Pas facile de bousculer un marché pesant 3 milliards d’euros d’activité avec des groupes de dimension mondiale, solidement installés, comme Keyence (5 Md$ de CA) ou Cognex (730 M$ de CA). Pourtant, c’est bien dans la « vision industrielle » que la société innovante Aprex Solutions, installée à Nancy, entend se faire une place. Les systèmes de vision industrielle s’appuient sur des capteurs numériques, comme des caméras, reliés à un logiciel capable de traiter et de mesurer l’image pour prendre une décision : alignement de pièces, remplissage de bouteilles, qualité d’une surface, les applications sont aussi diverses que les process industriels. « Notre approche est très humble », souligne Romain Baude, le président d’Aprex Solutions. « Tout le monde a déjà son procédé, personne ne nous attend. La solution, c’est de convaincre les industriels grâce à la qualité de notre logiciel. »
Apex Solutions s’appuie sur des années de recherche, menée à l’Institut Jean-Lamour de Nancy, un institut de recherche académique sur les matériaux et la métallurgie : pour analyser les réactions qui se produisent lors d’expérimentation sur la fusion nucléaire, deux chercheurs, Frédéric Brochard et Jamal Bougdira, ont développé une nouvelle approche qui fait ses preuves. « À partir d’une simple image vidéo, issue d’une caméra standard, il devenait possible d’analyser des quantités de données, de suivre des particules, de connaître leur taille, leur vitesse », explique Romain Baude. Associé à Mikaël Désécures, les deux ingénieurs devenus entrepreneurs décident d’accélérer le transfert de cette technologie très prometteuse vers le monde industriel.
Des références académiques et industrielles
Fin 2016, le projet Aprex est sélectionné par l’Incubateur lorrain : un an plus tard, en novembre 2017, la société est créée et enregistre sa première vente auprès d’un laboratoire de l’Université de San-Diego, aux États-Unis. « Une de leurs équipes travaille sur des projets de stockage miniaturisé. Notre logiciel est le seul qui leur permet d’obtenir les informations qu’ils recherchaient », précise Romain Baude. Une confirmation de la pertinence de l’approche portée par Aprex Solutions qui trouvera écho quelque temps plus tard, avec une référence dans le milieu industriel : le groupe Prysmian, pour surveiller la qualité de la production réalisée dans une usine de fibre optique à Douvrin, a fait appel au logiciel développé par Aprex Solutions.
Lauréat des trophées de l’innovation organisés par la région Grand Est, Aprex Solutions vient d’intégrer Scal’Enov, l’accélérateur de start-up du Grand Est : avec le même objectif que pour l’ensemble de la promotion, le million de chiffre d’affaires en trois ans. Pour le président d’Aprex Solutions, cette sélection « tombe très bien, au bon moment dans notre développement ». L’équipe, qui compte déjà 6 personnes, va être renforcée par six nouvelles recrues : « Des commerciaux, mais aussi des ingénieurs », précise Romain Baude. La société s’apprête à lever des fonds afin de financer son développement, pour un montant qui devra dépasser le million d’euros, et envisage d’atteindre le point mort d’ici deux à trois ans.
