Centre Pompidou-Metz : Première bougie et nouveau souffle

Centre Pompidou-Metz : Première bougie et nouveau souffle

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Un an après l'ouverture du Centre Pompidou-Metz, le fait est acquis : la première décentralisation d'un musée national est une réussite. Tous les acteurs économiques s'accordent sur ce point : avec, c'est mieux que sans. Mais pour quelles retombées ?Jean-François Michel
— Photo : Le Journal des Entreprises

C'est avec son enthousiasme habituel qu'il s'est présenté devant un parterre de chefs d'entreprise, réunis à l'occasion de l'assemblée générale de la CGPME de Moselle. Pour un discours en toute franchise, réaliste et très pragmatique: «Un Centre Pompidou-Metz ne sauvera pas le monde et encore moins la Lorraine», affirmait Laurent Le Bon, directeur du CPM. Celui qui a été désigné «manager public» de l'année par François Baroin, le ministre du Budget, celui qui n'a jamais cru dans l'effet Bilbao parce que «c'est notre propre aventure», ne cache pas les difficultés qu'il rencontre pour animer l'équipement culturel dont il a la charge: récemment, un projet de manifestation artistique de dimension européenne a été repoussé, «car pour pouvoir obtenir les financements Interreg, il aurait fallu embaucher deux personnes à temps plein pour monter les dossiers et verser du cash avant de recevoir l'argent...» Impossible pour celui qui se félicite d'avoir eu les faveurs de la Cour des Comptes pour sa bonne gestion.




Fréquentation sous-estimée?

Les obstacles ne s'aplanissent donc pas immédiatement dès que l'on brandit le nom «Pompidou»: il aura fallu négocier durant trois ans pour obtenir une signalétique sur l'autoroute, cinq ans pour un panneau dans la gare de Metz indiquant la direction du Centre Pompidou. Pour autant, les visiteurs ne semblent pas chercher longtemps. 700.000, 750.000, 800.000, la valse des chiffres de fréquentation de la première année donne le tournis. Et font déjà du Centre Pompidou-Metz la première institution muséale hors Ile-de-France. L'embryon de polémique qui a émergé à l'occasion du coup médiatique réalisé pour les 200.000e

visiteur n'a pas eu raison des convictions de Laurent Le Bon: «Non, nous n'avons pas sous-estimé la fréquentation. Il y a eu un effet inaugural la première année et je reste persuadé qu'en régime de croisière, la fréquentation tournera autour de 250.000 à 300.000 visiteurs». Un chiffre qui semble bien modeste, mais qui tient surtout compte de l'effet «bâtiment»: l'architecture de Shigeru Ban a intrigué bon nombre de visiteurs, venus voir le «chapeau chinois».




Des effets à Metz comme à Nancy

Ainsi, cette visiteuse alsacienne Marie-Odile, qui a passé les trois heures de sa visite a se demander comment était conçue la «bâche» qui recouvrait la charpente... Du côté des hôteliers messins, on se dit «satisfaits de la fréquentation», en espérant «que ça dure». Mais pour obtenir des données précises, c'est une autre paire de manches: l'Insee, faute de données, a publié un simple «supplément conjoncture» en décembre2010, sur la fréquentation des hôtels de Metz Métropole et du Grand Nancy. Il en ressort que les deux cités lorraines ont bénéficié d'une «hausse de l'activité remarquable, juste après l'inauguration du Centre Pompidou-Metz». +26% en mai et +44% en juin dans le périmètre de Metz et +43% en mai et +34% en juin autour de Nancy. Ce sont bien les deux villes lorraines qui ont profité de «l'effet inaugural». S'il fallait encore une preuve, la voici: pour retenir les touristes, il faut programmer des menus incluant plusieurs sites jouant la complémentarité entre les sites lorrains.




Panier moyen du visiteur étranger à 173€

Les premières données permettant de mesurer les retombées directes sur les commerçants messins ont été dévoilées par Dominique Payen, du cabinet d'études et d'analyse Qualitest, lors des États généraux du commerce, en février. Première surprise, les étrangers ne sont que 14% à avoir découvert l'exposition «Chefs-d'oeuvre». Parmi eux, 32% étaient des Luxembourgeois, 21% des Belges et 20% des Allemands. Les Lorrains représentent 55% des visiteurs français, quand les visiteurs d'Ile-de-France sont 18%. Un chiffre qui prend toute son importance quand l'étude révèle que 61% des visiteurs en provenance de la région parisienne passent une nuit à Metz. Autre donnée, sur l'ensemble des visiteurs du Centre Pompidou, 55% se rendent au centre-ville, pour consommer. Le panier moyen du visiteur français se monte à 46 €, quand celui du visiteur étranger atteint les 173€, avec un record pour les Belges qui dépensent en moyenne 208€.