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Coronavirus : Avant de reprendre le travail, le dirigeant de CEP valide ses mesures sanitaires avec un médecin généraliste
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Coronavirus : Avant de reprendre le travail, le dirigeant de CEP valide ses mesures sanitaires avec un médecin généraliste

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Pas facile pour un chef d'entreprise de créer les conditions permettant aux salariés de reprendre le travail en toute sécurité. Pour réduire les risques d'erreurs, Stéphane Wambst, le dirigeant de CEP, une entreprise du BTP de Moselle, a demandé l'avis de son médecin généraliste.

Stéphane Wambst attend la livraison de ses masques avant de pouvoir reprendre les chantiers. Pour le moment personne ne travaille. — Photo : © C.E.P

« Depuis la publication du guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités Covid-19, tous les acteurs du BTP sont devenus des hygiénistes », ironise Stéphane Wambst, président de CEP, une entreprise du BTP basée à Thionville (Moselle), qui emploie 51 salariés et affiche 10,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Mis à disposition des entreprises du BTP par l’organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP), ce document fait figure de base de travail mais « laisse la porte ouverte à des interprétations », regrette le dirigeant de CEP. Chaque entreprise peut l’adapter selon ses process et méthodes de travail. « J’aimerais quand même qu’il y ait une coordination. Nous inventons des pratiques. J’ai besoin d’être certain des bienfaits des procédures que j’adapte à partir du guide. J’ai donc réalisé ma procédure de reprise avec ma femme, infirmière en Ehpad. Par exemple mes employés de plus de 50 ans et/ou ayant des restrictions médicales, auront une visite de reprise auprès de la médecine du travail. Des responsables Covid seront aussi nommés sur chaque chantier pour prendre les températures de chacun... J’ai pu soumettre ma procédure à mon médecin traitant pour avis. Il n'a pas été plus surpris que cela mais je dois être le premier à faire valider une procédure par un médecin traitant. Il m'a validé l'ensemble du contenu en me précisant que le port de gants sur les chantiers n'était pas d'une nécessité absolue, au contraire du lavage fréquent des mains. Tous mes confrères n’ont pas la chance que j’ai eue et sont très souvent livrés à eux-mêmes. », regrette Stéphane Wambst qui espère que des instances comme le ministère de la Santé ou les préfets vont enfin se saisir du guide pour s’assurer que les procédures mises en place au sein des entreprises, au cas par cas, sont les bonnes.

« Les acteurs du BTP sont devenus des hygiénistes »

L'avis du médecin est consultatif, il n'est pas demandé par la loi et n'exonère pas l'employeur de ses responsabilités en matière de sécurité. Par ailleurs, Stéphane Wambst a remis sa procédure de reprise aux organismes de prévention (OPPBTP, médecine du travail) ainsi qu’aux organismes professionnels (FNTP, FFB). Seule l’OPPBTP a validé cette dernière.

Une formation à l’hygiène indispensable

« Le guide ne met pas assez l’accent sur la formation en hygiène. C’est pourtant primordial », affirme le chef d’entreprise avant de reprendre : « Nous devons apprendre à nous laver les mains, à avoir des notions d’hygiène solides. J’attends qu’un professionnel vienne former mes hommes sur le terrain. » D’autant que dans le BTP, les distances de sécurité sont impossibles à respecter pour certaines actions sur les chantiers. CEP assure par exemple des activités de coffrage et ferraillage qui rendent la distanciation sociale « humainement impossible ». Une donnée qui a poussé Stéphane Wambst à se procurer des masques. « Ces derniers ne sont pas obligatoires alors que l’Académie nationale de Médecine préconise le port systématique en sortie de confinement », rappelle le dirigeant lorrain.

Stéphane Wambst prépare de chez lui la reprise des activités de son entreprise — Photo : © C.E.P

Des masques attendus

Spécialisée dans les travaux de voirie, de gros œuvre, participant au déploiement de la fibre optique engagée par Moselle Fibre (Easy Fibre), avec des clients comme ArcelorMittal, Thyssenkrupp, mais aussi des collectivités, la société de BTP thionvilloise serait contrainte de tâtonner avec la santé de ses employés. Hors de question pour le dirigeant qui a racheté CEP l’année dernière : « J’ai commandé des masques auprès d’une société basée en Loire-Atlantique via la plate-forme gouvernementale StopCovid19. Ils arrivent dans deux semaines. Je comprends les délais mais le manque est criant. Tant qu’ils ne seront pas là, personne ne reprendra le travail », assure le dirigeant qui déplore l’anxiété « compréhensible de ses hommes. » Le dirigeant refuse par ailleurs de travailler en coactivité sur un chantier avec une société qui ne serait pas également équipée de masques de protection.

Le développement de CEP en péril

Avant la crise, la problématique de CEP était de parvenir à recruter des jeunes, plutôt attirés par le Luxembourg, pour accompagner la croissance de l’entreprise. « Entre 2019 et 2020, nous sommes passés de 7 millions d’euros de chiffre d'affaires à 10,5 millions d’euros en nous structurant par le haut », lance Stéphane Wambst. Aujourd’hui, la quasi-totalité des employés est en chômage partiel. « J’avais anticipé et donc monté un dossier de demande de chômage partiel auprès de la Direccte, juste après l’annonce italienne de l’arrêt de leur économie. Nous avons reçu son accord juste avant le 17 mars, date de début du confinement. » Sitôt ses masques reçus, le dirigeant devrait pouvoir reprendre les chantiers en suivant son plan de reprise, qui répertorie les chantiers prioritaires à traiter et qu’il élabore depuis son lieu de confinement.

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