Boosté par Soprema, Pavatex veut gagner des parts de marché
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Boosté par Soprema, Pavatex veut gagner des parts de marché

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Racheté par le groupe alsacien Soprema en mai 2016, l’usine Pavatex de Golbey dévoile aujourd’hui ses ambitions : le panneau d’isolants en fibre de bois doit maintenant s’imposer sur les marchés de la rénovation thermique des bâtiments.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Il y a des sujets sur lesquels le directeur de Pavatex France, Jean-Michel Grosselin, est plutôt chatouilleux : « Je veux bien comparer les performances des isolants Pavatex, mais pas avec n’importe quoi… » Le sous-entendu est clair : pas question de jauger les isolants fabriqués par l’usine Pavatex de Golbey avec les standards des matériaux isolants. « En prenant par exemple la façade d’un immeuble collectif isolée en polystyrène, nous sommes sur un facteur deux au niveau du coût », lâche Jean-Michel Grosselin. « Mais sur le long terme, la performance du bâtiment isolé grâce aux produits Pavatex fera que les locataires et les propriétaires sauront s’y retrouver. »

Mise en production en 2013, l’usine Pavatex France de Golbey était sous contrôle jusqu’en mai 2016 du groupe suisse, Pavatex. Fabricant de panneaux d’isolants en fibre de bois, employant 220 personnes pour 78 millions d'euros de chiffre d’affaires, Pavatex disposait d’une usine à Cham, en Suisse, sur son site historique, qui travaillait essentiellement pour les marchés allemands et suisses. « En 2013, le pari de Pavatex était de développer le marché français du panneau isolant rigide », détaille Jean-Michel Grosselin. Le monde du bâtiment en France est effectivement tourné vers des systèmes d’isolation souples, très différents à mettre en œuvre. La décision du groupe suisse s’appuie aussi sur la revalorisation spectaculaire du franc suisse, qui avait rendu nécessaire de produire en zone euro pour conserver une compétitivité compatible avec les impératifs du marché.

Une usine à 60 millions d'euros

Pour 60 millions d'euros, Pavatex a donc fait sortir de terre à Golbey une usine d’une capacité de 50.000 tonnes par an, sur un procédé dit par « voie sèche », dans lequel les plaquettes de bois utilisées pour fabriquer les panneaux ne sont pas trempées dans l’eau. Moderne, conçue pour minimiser son impact environnemental, l’usine tourne avec seulement 36 salariés dédiés à la production, organisés en six équipes. La présence à Golbey de la première papeterie européenne, le Finlandais Norske Skog a pesé lourdement dans la balance : la papeterie fournit électricité et vapeur à l’usine voisine Pavatex et traite tous les effluents sortant du site. « C’est un exemple abouti de ce que j’appelle l’écologie industrielle », se félicite Jean-Michel Grosselin. L’isolation des bâtiments grâce à des fibres de bois est un marché de 280 millions d'euros en Europe et de 40 à 50 millions en France. « C’est donc un petit marché, mais sur lequel nous observons des croissances constantes depuis 2008, soit environ 10 % », détaille Jean-Michel Grosselin. Sur un marché perçu comme une source de revenus faciles, les industriels investissent, avant de déchanter : «En 2015 et 2016, le marché de l’isolation à base de fibre de bois a connu une forte restructuration », explique le directeur de Pavatex France.

Complément de gamme

La société Actis a stoppé la production d’isolant souple et Homatherm a fermé son usine de Saint-Dizier. Le groupe Saint-Gobain a mis la main sur Isonat et le groupe alsacien Soprema (2,32 milliards d’euros de CA ; 6.892 collaborateurs), numéro un mondial de l’étanchéité et de l’isolation du bâtiment, a donc racheté Pavatex. Le groupe compte 15 usines d’isolation, 19 usines d’étanchéité et opère dans 90 pays. « Avec Soprema, nos moyens de développement sont sans commune mesure », se félicite Jean-Michel Grosselin. Dès le rachat, les équipes commerciales ont fait fonctionner les synergies, en mettant notamment en avant l’aspect « biosourcé » des produits Pavatex. « Avant, nous avions huit commerciaux, désormais, nous sommes à trente. C’est une force commerciale adaptée : nous étions trop petits » Autre clé de marché, le négoce : pour Pavatex, avoir rejoint une major comme Soprema ouvre de nombreux marchés auparavant compliqués à adresser. L’année dernière, le site Pavatex de Golbey a produit 40.000 tonnes de panneaux isolants et vise les 42.000 cette année.

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