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Biolie exporte sa bioraffinerie au Canada
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Biolie exporte sa bioraffinerie au Canada

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Grâce à une licence de brevet, Biolie va dupliquer au Canada la bioraffinerie installée en Meurthe-et-Moselle. Elle permet d'extraire des ingrédients pour les marchés de la cosmétique et de l'agroalimentaire.

Biolie réalise déjà 40% de son activité à l'export et va encore se rapprocher du marché nord-américain — Photo : © Jean-François Michel

La première tentative de contact date de 2013. « Mais mon e-mail est resté sans réponse… ». C’est finalement sur un salon, à Paris en 2017, que le rapprochement a été initié. Et fin avril, Nicolas Attenot, le président de Biolie, société spécialisée dans l’extraction enzymatique basée à Vandoeuvre-lès-Nancy, a officialisé « l’octroi d’une licence de brevet au Centre d’entrepreneuriat et d’essaimage de l’Université du Québec à Chicoutimi (CEE-UQAC) pour l’utilisation de sa technologie verte d’extraction ».

Concrètement, grâce à cette licence du procédé Biolie et une aide financière de 4 millions de dollars du gouvernement du Canada, « un nouveau centre de transformation et de valorisation de bioproduits verra le jour à Saguenay, au Québec, sur le modèle de l’unité industrielle installée à Vandoeuvre-lès-Nancy », détaille Nicolas Attenot. L’installation sera réalisée pour le compte du CEE-UQAC, un centre d’affaires universitaire œuvrant dans le transfert de technologies.

Pour la société lorraine, c’est la garantie de faire 30 % de chiffre d’affaires supplémentaire, dans une trajectoire de croissance à 60 % l’année dernière. « Et nous allons refaire 60 % sur cet exercice », estime Nicolas Attenot, qui préfère rester discret sur le montant exact de l’activité réalisée : « Nos concurrents ne communiquent pas et nous sommes dans un tout petit monde ».

Un accès aux ressources de la forêt boréale

Ce monde, c’est celui des fournisseurs d’ingrédients pour les marchés de la cosmétique et de la nutraceutique (les alicaments). Des marchés sur lesquels Biolie exploite un procédé breveté, à base d’enzymes : sans solvant, sans procédé chimique, les « cocktails enzymatiques » de Biolie peuvent extraire par exemple des « molécules anti-âge depuis des sapins vosgiens », souligne Nicolas Attenot. Au total, les équipes de Biolie ont travaillé sur 300 plantes pour bâtir un catalogue de 25 ingrédients.

La nouvelle « bioraffinerie » canadienne devrait être opérationnelle en mars 2020 et sera exploitée par l’industriel canadien Boréaceutique. Un risque pour Biolie, qui pourrait voir sa technologie lui échapper ? « Non, car même si vous avez les machines, vous ne pouvez rien faire sans les cocktails enzymatiques », insiste Nicolas Attenot. « Et ces cocktails enzymatiques seront toujours préparés ici, à Vandoeuvre. »

Pour l’équipe de Biolie, composée de neuf personnes, ce contrat est aussi une porte ouverte vers les richesses de la forêt boréale, cette forêt occupant des latitudes nordiques et abritant des espèces de conifères particulièrement résistantes au froid. Au-delà du partenariat industriel, « nous avons lancé depuis deux ans des collaborations scientifiques », précise Nicolas Attenot. « Appliqué sur les espèces de la forêt boréale, notre procédé va permettre de découvrir de nouveaux ingrédients. »

Pour la PME lorraine qui réalise déjà 40 % de son activité à l’export, c’est aussi une manière de se rapprocher du marché nord-américain : « Notre procédé vise à avoir un impact environnemental minimal, donc faire traverser l’Atlantique à la ressource pour la traiter ici n’a aucun sens », estime Nicolas Attenot. Le président de Biolie veut désormais multiplier les collaborations telles que celle entamée avec les Canadiens : « Nous réfléchissons au Brésil, à l’Afrique du Sud ou encore à l’Australie ».

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