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Chrysalis mise sur la Bourse pour revenir dans la course
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Chrysalis mise sur la Bourse pour revenir dans la course

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Concepteur et fabricant de mobilier d’éclairage urbain, Chrysalis compte sur une introduction en Bourse pour renouer avec son lustre d'antan. Cette PME est en effet née sur les cendres de 3E International, qui a pesé jusqu’à 60 millions d'euros de chiffre d’affaires.

Adrien Marchal a lancé Chrysalis avec son père, Robert Marchal, en 2016 — Photo : © Jean-François Michel

« Dans les 5 à 6 années qui viennent, nous voulons revenir sur le podium national. » Adrien Marchal, le président de Chrysalis, un concepteur et fabricant de mobilier d’éclairage urbain décoratif installé dans la zone d’activités de Pompey, en Meurthe-et-Moselle, ne fait pas mystère de son ambition. Sa société, qui pèse 2,6 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 25 personnes, doit pouvoir atteindre « 10 millions d’euros dans les prochaines années », assure Adrien Marchal.

Un optimisme confirmé par les chiffres de croissance des derniers exercices : +150 % en 2018 et +40 % en 2019. « Nous sommes parfaitement capables de continuer à nous développer à un rythme soutenu », estime le président de Chrysalis. « Mais aujourd’hui, je veux aller encore plus vite, et c’est pour cela que nous préparons notre introduction en Bourse. »

La croissance de Chrysalis s’appuie non seulement sur un outil industriel qui a été capable de réaliser 60 millions d’euros de chiffre d’affaires, à l’époque de 3E International, mais aussi sur une innovation : Lolita. Ce nouveau système d’éclairage a été conçu autour de l’innovation de rupture qui a bouleversé le marché de l’éclairage : la LED. Sur les 8 premiers salariés de Chrysalis, quatre étaient affectés au bureau d’études, avec pour objectif d’imaginer les luminaires du futur dans les villes : au final, l’électronique est séparée du bloc optique, l’installation et la maintenance sont facilitées et le design du produit permet de le décliner en fonction des souhaits des clients.

500 M€ injectés dans l’éclairage public

« Nous avons mis Lolita sur le marché en janvier 2017 », précise Adrien Marchal. « Depuis, nous n’avons que des bons retours. » Les éclairages traditionnels pèsent actuellement moins de 30% de l’activité, et la PME livre aujourd’hui en six semaines des collectivités publiques toujours plus exigeantes. « Pour le technopôle de Sofia-Antipolis, nous avons dessiné, conçu et livré en moins de deux semaines un modèle entièrement nouveau, basé sur le système Lolita », se félicite Adrien Marchal.

Chrysalis devrait être à l’équilibre en 2020 et s’attend à enregistrer un petit flottement dans les ventes, du fait des élections, mais le marché est porteur : chaque année, les collectivités françaises injectent près de 500 millions d’euros dans l’éclairage public, notamment pour passer aux LED. « Il y a 10 millions de luminaires en France », précise Robert Marchal, le directeur général de Chrysalis. « Entre 30 et 40 % sont déjà passés aux LED. Il reste donc beaucoup de travail. »

D’ici au premier semestre 2020, Chrysalis devrait ouvrir une partie de son capital sur le marché libre, en l’occurrence Euronext Access. Une introduction pilotée par le banquier d’affaires Louis Thannberger : « Pour l’instant, je ne peux pas vous en dire plus sur les détails de l’introduction, notamment parce que nous n'avons pas encore fixé la valorisation de l'entreprise », indique Adrien Marchal, qui a choisi la Bourse plutôt qu’un fonds pour « garder le contrôle » sur son entreprise.

Avec un outil industriel aujourd’hui surdimensionné, la première urgence pour la PME est de densifier son réseau commercial, pour vendre : les fonds rassemblés vont être injectés dans des embauches. Pour l’instant, seuls une cinquantaine d’agents commerciaux placent les produits Chrysalis auprès des clients. « Nous allons développer un réseau de commerciaux, qui seront salariés de l’entreprise », précise le président de Chrysalis.

« Une start-up avec 35 ans d’expérience. »

Ce qui motive par-dessus tout le président de Chrysalis, c’est de renouer avec une histoire d’entrepreneurs lancée par son père, Robert Marchal. En 1985, ce dernier fondait le fabricant d’éclairage 3E International, société qui va atteindre les 60 millions d’euros de chiffre d’affaires et employer jusqu’à 200 personnes. En 2011, quand le géant mondial Philips rachète le groupe Indal, alors propriétaire de Chrysalis, l’intégration de la société lorraine est impossible : les produits sont redondants, les réseaux commerciaux entrent en concurrence et les logiques industrielles sont contradictoires.

Dès la première année après le rachat, le chiffre d’affaires était en chute libre : « En 2014, la fermeture du site était engagée. Mon père m’a appelé en me disant qu’on ne pouvait pas laisser faire ça », se souvient Adrien Marchal. Après deux années de négociation et un plan de sauvegarde de l’emploi, Adrien et Robert Marchal ont racheté les actifs de 3E International pour fonder en juillet 2016 Chrysalis, avec 1,05 million d’euros de capital. Une opération résumée par Adrien Marchal : « Nous avons donc lancé une start-up avec 35 ans d’expérience ».

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