C’est un petit colis de 61 tonnes qui vient d’être livré à Laneuveville-devant-Nancy (Meurthe-et-Moselle). Le producteur de carbonate et de biocarbonate de sodium Novacarb (300 salariés, 140 M€ de CA), filiale du groupe Seqens, a reçu le 3 juin une chaudière gaz de 14 mètres de long, 5 mètres de haut et 7 mètres de large.
Cette dernière, acheminée d’un seul bloc par convoi exceptionnel depuis les ateliers du fabricant de chaudières industrielles de récupération Stein Energy à Cernay (Haut-Rhin), est une pièce essentielle à la bonne tenue du programme Novawood officiellement lancé en janvier 2020 par l’industriel meurthe-et-mosellan. Visant à construire une centrale de cogénération biomasse, le projet nécessitera au total près de 87 millions d’euros d’investissements répartis entre Engie Solutions (51 %), Novacarb (30 %) et la Caisse des dépôts (19 %).
Chaudière de secours
Avant d’atterrir sur ce chantier de deux hectares, à quelques mètres de l’usine principale de La Madeleine, l’engin a été transporté pendant une semaine entre Alsace et Lorraine, d’abord en péniche, puis en camion. "Cette chaudière gaz n’est pas forcément l’équipement le plus important mais c’est le plus lourd qu’on aura à transporter sur ce chantier, indique Alain Guillerme, directeur du projet chez Engie Solutions. Elle va nous servir de secours et d’appoint à la chaudière principale qui sera une chaudière biomasse."
Cette dernière, trois à quatre fois plus grosse, sera construite directement sur place par l’industriel danois AET et affichera 66,5 mégawatts de puissance équivalente à 2 500 chaudières domestiques. Ce chantier, fruit de dix ans de travaux préparatoires et finalement validé par l’État le 24 décembre 2019, est divisé en une quinzaine de lots. "Novawood est un projet de très longue haleine, confirme Alain Guillerme. L’idée est d’aider notre client Novacarb à supprimer ses chaudières à charbon et accomplir son programme de transition énergétique."
Mise en service en septembre 2022
Pour produire simultanément de l’énergie électrique et thermique, du gaz naturel et du bois seront utilisés. Et plus précisément du bois de démolition récupéré dans un rayon de 150 kilomètres et des traverses de chemin de fer.
Cette matière première arrivera déjà broyée et sera conservée dans trois silos de 2 500 mètres cubes et de 12 mètres de haut encore en construction. Deux cheminées de 50 mètres de haut seront installées en juillet et la turbine de 14,6 mégawatts issue des ateliers italiens de chez Fincantieri en novembre.
Le site devrait finalement être opérationnel en septembre 2022 et devrait produire 115 gigawattheures d’électricité par an, soit la consommation de 65 000 foyers. Selon les porteurs du projet, 20 emplois directs et plus de 150 emplois indirects seront créés. Sans compter les 300 emplois pérennisés sur le site voisin de La Madeleine.
La transition énergétique de Novacarb sera complétée dans un second temps par un nouveau projet de construction de centrale de valorisation énergétique (Novasteam). Un programme géré cette fois par Suez visant à exploiter des combustibles solides de récupération (CSR) et notamment des plastiques non recyclables. "Novawood assurera 40 % de la filière biomasse et Novasteam en gérera 40 % supplémentaires, détaille Alain Guillerme. Le gaz servira les 20 % restants." Le charbon, lui, disparaîtra avant 2025.