de mars, 731 entreprises ont été éligibles à la médiation du crédit, ce qui représente 70 % des demandes de médiation traitées au cours de toute l’année 2019 ».

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