Meurthe-et-Moselle
Coronavirus - Lagarde Meregnani : « Une reprise des chantiers du BTP au cas par cas »
Témoignage Meurthe-et-Moselle # BTP

Coronavirus - Lagarde Meregnani : « Une reprise des chantiers du BTP au cas par cas »

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Arnaud Tisserand, le dirigeant de Lagarde Meregnani, entreprise de second œuvre basée en Meurthe-et-Moselle, estime que les conditions de la reprise de l'activité de sa PME ne sont pas rassemblées : la publication du guide des préconisations n'y a rien changé, la sécurité sanitaire des salariés n'est pas garantie.

« Beaucoup de clients s'étaient imaginé que la publication du guide serait comme un bouton "on". Mais c'est beaucoup plus compliqué que ça », estime Arnaud Tisserand, le dirigeant de Lagarde et Meregnani — Photo : © Jean-François Michel

« Nous étudions au cas par cas la possibilité de reprendre les chantiers. Mais aujourd’hui, nous ne sommes pas capables de respecter les préconisations, ne serait-ce que sur un point essentiel : les masques. Nous n’avons aucun masque, aucune protection, rien. Nous avons tout donné. » Pour le dirigeant de l'entreprise de second œuvre Lagarde Meregnani (CA : 40 M€ ; 200 salariés), Arnaud Tisserand, la publication du guide des préconisations par l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP), dans la soirée du 2 avril, est loin de permettre de reprendre le chemin des chantiers.

Des chantiers qui peuvent attendre un mois ou deux

Le 17 mars, suite à un comité social et économique, le groupe Lagarde Meregnani, basé à Maxéville en Meurthe-et-Moselle, spécialisé dans la finition du bâtiment pour les professionnels et les particuliers, avait décidé de « la mise en place d’une mesure d’activité partielle entraînant l’arrêt total des chantiers jusqu’à nouvel ordre ». Arnaud Tisserand avait alors indiqué qu’il plaçait la « santé de ses salariés » comme sa préoccupation numéro un. Une position qui n’a pas bougé.

« Beaucoup de clients s’étaient imaginé que la publication du guide serait comme un bouton "on". Mais c’est beaucoup plus compliqué que ça », estime Arnaud Tisserand. « Les chantiers sont une chaîne économique avec différents intervenants, et il faut que l’ensemble des intervenants ait la capacité de reprendre l’activité pour pouvoir continuer les chantiers », détaille le dirigeant. Aligné sur la position de la fédération du BTP, Arnaud Tisserand souligne que le « bâtiment est capable d’assumer les tâches urgentes et essentielles au fonctionnement d’un hôpital, par exemple. Par contre, je pense que la majorité des chantiers peuvent attendre un mois ou deux, le temps qu’on retrouve des conditions sanitaires optimales pour tout le monde ».

« Je ne suis pas médecin »

En suivant les recommandations du guide publié par l’OPPBTP, la fédération du BTP de Meurthe-et-Moselle a calculé qu’il ne faudrait pas moins de 800 000 masques sur un mois pour que les entreprises du département puissent reprendre leurs activités. « Et nous avons des commandes de masques en souffrance depuis plus de deux mois », indique Arnaud Tisserand.

Loin de fournir une méthode pour reprendre l’activité dans le BTP, la « check list » inclue dans le guide a soulevé de nouvelles questions : « On nous demande de faire des questionnaires de santé : ça n’est pas de la responsabilité du chef d’entreprise de valider l’état de santé d’un de ses salariés. Je suis incapable de dire si mes salariés sont aptes, je ne suis pas médecin », insiste Arnaud Tisserand. « On nous demande dans le guide de nettoyer les bases de vie 4 à 5 fois par jour, mais qui prend en charge tout ça ? »

Se refusant à estimer la date de la reprise, le dirigeant de Lagarde Meregnani sait que remettre en marche une machine aussi complexe que sa PME sera un travail long. « ça se fera en deux temps. D’abord la partie administrative et juridique, puis les travaux en eux-mêmes », détaille Arnaud Tisserand. Mais le dirigeant refuse de lancer ce processus complexe pour aller au bout de petits chantiers. « On nous pousse, par exemple, à reprendre un chantier en région parisienne. Hormis la question des masques, peut-être que les conditions seraient réunies. Sauf qu’on a des fournitures pour une semaine. Donc, je ne vais pas repartir pour une semaine. Et j’estime qu’il y a trop de choses qui ne sont pas encore optimales en termes de sécurité. »

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