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Coronavirus : Autocars Schidler se lance dans le transport des malades et la livraison de repas
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Coronavirus : Autocars Schidler se lance dans le transport des malades et la livraison de repas

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Thierry Schidler subit la crise de plein fouet. À l’arrêt total, ses deux sociétés, Autocars Schidler et Liaisons Directes, se mettent au service de l’intérêt collectif. Un autocar est transformé en ambulance tandis que 50 bus vont livrer les personnes fragiles en denrées de premières nécessité.

Les Autocars Schidler ont mis à disposition d'un hôpital rémois leur véhicule-couchette. Ce dernier a été transformé en ambulance — Photo : © Autocars Schidler

« Une action anecdotique », la qualifie-t-il. Ce genre d’actions qui fleurit sur tout le territoire pour faire front face au coronavirus, et qui sauve des vies. Thierry Schidler, dirigeant des Autocars Schidler (70 salariés ; 7,5 M€ de CA) et des Liaisons Directes (50 salariés ; 1,5 M€ de CA), a mis à disposition son autocar couchette à l’hôpital Robert-Debré de Reims. Mué en ambulance, ce dernier assure la liaison entre Reims et un hôpital situé à Orléans avec 10 patients à son bord. L’objectif : désenclaver les hôpitaux de la région Grand Est qui arrivent à saturation. « Il a été habillé pour recevoir des patients en état grave, avec des unités d’oxygène. Mon chauffeur conduit dans une tenue digne de celle d’un cosmonaute pour se protéger », explique Thierry Schidler qui a proposé ce service par le biais des réseaux sociaux.

« Pour les Autocars Schidler, cette crise devrait correspondre à une perte d’un million d’euros de chiffre d’affaires, soit un septième de l’activité annuelle »

Habituellement spécialisée dans l’acheminement des scolaires en Lorraine, le transport de personnes handicapées et les voyages touristiques, la PME basée à Bouzonville (Moselle) propose ce service à l’hôpital qui, en échange, couvre les frais liés aux déplacements (la rémunération du chauffeur notamment…). Via son autre société, Liaisons Directes, créée en 2007, basée à Metz, Thierry Schidler propose à la Ville ses 50 minibus de neuf places afin que des repas et des courses puissent être livrées aux personnes les plus vulnérables de la capitale mosellane : « Mes bus ne tournent pas. Quitte à ne pas réaliser de chiffre d’affaires, autant qu’ils puissent servir à l’intérêt général. Je suis transporteur, il me semble naturel d’aider, encore plus dans ma région », proclame le dirigeant. Dès ce lundi 30 mars, les bus de Liaisons Directes commenceront leurs tournées. Des actes profondément humanistes de la société fondée en 1930 par le grand-père de Thierry Schidler qui dans le même temps va devoir lutter pour sa survie.

Un million d’euros de perte

« Chez Liaisons Directes, notre activité est à zéro. Pour les Autocars Schidler, cette crise devrait correspondre à une perte d’un million d’euros de chiffre d’affaires, soit un septième de l’activité annuelle », calcule Thierry Schidler. Pour le dirigeant, la crise tombe alors que la période de l’année correspond habituellement à un pic d’activité : « Nous souffrons depuis longtemps. Avant même le confinement, à cause de l’annulation des voyages scolaires notamment. Tous mes autocars devraient être sur les routes d’Europe, en Espagne, Italie, Pays-Bas, Croatie… Cette période est celle des voyages linguistiques, soit le plus gros de notre activité », regrette le chef d’entreprise. Pourtant, à part l’autocar couchette prêté au corps médical, les 65 autocars de la société sont au garage. « Nous pouvons tenir deux mois. Nous fonctionnons en ayant recours au chômage partiel, et avec les aides de l’État. Nous avons un décalage de trésorerie. Il faut bien payer les autocars en leasing », se fend Thierry Schidler.

Penser l’après

Les maux pas encore pansés, que dès à présent, il faut penser à l'après : « Nous avons lancé un appel d’offres auprès d’entreprises pour procéder à un nettoyage complet de la flotte de bus et autocars, pour les désinfecter. Notre objectif : être prêt pour la rentrée des classes programmée le 4 mai prochain. » Repartir très fort donc, pour limiter l’impact. « Je pense que nous mettrons au moins un an pour nous en remettre. C’est paradoxal, car l’année s’annonçait excellente pour nos 90 ans d’existence, avec six mois de commandes dans les carnets », alerte le dirigeant.

10 malades en état d'urgence peuvent être transportés dans cet autocar transformé en ambulance — Photo : © Autocars Schidler

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