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Total : Le groupe investit 400 millions à Donges
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Total : Le groupe investit 400 millions à Donges

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Pour que sa raffinerie ligérienne renoue avec les bénéfices, Total annonce 400 millions d'euros d'investissement supplémentaires à Donges. Cette décision sauve près de 700 emplois et... le trafic du port de Nantes Saint-Nazaire.

Photo : Ph. Saget - Wikimedia CC3

Dans un contexte de crise du raffinage en Europe, deux des cinq raffineries françaises du groupe Total perdent de l'argent de façon structurelle. Celle de La Mède dans les Bouches-du-Rhône. Et celle de Donges, en Loire-Atlantique, qui perd plusieurs dizaines de millions d'euros par an. Le groupe français vient d'annoncer un plan visant à stopper l'hémorragie. Il va investir pour cela 600 millions d'euros dans ces deux raffineries. Dans le Sud de la France, 200 millions d'euros vont permettre de créer une unité de production de biocarburants. Mais, sur les bords de la Méditerranée, le groupe arrêtera fin 2016 le traitement de pétrole brut, ce qui générera près de 180 suppressions de postes. La direction du groupe assure qu'il n'y aura pas de licenciements, ni de mobilité géographique forcée pour les non-cadres sur ce site qui emploie 430 personnes.

Donges : le site pérennisé, le trafic du port sauvé

La raffinerie de Loire-Atlantique s'en sort beaucoup mieux. Le site conserve son activité historique et aucun des 680 emplois du site n'est impacté. Cette décision sauve également l'activité du port de Nantes Saint-Nazaire. Total est son premier client et pèse environ 15 millions de tonnes par an, soit plus de la moitié du trafic. La raffinerie de Donges va bénéficier de 400 millions d'euros d'investissement. Une enveloppe qui s'ajoute aux 100 millions d'euros d'opérations de maintenance lourde déjà prévues et qui démarrent en ce mois de mai. Ces cinq cents millions d'euros ne vont pas augmenter d'un iota la capacité de production du site. Ils doivent en améliorer la compétitivité et la valeur ajoutée.

Moins de soufre... et de concurrence US !

Les 400 millions d'investissement vont principalement permettre de monter une nouvelle unité enlevant le soufre présent dans le carburant. Aujourd'hui, un tiers des carburants issus de la raffinerie de Donges présente une quantité de soufre supérieure à ce que prévoient les normes européennes. Du coup, la raffinerie exporte en Afrique de l'Ouest cette partie de sa production, qui est fortement concurrencée par les raffineurs américains. Avec sa future unité de production, la raffinerie de Donges compte vendre davantage de carburants à plus forte valeur ajoutée et s'extirper ainsi de la concurrence de l'Oncle Sam, où la législation encadrant la teneur en soufre est moins stricte. Désormais, la raffinerie de Donges a les yeux rivés sur les marchés européens. Notamment sur les îles britanniques. « On a commencé à exporter à des niveaux de quantité très faibles à partir de l'année 2014 en Grande-Bretagne. Le marché reste ouvert et on a pris des parts de marché dans ce pays », indique Frédéric Pavard, directeur de la raffinerie de Donges. La nouvelle unité de production de la raffinerie ligérienne doit voir le jour courant 2019. Les études ont d'ores et déjà commencé, le début des travaux étant prévu en 2017.

Le train qui change tout

Un autre chantier se prépare également sur ce site de 350 hectares : la suppression de la ligne de chemin de fer qui coupe la raffinerie en deux. Cette voie ferrée relie Nantes à Saint-Nazaire. Pour Total, il était devenu indispensable, tant pour des questions de sécurité que de compétitivité, de la déplacer. La pérennité de la raffinerie de Donges dépendait donc de quelques centaines de mètres de rails. Après des années de discussion, les pouvoirs publics ont décidé courant avril de lancer la phase de concertation visant à choisir un nouveau tracé, contournant la raffinerie par le Nord. Ce détournement nécessite un investissement estimé à 150 millions d'euros. Total y injectera un tiers de la somme, le reste devant être apporté par l'État et les collectivités locales. Entre les opérations de maintenance lourde qui doivent améliorer la fiabilité industrielle de la raffinerie et le plan d'investissement qui doit lui offrir des marchés plus rémunérateurs, Frédéric Pavard compte renouer avec l'équilibre à l'horizon 2020. L'an passé, le site a raffiné 8,9 millions de tonnes de pétrole. « Pour que les comptes de Donges passent au vert, il faut être dans les 9 millions de tonnes », juge le dirigeant. La raffinerie Donges a une capacité de production de 9,3 millions de tonnes.

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