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Ventilairsec : Comment cette PME a réussi à faire changer la législation
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Ventilairsec : Comment cette PME a réussi à faire changer la législation

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Lauréate de l'appel à projet France Expérimentation, la PME Ventilairsec de Couëron est enfin autorisée à tester sa solution de ventilation intelligente dans toute la France. Sa co-gérante Michèle Potard a convaincu l'Élysée de faire évoluer la loi...

— Photo : Le Journal des Entreprises

Elle a réussi à faire évoluer une législation qui n'avait pas changé depuis trente ans. C'était le 23 mars dernier. Michèle Potard, cogérante de la société de ventilation Ventilairsec, présentait sa PME à l'Élysée, devant François Hollande alors président de la République et 400 invités. Ventilairsec fait en effet partie des six entreprises lauréates du dispositif France Expérimentation qui permet à des projets innovants d'obtenir des dérogations temporaires à la législation.

Pendant deux ans, Ventilairsec va pouvoir installer sa solution sur des logements neufs dans toute la France. Jusqu'ici le système innovant de ventilation et filtration qu'elle développe était seulement autorisé à être installé sur la partie sud et ouest de la France mais pas dans le nord, ni dans l'est. Si le test s'avère concluant, la réglementation pourra être généralisée à toute la France. Cela serait alors un vrai appel d'air pour cette société qui travaille depuis sa création, il y a 31 ans, à l'amélioration de la qualité de l'air intérieur des logements. La ventilation mécanique par insufflation (VMI ®), solution qu'elle a inventée et brevetée, permet d'obtenir une meilleure qualité de l'air intérieur que la traditionnelle VMC (ventilation mécanique contrôlée) installée dans la plupart des logements. Avec la VMI, l'air est filtré et préchauffé et donc exempt de particules fines, polluants intérieurs, solvants mais aussi de radon, ce gaz radioactif à l'origine de plusieurs milliers de décès par an. « La mauvaise qualité de l'air intérieur coûte énormément à l'État : 19 milliards d'euros par an selon une étude réalisée par l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail). Le problème est qu'une bonne qualité de l'air ne se voit pas », observe Michèle Potard. L'autre problème est que jusqu'ici un décret datant de 1982 privilégiait la traditionnelle VMC dans les logements neufs.

Multiplier son chiffre d'affaires par quatre d'ici 2020

Ce coup de pouce de l'État tombe au bon moment pour la PME qui était justement en train d'ouvrir une nouvelle ère de son histoire. Le 23 mars, pendant que Michèle Potard était à l'Élysée, son entreprise déménageait dans 2.000 m² dans la zone d'activité des Hauts de Couëron. Ventilairsec Group voulait réunir sur un même site ses deux antennes. La PME de 30 salariés lance trois nouveaux produits et espère multiplier son chiffre d'affaires actuel (4 millions d'euros) par quatre d'ici à 2020. Depuis le printemps, elle commercialise un capteur solaire, Solar'R, qui se couple avec la VMI pour insuffler la chaleur du soleil dans le logement par la ventilation, ainsi que la VMI Urban, une box qui ventile toujours selon le principe de la VMI dont le design le prédestine plutôt au marché des appartements urbains.

20 % du chiffre d'affaires consacré à la R & D

Ces produits ont tous été inventés au sein du centre de recherche et développement qui mobilise huit personnes à temps plein et auquel l'entreprise consacre 20 % de son chiffre d'affaires depuis la reprise par les nouveaux dirigeants en 2006. « Nous avons toujours fait des choix par conviction plutôt que des choix financiers en matière de qualité de l'air intérieur », raconte la cogérante. Passionnée par ce sujet, militante, Michèle Potard a toujours suivi de près les publications scientifiques et les conférences sur la qualité de l'air intérieur et ses effets sur la santé. C'est sans doute ce qui lui a permis de convaincre l'Élysée de faire évoluer la législation. « Ma crédibilité, c'est d'avoir beaucoup investi. On a toujours fait des choix par conviction, on a toujours eu plus d'ingénieurs que de commerciaux. On n'est pas une machine à faire du fric, c'est ce qui nous a permis d'être écoutés par les ministères », rapporte Michèle Potard. La consécration est arrivée au printemps. Elle, qui a souvent eu l'impression de prêcher dans le désert sur cette question méconnue de la qualité de l'air face à des acteurs de la VMC qui faisaient tout pour l'empêcher d'accéder à son marché, a reçu les insignes de la Légion d'honneur. Une grande fierté pour celle qui dit avoir « souvent eu l'impression d'être le vilain petit canard » et qui aujourd'hui pilote le nouvel élan de la société.

Un centre de formation pour les pros du bâtiment

La PME, qui travaille en collaboration avec des constructeurs tels que Trecobat, IGC mais aussi le spécialiste de la production d'eau chaude Saunier Duval ou encore Delta Dore, ouvre parallèlement un centre de formation pour former les professionnels du bâtiment qui ne connaissent pas sa technologie. « L'enjeu est de coupler notre solution aux énergies renouvelables pour répondre aux enjeux de la transition énergétique », explique Michèle Potard.

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