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Coronavirus - Jean Poulallion (UE 57) : « Revenir au travail est une urgence »
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Jean Poulallion président de l'UE 57 et dirigeant de Metzger Coronavirus - Jean Poulallion (UE 57) : « Revenir au travail est une urgence »

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Jean Poulallion, président de l’Union des Entreprises 57 et dirigeant du fabricant de vérandas Metzger, revient sur la crise sanitaire qui frappe particulièrement la Moselle. Pour éviter les défaillances d’entreprise, le dirigeant, pour qui chaque société qui créé de la richesse est essentielle, appelle à un retour au travail le plus vite possible.

Jean Poulallion appelle les syndicats à prendre leurs responsabilités — Photo : Jonathan Nenich

Le Journal des Entreprises : Président de l’Union des Entreprises 57, vous dirigez aussi Metzger (43 employés ; 8 M€ de CA, NDLR), spécialisé dans la fabrication de vérandas à l’Actipôle de Metz. Comment affrontez-vous la crise sanitaire à l’échelle de l’entreprise ?

Jean Poulallion : Au sein de Metzger, nous avions mis en place un plan de continuité de l’activité qui nous permettait de poursuivre le travail. Mais les fournisseurs ont arrêté de nous livrer et les clients ont annulé tous nos rendez-vous. Le commentaire général que nous recevions était : « vous n’êtes pas une activité essentielle ».

Selon vous, Metzger aurait-elle dû pouvoir continuer de tourner ?

Jean Poulallion : Je fais le constat qu’en France, on ne parle que de la santé. Dans d’autres pays, les gouvernements sont parvenus à trouver une synthèse entre santé et travail. Chez nos voisins italiens et allemands, l’activité industrielle n’est, par exemple, pas descendue, sous les 85 % d’activité. Tandis que nous, nous sommes passés sous la barre des 50 %. Dans l’esprit de la population, a fini par s’introduire l’idée qu’il existe des activités essentielles et d’autres qui le sont moins. Il y a certes des activités vitales, et d’autres non. Mais toutes sont essentielles. Les activités industrielles en font partie : c’est grâce à leur production que nous pouvons payer des masques, des respirateurs, assurer le chômage partiel à tous. L’argent ne tombe pas du ciel et n’est disponible que via les charges payées par les entreprises. Si elles meurent, il n’y aura plus rien. Les soignants, ces héros du quotidien, ont besoin de toute l’intendance autour pour poursuivre leur activité. Lorsqu’une entreprise française vit au-dessous de son minimum de production pour que les gens puissent continuer à vivre, c’est que ça va mal.

Pensez-vous être en capacité de reprendre votre activité rapidement ?

Jean Poulallion : Nous allons reprendre doucement, à partir du 27 avril pour des poses de vérandas, portails… Mais il faut que les commandes puissent arriver derrière. Nous devrions pouvoir tourner à 20 % de notre rythme normal en commençant par les clients qui n’ont pas de blocage dû au Covid-19.

En tant que président de l’UE 57, quel message souhaiteriez-vous passer aux entreprises mosellanes ?

Jean Poulallion : Le chômage partiel est une protection sociale incroyable. Mais de nombreuses entreprises sont en péril à présent. Il faut que les salariés aident à leur tour leur entreprise en retournant travailler et en étant prêts à réaliser des sacrifices de leur côté. Les modalités seraient à définir entre le dirigeant et ses salariés. La santé est fondamentale. L’objectif est donc aujourd’hui de pouvoir retourner au travail sans risquer sa santé. Mais il faut aussi garder à l’esprit que le virus va faire partie de notre quotidien pendant un moment, et qu’en toutes circonstances, le risque 0 n’existe pas.

La Moselle est très durement touchée par la crise. Comment rendre possible le retour au travail d’un maximum de personnes sur le territoire ?

Jean Poulallion : En effet la Moselle, parce que proche de l’épicentre de l’épidémie en France (Mulhouse), est sévèrement impactée. Dans le BTP en Moselle, selon la Fédération du BTP, 95 % des entreprises se sont retrouvées à l’arrêt, contre 85 % en Aquitaine. La solution serait de pouvoir tester tout le monde afin de pouvoir isoler les malades.

Quel rôle joue l’Union des Entreprises dans l’accompagnement de ses 3 000 adhérents ?

Jean Poulallion : Nous avons organisé une visioconférence avec Fabrice le Saché, vice-président du Medef afin de profiter de son expérience et d’avoir un avis sur la façon d’appréhender la crise. Ensemble, avec une dizaine de membres du conseil d’administration de l’UE, nous avons décodé les étapes par lesquelles nous passons et sommes arrivés au constat que nous devions nous mettre d’accord avec les partenaires sociaux afin d’organiser la reprise. J’appelle les syndicats à prendre leurs responsabilités. Ils ont un grand rôle à jouer et j’espère qu’ils vont inviter les salariés à revenir au travail rapidement.

Moselle # Industrie # BTP # Santé # Réseaux d'accompagnement