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Yann Trichard : « Il faut poursuivre le processus de rationalisation des CCI »
Interview Loire-Atlantique # Réseaux d'accompagnement

Yann Trichard président de la CCI de Nantes Saint-Nazaire Yann Trichard : « Il faut poursuivre le processus de rationalisation des CCI »

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Président de la CCI de Nantes Saint-Nazaire, Yann Trichard plaide pour une meilleure coordination des CCI et, plus globalement, de tous les acteurs accompagnant les entreprises pour réaliser des économies. Pour autant, il ne soutient pas la baisse de dotation de 400 millions d'euros en 4 ans prévue par la réforme récemment annoncée par le gouvernement.

Pour Yann Trichard, président de la CCI de Nantes Saint-Nazaire, "si l’État veut faire des économies, il faut qu’il joue davantage son rôle de gestionnaire et de pilote" — Photo : CCI Nantes Saint-Nazaire

Le Journal des Entreprises : Quel est votre sentiment après la décision de Bruno Le Maire de réduire de 400 millions d’euros la dotation allouée aux CCI ?

Yann Trichard : Sur le fond, je suis favorable à la baisse des dépenses publiques. Maintenant, quand j’entends dire qu’en réduisant de 60 % le budget d’appui aux entreprises, nous allons améliorer les CCI, c’est faux ! Le timing est absolument intenable. Personne ne peut faire la même chose avec 400 millions d’euros de moins. La vérité, c’est qu’il ne sera pas possible de faire sans casse sociale (jusqu'à 4 000 postes supprimés d'après un calcul de l'Inspection Générale des Finances, soit « l'un des plus grands plans sociaux de France » selon le président de CCI France Pierre Goguet, ndlr). Et que cette coupe budgétaire va avoir un impact très fort sur les capacités des CCI à accompagner les entreprises. Ceux qui disent l’inverse mentent.

Pour le ministre de l’Économie, les CCI doivent se réorganiser autour de trois missions : l’accompagnement des PME, la formation et la représentation des entreprises. Êtes-vous d’accord avec ce rôle ?

Y. T. : C’est ce que nous faisons déjà ! L’appui à la création, à la transmission et à l’international constituent déjà l’essentiel de nos missions d’accompagnement des entreprises.

Quelles sont les activités qui risquent de souffrir ?

Y. T. : Soyons clairs, soit nous devrons nous séparer de services entiers, soit nous devrons couper partiellement certaines de nos activités. À la CCI de Nantes Saint-Nazaire, on gère par exemple 60 000 appels téléphoniques par an. Des questions de chefs d’entreprise sur la taxe d’apprentissage, sur le financement, sur le développement à l’international… Qui va traiter ces appels demain ? Que va-t-on faire des études que l’on réalise, qui permettent d’éclairer les municipalités sur les PLU par exemple ? Comment va-t-on accompagner les PME et les TPE ?

Qu’attendez-vous de l’État ?

Y. T. : Du bon sens. J’espère que l’État se rendra compte que tout cela est intenable.

« L’un des leviers pour réaliser des économies, c’est d’accroître le rôle de CCI France. »

Bruno Le Maire veut réinventer les CCI. Êtes-vous d’accord avec cela ?

Y. T. : Mais ça ne veut rien dire ! Je souhaite que l’État reprenne possession de cet outil formidable que sont les CCI. C’est un formidable outil de redistribution pour les PME. La majorité d’entre elles paient moins de cent euros par an de taxe pour frais de chambre. Maintenant, je suis favorable à poursuivre le processus de rationalisation pour faire des économies.

Comment rationaliser les CCI ?

Y. T. : Il y a déjà moins de chambres (126 aujourd'hui, ndlr) et il y a encore des fusions à venir. Il nous faut encore travailler sur nos coûts de gestion. L’un des leviers pour réaliser des économies, c’est d’accroître le rôle de CCI France. Cela permettrait de standardiser les actions des CCI. Je suis d’accord sur le fait d’avoir un cadre national et une réponse territoriale spécifique. Ce serait une évolution pour le réseau, car aujourd’hui l’échelon territorial est très fort. Et si l’État veut faire des économies, il faut qu’il joue davantage son rôle de gestionnaire et de pilote. Pourquoi ne pas interdire par la loi les doublons entre les agences des conseils régionaux, par exemple, et les missions des CCI ?

Constatez-vous des doublons entre les missions des CCI et celles effectuées par les agences de développement des Régions ou des Métropoles ?

Y. T. : Je ne peux pas le dire, il faudrait faire un audit. Par contre, je trouverais normal que tous les acteurs d’appui aux entreprises d’un même territoire soient réunis dans un même lieu. Il y a donc beaucoup de choses à faire, plutôt que d’aller vers de la casse sociale.

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