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Comment l'effondrement des cryptomonnaies a fait évoluer Tresorio
Moselle # Informatique # Innovation

Comment l'effondrement des cryptomonnaies a fait évoluer Tresorio

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La start-up messine Tresorio aborde un virage radical depuis sa création en 2016. Impactée par l’effondrement du marché des cryptomonnaies, ses fondateurs se lancent dans la location plus traditionnelle de serveurs informatiques, tout en misant sur un modèle économique innovant.

Jonathan Klein, cofondateur de la start-up réussit à chauffer de l'eau sanitaire via la chaleur dégagée par les serveurs de Tresorio — Photo : © Tresorio

« Nous avons dû nous tourner vers une activité plus économiquement pérenne », entame Jonathan Klein, cofondateur et président de Tresorio. Créée en 2016 à Metz, la start-up se spécialise dans le « minage » des cryptomonnaies en louant des serveurs capables d’apporter de la puissance de calcul aux réseaux blockchain. « Mais le marché s’est effondré, avec une chute de 80 % de l’activité en 2018 », expose Jonathan Klein. Contrainte de pivoter suite à l’explosion de la bulle des cryptomonnaies, Tresorio explore un marché plus traditionnel. L’entreprise cherche à louer la puissance informatique de ses serveurs à des professionnels et déploie un système innovant afin de baisser ses charges.

Un modèle économique basé sur l’échange

Tresorio positionne ses serveurs dans des chaudières numériques, ce qui permet de chauffer de l’eau sanitaire. « Nous n’avons identifié que trois autres sociétés dans le monde à partager notre modèle économique », lance Jonathan Klein.

« Nous avons vécu l’année de tous les dangers, le temps de mettre en place notre nouvelle activité »

En échange de l'énergie, Tresorio bénéficie de locaux gratuits pour stocker les données de ses clients. Un modèle qui ne contraint plus à passer par des data centers, les chaudières faisant office de micro data centers. « Nous équipons l’hôpital de Mercy et nous avons fourni une chaudière numérique à l’usine Continental de Sarreguemines (Moselle) », expose le président qui vise aussi l’équipement d’Ehpad et de centres aquatiques. Cela permet d’exister face aux géants Amazon, Google, Microsoft « Ils pourraient aussi réinvestir la chaleur, mais ce n’est pas dans la culture américaine, même s’ils trouvent le concept intéressant. L’énergie n’est pas chère, le foncier non plus. Ce n’est donc pas un enjeu pour eux. » En partenariat avec Dalkia, qui commercialise les chaudières, Tresorio se charge d’équiper les bâtiments et vise quatre millions d’euros de CA en 2020 via l’équipement de 13 sites. « Pour atteindre notre point mort nous devons équiper cinq sites cette année. Nous visons 135 sites sous cinq ans », détaille Jonathan Kein dont la start-up reste sur un CA de 200 000 € en 2018, dégagé via son activité première. Insuffisant pour la start-up qui emploie 17 personnes. « Nous avons vécu l’année de tous les dangers, le temps de mettre en place notre nouvelle activité », confesse Jonathan Kein.

480 000 € pour se relancer

Tresorio vit sur sa levée de fonds bouclée cet été. Réalisée auprès d’investisseurs privés dont la société Deret basée à Tours, le lyonnais Sistema Strategy ou encore Unico Partners, les fondateurs, qui restent majoritaires, ont levé 480 000 €. L'enveloppe a permis de finaliser le démonstrateur, qui atteste que les chaudières numériques récupèrent 100 % de la chaleur des serveurs et d’achever leur plateforme sur le web, opérationnelle en octobre, pour commercialiser leurs services. Les entrepreneurs ont aussi ouvert un bureau à Paris, sur le campus d’Épitech pour bénéficier des réseaux de l’école et y installer leurs développeurs. « Nous visons une levée de fonds de deux millions d’euros en début d’année pour nous exporter en Suisse et au Luxembourg, où nous disposons de bons réseaux », ponctue le président.

Moselle # Informatique # Innovation # Levée de fonds # International