Tripapyrus : Le centre de régénération des plastiques, un projet à 5 millions d'euros
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Tripapyrus : Le centre de régénération des plastiques, un projet à 5 millions d'euros

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ENVIRONNEMENT A Givrand, Tripapyrus aimerait remplacer son activité de tri des déchets ménagers par la régénération des plastiques polyéthylène et polypropylène. Objectif : vendre cette matière première, sous forme de petites billes, pour des industries comme l'automobile.
— Photo : Le Journal des Entreprises

« En France, plus de 78 % des plastiques finissent encore enfouis ou incinérés... ». Président de Tripapyrus Environnement, Paul Clément commence par dresser ce constat avant d'évoquer son nouveau projet de centre de régénération du plastique au Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Son entreprise d'insertion traite déjà 13.000 tonnes de déchets par an. Un chiffre qui cumule les déchets industriels récupérés dans le Nord Ouest Vendée (bois, ferrailles, gravats...), la déconstruction de mobil-homes issus des campings du département ou encore les encombrants des particuliers, tout cela traité à L'Aiguillon-sur-Vie. Ce total inclut aussi les emballages ménagers des Pays de Saint-Gilles et de Challans (carton, plastique, conserves...), récupérés sur son autre site de Givrand.




Recycler fenêtres PVC ou chaises de jardin

Une dernière activité qui doit s'arrêter fin 2016. Le syndicat mixte départemental Trivalis, responsable du traitement des déchets des particuliers « ayant décidé de réunir ses différents centres de tri sur un seul site à La Ferrière », explique Paul Clément. Pour compenser cette fin d'activité sur un site qui emploie 17 personnes, Paul Clément s'apprête à concrétiser un projet auquel il cogite depuis environ dix ans : « régénérer certains plastiques pour qu'ils puissent ensuite servir de matière première aux industriels ». Quid du recyclage possible ? « Pourquoi pas l'automobile, pour la fabrication de pare-chocs ou d'éléments de coffres », suggère le dirigeant.




Petites billes plastiques

Scientifiquement, les matières devant être régénérées se nomment le polyéthylène (ou PE) et le polypropylène (PP). « Concrètement, les déchets prennent la forme de PVC utilisés en menuiserie pour réaliser des encadrements de fenêtres, des tuyaux et toute une série d'objets du foyer : poubelles, chaises de jardins, jeux pour enfants, arrosoir etc., cite le Vendéen. Les produits autres que les emballages représentent 7 % à 15 % de la benne "tout venant " d'une déchetterie ». Ce type de matériaux plastiques, la Scop (société coopérative) les récupère déjà en partie pour des industriels et négociants, qui les acheminent sur divers sites en Europe. Mais il n'existait jusqu'ici pas de « site de traitement proprement dit dans le tiers ouest de la France », assure Paul Clément, c'est-à-dire incluant affinage (réduction en paillettes) et granulation (refonte du plastique et élimination des impuretés). Remplaçant le centre de tri des déchets ménagers de Givrand, ce projet de site de régénération accueillera les rebus avant de les trier, nettoyer, broyer puis de les extruder... En fin de chaîne, ces derniers ressortiront transformés en billes de quelques millimètres : la matière première que vendra Tripapyrus.




« Objectif : 10.000 tonnes »

Objectif : livrer 3.000 tonnes par an au démarrage, puis « 10.000 tonnes à l'horizon 2020. » « Le coût du futur parc machines et des travaux s'élève à environ cinq millions d'euros », indique Paul Clément. Question financement, plusieurs pistes ont été étudiées. Un dossier a été déposé auprès de l'Ademe pour obtenir des fonds au titre des investissements d'avenir,. La Région pourrait également être sollicitée. Enfin, l'entrée au capital d'un acteur privé n'est pas exclue non plus. Côté client, « un industriel du Grand Ouest s'est déjà montré intéressé », assure la direction de Tripapyrus. Restent quelques questions à résoudre. L'activité doit-elle se faire sous forme de délégation de service public ou pas ? Comment organiser la collecte ?






Feu vert attendu fin 2016

Enfin Trivalis donnera-t-il son accord pour fournir les déchets ? « Ils sont quasiment obligés d'y participer », estime le maire de Saint-Hilaire de Riez et conseiller départemental, Laurent Boudelier. Celui-ci assure le lobbying du projet, via notamment un travail de mise en relation avec les institutions (Département, Région, Trivalis...), les organismes de formation (MFR...) ou les industriels (Bénéteau...). L'élu aimerait développer les filières plastiques et algues sur son territoire. Pour lui et Paul Clément, la réalisation du projet fait peu de doutes. « Les prototypes des produits finis ont été réalisés. Quant au process, il a quasiment été validé. On espère donner le feu vert d'ici fin 2016 », confie le chef d'entreprise.




15 salariés en insertion

Si la PME réussit son pari, elle devrait d'abord maigrir « et passer de 40 à 25 salariés l'an prochain » du fait de l'arrêt du traitement des déchets ménagers, « avant de reconstituer l'effectif en 2018, avec l'essor de la nouvelle activité », prévoit Paul Clément. Principaux touchés par cette coupe, les salariés en parcours d'insertion qui restent au maximum deux ans en CDD. Quinze aujourd'hui, une poignée très certainement en 2017. Tremplin vers un job pérenne l'entreprise d'insertion, accueille des personnes assez peu éloignées de l'emploi. Pour preuve, les subventions au poste pèsent « seulement 3 % du chiffre d'affaires ». « Avec nos encadrants techniques, on lève les derniers freins à l'employabilité, en les aidant dans leurs démarches pour obtenir un permis B ou poids lourd, pour acquérir de l'autonomie sur un poste, etc. », décrit le patron de Tripapyrus.

Tripapyrus



(L'Aiguillon-sur-Vie) Président : Paul Clément 40 salariés 2,3 millions d'euros de CA 02 51 95 18 25 www.tripapyrus.com

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