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Coronavirus : Altuglas se mobilise pour fournir des plaques de verre acrylique
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Coronavirus : Altuglas se mobilise pour fournir des plaques de verre acrylique

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Les 120 salariés du site Altuglas International de Saint-Avold, en Moselle, se sont mobilisés ces dernières semaines afin de maintenir et augmenter la production de plaques de verre acrylique indispensables à la fabrication de cloisons de protection contre le coronavirus.

Les plaques de verre acrylique coulées par Altuglas sont utilisées après transformation, comme séparateurs dans les supermarchés, les administrations, etc — Photo : © Altuglas International

Sur la plateforme chimique de Carling-Saint-Avold, en Moselle, l’activité industrielle d’Altuglas International (86,7 M€ de CA en 2018), basé en région parisienne, restait jusqu’à présent plutôt discrète. La société, installée à l’ombre des groupes Total Petrochemicals et Arkema, dont elle est une filiale, a vu cependant sa fabrication prendre un caractère stratégique, à l’occasion de l’épidémie de coronavirus.

L’usine lorraine, qui emploie 120 salariés, produit en effet depuis presque un demi-siècle des thermoplastiques transparents ou PMMA (polymétacrylate de méthyle). Ce produit plus communément appelé « verre acrylique » ou plexiglas, une marque déposée, s’avère désormais aussi essentiel que les masques anti-projections à l’heure du déconfinement progressif du pays. Coulé en plaques de 3x2 mètres, il est livré, via un réseau de distributeurs spécialisés, à des transformateurs qui en font des séparateurs sanitaires indispensables à la grande distribution, les établissements accueillant du public, etc.

« Dès le début de la crise sanitaire, nous avons été sollicités par nos clients distributeurs en vue de fournir en urgence des plaques transparentes de 3 à 10 mm d’épaisseur. D’une manière générale, nous constatons que la demande a doublé par rapport aux conditions normales de marché des plaques acryliques transparentes, tant sur la zone Europe qu’aux États-Unis où nous sommes également présents », analyse David Mercier, directeur de l’usine Altuglas International de Saint-Avold.

Résine importée de Lombardie

Le maintien de la production n’était pas une évidence sur le site implanté dans le département de la Moselle, un des plus touchés par l’épidémie de Covid-19 dans le Grand Est. L’équation comportait trois inconnues : la disponibilité de la matière première fabriquée dans le nord de l’Italie, l’implication des salariés et la réorganisation de la production.

Impossible de couler des plaques de verre acrylique sans résine MMA (méthyl méthacrylate). Par chance, le site Altuglas de Rho en Lombardie (Italie), un des territoires les plus touchés par l’épidémie de coronavirus en Europe, n’a pas interrompu les livraisons de cette résine indispensable aux procédés de Saint-Avold. Par ailleurs, « l’usine s’est littéralement auto-confinée afin de poursuivre sa production, essentielle dans le contexte de crise sanitaire. Dès l’annonce du confinement le 17 mars, 28 personnes ont été placées en télétravail, tandis que des équipes ont été maintenues pour continuer à produire sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Nous avons mis en place des relèves de postes décalées, des mesures de désinfection strictes, des contrôles de température à l’entrée du site pour les chauffeurs extérieurs, etc. », détaille le directeur de l’usine qui tient à saluer la mobilisation de ses salariés.

Parallèlement, les lignes ont été poussées à la limite de leurs capacités, afin d’augmenter d’un quart la production de PMMA transparent, soit 1 500 à 2 000 plaques par jour. Cette augmentation a été rendue possible par la baisse de la demande en plaques PMMA pour les baignoires acryliques, la seconde activité importante du site. « Nous sommes passés d’une proportion de 60 % de PMMA transparent contre 40 % de PMMA sanitaire à une proportion 85 %-15 % », évoque David Mercier.

Arkema envisage une cession

Les perspectives positives sur le marché du verre acrylique ne détournent toutefois pas Arkema, la maison-mère d’Altuglas International, de sa stratégie de recentrage sur ses activités stratégiques. Le groupe chimique français (20 500 salariés, 8,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires) prévoit de réduire la voilure dans ses activités dites de chimie « intermédiaire » dans laquelle s’inscrivent les 8 sites de production d’Altuglas en Europe et aux États-Unis.

Le 19 mai, à l’occasion de l’assemblée générale d’Arkema, son PDG Thierry Le Hénaff a confirmé que la stratégie 2020-2024 prévoyait la cession de l’activité dans les résines MMA/PMMA. Cette activité (600 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019) demeure « relativement cyclique, composée de beaux matériaux, mais qui ne sont pas positionnés par leurs performances intermédiaires en haut de la pyramide des polymères », a indiqué le PDG. La hausse de la demande mondiale pourrait toutefois permettre au groupe de céder l’activité dans des conditions plus favorables.

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