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Coronavirus : en Meurthe-et-Moselle, « on se prend la crise en pleine tronche »
Témoignage Nancy # Conjoncture

Coronavirus : en Meurthe-et-Moselle, « on se prend la crise en pleine tronche »

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Invités par les chambres consulaires de Meurthe-et-Moselle, des dirigeants d’entreprise ont pu témoigner de leurs difficultés face à la crise liée à l’épidémie de coronavirus Covid-19. En première ligne, les entreprises liées à l’événementiel et à la sécurité enregistrent un effondrement sans précédent de leur activité.

Le dirigeant d'Agir Protection Surveillance, Benjamin Antoine, estime que les entreprises liées à la sécurité sont tout simplement « en train de crever » — Photo : Jean-François Michel

Habitué à bousculer son auditoire et à mettre les pieds dans le plat, le dirigeant d’Agir Protection Surveillance (1 M€ de chiffre d'affaires ; effectif : 50 ETP), à Nancy, Benjamin Antoine, avait du mal à contenir son émotion, face à des chefs d’entreprise rassemblés par la CCI Grand Nancy Métropole pour faire le point sur l’épidémie de Covid-19, le 13 mars : « On est en train de crever… », lâchait le jeune dirigeant, soutenu par des applaudissements nourris.

Les élus et le préfet, venus pour répéter les éléments de langages et appeler au calme, avaient du mal à prendre la mesure de l’anxiété qui saisissaient les dirigeants face à la chute brutale de leur activité. Pour le président de la CCI, François Pélissier, une doctrine permettrait d’apaiser les relations entre les services de l’Etat et les entreprises : « Faire les choses, puis régulariser ensuite. Un peu comme dans le cas d’une catastrophe naturelle. »

Des chiffres d'affaires à zéro

Le dirigeant de Marcotullio Traiteur (8 M€ de chiffre d'affaires ; effectif : 60) à Nancy, Alain Marcotullio a résumé l’ampleur des dégâts grâce à quelques chiffres : « En mars, sur 600 000 € de chiffre d’affaires prévus, nous avons subi 413 000 € d’annulation. En avril, en termes d’activités, nous sommes à 0. En mai, ce sera encore 0. La situation est encore plus difficile à encaisser, parce que nous n’avons pas commis de faute de gestion : on se prend tout simplement la crise en pleine tronche. »

« Cette crise sanitaire, ce n’est pas une question de jours, ni de semaines, mais de mois… »

Invité par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, à une réunion sur le Covid-19, Alain Marcotullio a eu l’occasion de faire remonter au plus haut niveau de l’Etat l’impact de la crise sanitaire sur toute la filière événementielle : « On se prend les premières bombes, mais les tranchées ne sont pas creusées. J’entends parler de report de charges… Mais comment on paye quand on fait 0 de chiffre d’affaires ? », lâchait Alain Marcotullio.

Et ce ne sont pas les prêts rebonds ou les millions lâchés par la région Grand Est qui ont pu apaiser les craintes : pressé de questions, le maire de Nancy, Laurent Hénart, a fini par lâcher l’information, là-aussi recueillie au plus haut niveau de l’État : « Cette crise sanitaire, ce n’est pas une question de jours, ni de semaines, mais de mois… » Une déclaration accueillie par un silence glacial : bien peu de PME, et encore moins de TPE, peuvent résister à un choc pareil dans leur trésorerie.

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