Meurthe-et-Moselle
450 emplois suspendus à l'avenir du siège coquille
Meurthe-et-Moselle # Santé # Ressources humaines

450 emplois suspendus à l'avenir du siège coquille

S'abonner

Un projet de modification du remboursement des sièges coquilles menace le projet de développement industriel lancé chez Dupont Médical. Au-delà de l’entreprise basée à Pompey, c’est 450 emplois qui sont menacés.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Conçu pour les personnes ayant des difficultés à se maintenir en position assise, le siège coquille est un dispositif médical qui était pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Était, car les autorités de santé ont décidé de limiter la prescription des sièges coquilles aux personnes lourdement handicapés, à savoir les personnes dont la dépendance est évaluée GIR 1 et GIR 2. « Concrètement, ce n’est même pas 10 % du marché », estime Christophe Oculi, directeur général du Dupont Médical. Son entreprise, qui emploie 140 salariés et réalise 30 millions d'euros de chiffre d’affaires, tient une bonne partie du marché des sièges coquilles : « Si ce projet de limitation du remboursement est mis en place, le marché va s’effondrer de plus de 90 %, et cela remettra en cause les développements industriels prévus par le propriétaire du site, le groupe Drive Medical. » Pesant environ 1 milliard de chiffre d’affaires, ce groupe américain s’est développé dans le négoce et la vente de matériel médical : « Depuis quelques années, le groupe prend un virage stratégique en devenant un industriel », détaille Christophe Oculi.

Compétitifs face à l’Asie

L’usine de Pompey, achetée en 2014, a été le premier site de fabrication du groupe et devait, à terme, produire des sièges coquilles pour l’ensemble des sites européens de Drive Medical. « Ce pari industriel était basé sur le fait que nous sommes aujourd’hui compétitifs par rapport aux Asiatiques », assure Christophe Oculi. « Produire en zone Euro est aujourd’hui intéressant. Non seulement du fait des effets de taux de change, mais aussi grâce à la qualité de la production et de la compétitivité des équipes. »

À Pompey, une trentaine de personnes sont dédiées à la fabrication des sièges coquilles : la moitié de l’activité de Dupont Médical est réalisée dans l’importation de produits, l’autre dans la production. « Pour être compétitif par rapport à l’Asie, nous avons investi pour automatiser notre process », souligne Christophe Oculi. Réalisée quasiment sur-mesure, en fonction des mensurations des patients, la confection du siège coquille à Pompey s’appuie sur des robots, qui ont permis de diminuer le temps de fabrication. Loin de vouloir lancer le débat sur le terrain médical, sur lequel l’industriel ne veut pas se s’aventurer, Christophe Oculi réclame tout simplement du temps : « Du temps pour nous retourner et réorienter le projet industriel », précise le directeur général, qui n’explique pas la brutalité de la décision : le projet prévoit en effet une application dès le 1er avril. D’autant que cette mesure ne devrait pas engendrer de réelles économies. Remboursés environ 590 €, 95% des sièges coquilles prescrits pour des patients français sont produits en France : mais le marché, faute de solutions, pourrait rapidement basculer vers le fauteuil roulant dit « de confort », remboursé à près de 950 € et importé à 90 % d’Asie.

Une filière de 450 personnes

« Nous avons comme projet de réindustrialiser ce type de fauteuil », précise Christophe Oculi, « mais nous ne sommes pas prêts. Il nous faut au moins 24 mois pour nous organiser ». Au total, en comptant le fabricant mosellan des coquilles, le sous-traitant qui peint les éléments du siège et en intégrant les trois concurrents à Dupont Médical, ce ne sont pas moins de 450 emplois qui sont menacés. Du côté des Américains de Drive Medical, on suit la situation avec attention : « Je crains que le groupe perde le goût d’investir en France. Le niveau de confiance est à zéro », lâche Christophe Oculi.

Meurthe-et-Moselle # Santé # Ressources humaines