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Comment une nouvelle génération de dirigeants va changer VD-Industry
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Comment une nouvelle génération de dirigeants va changer VD-Industry

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Le fondateur de VD-Industry, Gabriel Ferry, a préparé soigneusement sa succession : c'est une équipe composée de cinq personnes, dont trois de ses enfants, qui prend la direction opérationnelle du fabricant de menuiseries résistantes au feu.

Gabriel Ferry (à droite), le fondateur de VD-Industry, va passer le relais à (de gauche à droite) Laura Ferry, Emmanuel Ferry, Olivier Schaal, Diana Toussaint et Sébastien Ferry (qui n'est pas sur la photo) — Photo : © Jean-François Michel

« Aujourd’hui, je ne suis déjà plus dans l’opérationnel. Mon rôle, c’est de définir la stratégie de l’entreprise. » Fondateur de la société VD-Industry, fabricant vosgien de menuiseries résistantes au feu, âgé de 63 ans, Gabriel Ferry a passé plus de 15 ans à la barre de son entreprise. Il en a fait le leader français de son marché, assure-t-il. La PME réalise un chiffre d’affaires de 11,5 millions d’euros et emploie 53 salariés. Mais, « chaque année, j’ai un an de plus et les jeunes deviennent meilleurs que moi », estime Gabriel Ferry.

Les « jeunes », c’est une nouvelle équipe de direction, constituée de cinq personnes : Emmanuel Ferry reprend la direction de l’usine de Saint-Michel-sur-Meurthe (Vosges), Sébastien Ferry dirige la prescription et la R&D et Laura Ferry pilote la communication. Ce trio, constitué de trois des cinq enfants de Gabriel Ferry, est complété par Diana Toussaint, directrice administrative et financière, et Olivier Schaal, directeur commercial.

VD-Industry veut devenir leader européen

« A cinq, ils arriveront peut-être à me remplacer », indique celui qui occupe actuellement le poste de président du holding FSG, qui chapeaute VD-Industry et ses marques. Quand il s’agit de préciser les ambitions de la nouvelle équipe pour les années à venir, tous les regards se tournent vers le patriarche, qui ne se dérobe pas : « Aujourd’hui, nous sommes leader français. Demain, nous devrons être leader européen et atteindre les 20 millions d’euros d’ici à 5 ans », dévoile Gabriel Ferry.

« Aujourd’hui, je peux dire que mon départ de VD-Industry ne changera rien du tout. »

Volontiers taquin avec cette génération qui a « tout dans un smartphone », le fondateur de VD-Industry s’amuse un peu de la situation : « C’est plus facile de définir un objectif quand ce n’est pas moi qui vais chercher à l’atteindre. » Travaillant sur l'ensemble du territoire français, la PME vosgienne opère encore par opportunité à l'international, où elle a réalisé jusqu'à 30 % de son activité, mais sans structurer ses efforts.

Affichant des taux de croissance à deux chiffres depuis une dizaine d'années, VD-Industry accumule les chantiers de référence pour démontrer son savoir-faire. La société est aujourd'hui « structurée pour la croissance », avec notamment la moitié de son effectif employée dans le bureau d'études et 7 200 m2 dédiés à la production.

La fin du modèle pyramidal

Fin mars, VD-Industry a intégré l’Accélérateur PME de Bpifrance, dispositif visant à emmener les belles PME françaises vers le statut d’ETI. « La décision a été prise collégialement », assure Laura Ferry.

« Notre père a connu la solitude du dirigeant. Nous ne voulons plus fonctionner sur un modèle pyramidal, mais de manière plus ouverte. »

Depuis près d’un an, la nouvelle équipe de direction modifie par petites touches le management de l’entreprise : « Notre père a connu la solitude du dirigeant. Nous ne voulons plus fonctionner sur un modèle pyramidal, mais de manière plus ouverte, avec un management transversal et des personnes-clés à chaque poste », précise la directrice de la communication.

L’exemple le plus parlant est la mise en place d’une boîte de dialogue, accessible à tous, et qui est ouverte tous les trois mois par l’équipe de direction : « Avec mon frère Emmanuel, nous répondons devant les salariés à toutes les questions posées, étudions toutes les propositions d'amélioration de fonctionnement de l'entreprise, que cela touche les salaires ou l'organisation de la production », détaille Laura Ferry. Un moment qui rassemble les 53 salariés de l’entreprise et auquel il n’est pas possible de se dérober.

Une transition naturelle entre Gabriel Ferry et ses successeurs

L’exercice aurait pu perturber un dirigeant « classique », tel que Gabriel Ferry : « Mais il est très visionnaire dans ce domaine », estime Laura Ferry. « Il nous pousse à mettre en place de nouvelles idées. Il veut que la transition se fasse de manière naturelle, vers notre propre manière de manager. »

Sans aller jusqu’à « libérer » l’entreprise, le nouveau management a mis chacun devant ses responsabilités : à la production, les menuiseries sont suivies par un document consignant chaque étape jusqu’au produit fini. « Au final, nous n’avons pas de SAV, puisque nous n’avons jamais de retour », assure Laura Ferry.

Totalement investi dans son entreprise, Gabriel Ferry a pourtant pensé « dès la création » à la transmission : « Il n’y aura pas de grands bouleversements, pas de grands changements », souligne celui qui refuse de donner une date à son retrait définitif. Le capital de la société, largement détenu par la famille Ferry, a déjà vu entrer Sébastien et Emmanuel. « Olivier, Diane et Laura vont aussi avoir une part », assure Gabriel Ferry, qui mesure sa chance de voir la transmission se dérouler sans heurts : « Aujourd’hui, je peux dire que mon départ de VD-Industry ne changera rien du tout. »

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