Alain Toubol (EPFL) : « Nous n'accompagnerons plus de projet d'extension urbaine »
Interview # Collectivités territoriales

Alain Toubol directeur-général de l’Etablissement public foncier de Lorraine Alain Toubol (EPFL) : « Nous n'accompagnerons plus de projet d'extension urbaine »

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L’Établissement public foncier de Lorraine a gravé dans le marbre ses orientations stratégiques pour les 5 ans à venir. Alain Toubol, son directeur général, dévoile cette feuille de route qui met l’organisme d’État au diapason de l’objectif national de « zéro artificialisation nette des sols ».

Alain Toubol, directeur général de Etablissement public foncier de Lorraine, présente la feuille de route de la structure — Photo : © Philippe Bohlinger

En quoi l’adoption du nouveau programme pluriannuel d’intervention de l’Établissement public foncier de Lorraine constitue-t-elle un moment charnière ?

Alain Toubol : Le conseil d’administration de l’EPF Lorraine a adopté son 10e programme pluriannuel d’intervention le 4 décembre dernier pour la période 2020-2024. Il s’agit d’une étape importante, un moment où l’établissement se retourne sur ce qu’il a accompli et consolide les virages amorcés pendant la période écoulée. À cette occasion, l’EPF Lorraine entend insister sur le fait qu’il travaille avec l’ensemble des territoires situés sur son périmètre de compétence (Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle et Vosges), des plus urbains aux plus ruraux. Nous sommes notamment engagés aux côtés des villes moyennes au travers du programme national « Action cœur de Ville » qui vise à redynamiser leurs centres-villes. Douze villes sont concernées en Lorraine. Mais l’EPF est également présent au travers de la stratégie régionale en faveur de ces villes et des différentes démarches pour les centres bourgs.

De quels moyens dispose l’EPF Lorraine pour mener à bien ses missions ?

Nos missions se partagent entre l’acquisition et la gestion foncière d’un côté et les études et le pré-aménagement de l’autre. Le portage foncier consiste à acquérir, à gérer dans le cadre d’une convention pluriannuelle et céder au prix de revient un patrimoine pour le compte d’une collectivité. L’EPF peut également assurer la maîtrise d’ouvrage des travaux de remise en état de ces terrains, le désamiantage et la déconstruction des bâtiments existants. Notre établissement prend en charge entre 80 et 100 % des coûts de ces travaux. La mise en œuvre de ces missions dans le cadre du nouveau PPI s’appuie sur un budget de 227 millions d’euros en dépenses opérationnelles.

En quoi les domaines d’intervention de l’EPF évoluent-ils ?

Depuis trente ans, la reconversion des friches industrielles, mais aussi militaires et hospitalières, constitue un axe majeur d’intervention de notre EPF. Toutefois, la reconversion des très grandes friches industrielles est désormais largement derrière nous. L’établissement travaille davantage sur des friches plus modestes, autour de 10 ha, mais dont les dimensions restent disproportionnées au regard du tissu urbain environnant. C’est le cas, par exemple, des sites des anciennes papeteries vosgiennes de Docelles et d’Anould. L’EPF reste dans le même temps un partenaire de premier plan de programmes d’envergure à l’instar de l’opération d’intérêt national Alzette-Belval. Cette écocité bâtie très majoritairement sur d’anciennes friches sidérurgiques à la frontière luxembourgeoise prévoit la construction d’environ 8 300 logements et la rénovation de 300 logements existants. L’établissement est également à l’œuvre aux côtés de Metz Métropole dans la reconversion des 380 ha de l’ancienne base aérienne 128 rebaptisée « plateau de Frescaty ».

Comment l’EPF Lorraine s’adapte-t-elle à l’objectif de « zéro artificialisation nette des sols » ?

Chaque année, 1 800 ha sont artificialisés sur les quatre départements lorrains, que ce soit par des constructions ou par des infrastructures routières. À titre de comparaison, cette surface conduirait à recouvrir la ville de Metz en l’espace de trois ans. Sur la période du nouveau PPI, nous n’accompagnerons quasiment plus de projets d’extension urbaine. Nous aiderons en revanche les collectivités à réfléchir à la meilleure manière de réinvestir leurs centres-villes au travers d’une plus grande densification, de la réutilisation de l’enveloppe urbaine, etc.

De quel autre enjeu national l’EPF se saisit-il ?

Nous nous sommes également emparés récemment de l’enjeu des copropriétés en difficulté. L’EPF intervient par le biais du portage immobilier, en partenariat avec l’Agence nationale de l’habitat. Cette orientation s'est récemment traduite via l’acquisition, toujours en cours, par l’EPF d’une vingtaine de lots dans le cadre du plan de sauvegarde de la tour Bernadette (94 logements) dans le quartier de Metz-Borny. La cession de l’usufruit aux bailleurs sociaux ouvre la voie à une remise en état des logements.

Qu’en est-il du chantier de l’élargissement de votre périmètre d’intervention que vous engagez en 2020 ?

La question de l’extension de notre périmètre était déjà venue sur la table en 2016 avec l’avènement de la région Grand Est. Le 10 décembre dernier, le préfet de la région Grand Est a engagé la consultation des collectivités territoriales sur l’élargissement du périmètre à la Champagne-Ardenne et l’agglomération de Mulhouse. Le projet de décret instaurant ce nouveau périmètre de compétences est en effet attentif à préserver le champ d’intervention de l’EPF local d’Alsace. Les collectivités concernées devront se prononcer d’ici au printemps par une délibération. Ce qui pourrait conduire à la validation du nouveau périmètre d’ici fin 2020 par la signature d’un décret.

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