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Charly Lalo (Agence de développement économique du Sud 54) : "Je défends le modèle des agences qui marchent"
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Charly Lalo (Agence de développement économique du Sud 54) : "Je défends le modèle des agences qui marchent"

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En janvier 2022, l’Agence de développement économique du Sud 54 commencera à travailler sur un périmètre couvrant treize intercommunalités du Sud Meurthe-et-Moselle. Présidée par Mathieu Klein, maire de Nancy et président de Grand Nancy Métropole, l’Agence sera pilotée par Charly Lalo. Il révèle les grands chantiers à mener en tant que directeur général.

Charly Lalo est le directeur général de l’Agence de développement économique du Sud 54 — Photo : DR

Sur le 1,8 million d’euros de budget de l’Agence de développement économique du Sud 54, 700 000 euros seront apportés par la Métropole du Grand Nancy, 865 000 euros par la région Grand Est. Aurez-vous les moyens d’agir ?

Pour une agence de développement économique, c’est un budget important. C’est la somme qui nous permet d’atteindre la taille critique, à savoir 20 personnes, un effectif qui est important pour une agence. Et avec une structure de cette taille, on peut atteindre les 1 000 entreprises accompagnées par an. Si on définit des priorités et qu’on joue le collectif, il devient possible de toucher beaucoup d’acteurs et l’on peut même se permettre d’être proactif : un dispositif tombe, dans le cadre de France Relance par exemple, il devient possible de contacter directement les dirigeants et ne pas se contenter d’envoyer un mail qui ne sera jamais ouvert. Notre ratio sera le même que celui de nos confrères, soit entre 60 et 70 % de masse salariale. Ensuite, nous avons tout de même un budget qui nous permet de faire des événements, de participer à des salons, sans aller vers le travail d’une agence d’attractivité. Il faut préciser que pour les entreprises, le travail de l’agence est gratuit. Et le rôle de l’agence s’arrête là où commence le travail d’un privé. Une agence qui n’a pas bien compris son positionnement peut tuer les acteurs du conseil privé.

Comment l’agence va-t-elle se positionner avec les autres acteurs du développement que sont Scalen, la CCI ou encore Grand Nancy Innovation ?

Prenons Grand Nancy Innovation : ils ont une technicité propre pour accompagner l’innovation. Un gros industriel ne pensera pas forcément à passer la porte de Grand Nancy Innovation, mais appellera plutôt son agence de développement. Ensuite, si l’industriel porte un projet d’innovation, c’est à l’agence de solliciter Grand Nancy Innovation pour que les équipes puissent déployer leur expertise. Scalen a une technicité pour faire des études et une mission d’observatoire économique avec des équipes qui sont de grande qualité. Si on se dit que l’agence ce sont les muscles, sur le terrain, en intervention, on a l’avantage sur le territoire d’avoir un acteur comme Scalen qui est une sorte de think-tank qui voit des tendances à venir qui vont alimenter des élus pour qu’ensuite, l’agence puisse faire feu. Sur les consulaires, des élus consulaires vont s’engager sur les territoires : comment est-il possible de les soutenir ? L’agence pourra être un acteur neutre qui vient apporter ce service complémentaire qui vient fluidifier l’accompagnement.

Pourquoi avoir choisi d’ouvrir la gouvernance de l’agence aux réseaux territoriaux d’entreprises ?

C’est une originalité. Au moment où le projet a été lancé, quand les statuts ont été créés et que nous avons ouvert la gouvernance aux associations de dirigeants d’entreprise, il y a eu de l’étonnement. Sur le territoire, il y a des associations de chefs d’entreprise très fortes. On trouve des réseaux impliquant 200 dirigeants ! Quand on veut intervenir sur un sujet particulier sur un territoire, c’est un moyen de diffusion très efficace. L’agence devra aussi être à l’écoute de l’analyse que ces dirigeants d’entreprise ont du terrain. Pour reprendre un anglicisme, c’est du "bottom up" : l’agence ne veut pas faire descendre de la théorie économique, les dirigeants d’entreprise n’ont pas de leçon de vie à recevoir des économistes.

L’agence a choisi de se concentrer sur la question de la transition énergétique. Comment allez-vous aborder ce sujet complexe avec les dirigeants d’entreprise ?

Sur cette question, il faut être pragmatique : il faut mettre transition en face de rentabilité. Nous ne sommes pas là pour présenter des grandes théories. Transition peut être synonyme de rentabilité. Il y a des aides qui permettent à certains dispositifs de devenir rentable car il y a un soutien de l’État sur ces questions. Ce sont des réalités très concrètes : une entreprise qui a un déport de chaleur dans son process peut récupérer cette chaleur soit pour chauffer ses locaux, soit la réinjecter pour sécher un produit. Derrière, le dirigeant peut mettre en place un contrat de performance énergétique. Nous avons un partenariat avec la fondation Solar Impulse à travers la Région. L’idée, c’est de mettre à disposition des entreprises, parmi les 1 000 projets labellisés, les 4 ou 5 start-up qui portent des projets qui peuvent intéresser l’entreprise. Cette fondation Solar Impulse permet donc de trouver des idées très innovantes pour ensuite aller vers un accompagnement très classique. Nous ne voulons pas faire du jus de crâne mais aller très vite sur du concret.

Votre modèle, c’est l’Adira, l’Agence de développement économique d’Alsace ?

Le modèle que je défends, c’est celui des agences qui marchent. Je n’ai pas de mal à dire que l’Adira est un beau modèle, efficace, intéressant. Notre agence va se démarquer de ce modèle sur la question de la transition ou de l’animation économique dans les territoires. Mais je le confirme : l’Adira est un modèle de réussite intéressant.

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