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Segula Technologies monte un consortium dans le stockage d’énergie
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Segula Technologies monte un consortium dans le stockage d’énergie

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Depuis une dizaine d’années, l’antenne nantaise du groupe d'ingénierie Segula Technologies pilote le projet Remora, dédié au stockage des énergies intermittentes comme l’éolien ou le solaire. Fondée sur un système de compression d’air, la technologie développée est dorénavant prête à éclore avec l’appui d’industriels.

David Guyomarc’h, responsable R & D chez Segula Technologies, travaille depuis plus de dix ans sur le projet Remora — Photo : Benjamin Robert

Après une décennie de recherche, c’est maintenant l’heure de trouver des soutiens industriels pour le projet Remora. Dirigé par l’antenne nantaise du groupe français d'ingénierie Segula Technologies, qui y mobilise 20 à 30 personnes par an, ce projet a mis sur pied une technologie qui stocke l’énergie, à l’instar d’une batterie, mais qui utilise pour cela de l’air comprimé.

Lorsque de l’énergie électrique est produite en excès, ce dispositif l’utilise pour comprimer l’air au sein de réservoirs. À l’inverse, la phase de détente (décompression) permet de réintroduire l’énergie emmagasinée au sein du réseau électrique au meilleur moment.

Le groupe Segula Technologies (12 000 collaborateurs dans une trentaine de pays dont 5 000 en France, 20,7 M€ de chiffre d'affaires en 2021, siège à Nanterre) cherche aujourd’hui des partenaires pour ce projet via la création d’un consortium européen. Entièrement propriétaire de cette innovation, la société souhaite ainsi financer les futures étapes de fabrication et d’installation de son dispositif en condition réelle.

Un stockage possible à plusieurs échelles

Cette technologie répond aujourd’hui à un véritable vide technologique. Elle offre notamment une alternative au stockage de l’énergie produite par l’éolien et le solaire. "L’utilisation d’hydrogène n’offre pas de rendement supérieur à 30 %, et les batteries ne sont pas faites pour stocker dans le temps au-delà de quelques heures", appuie David Guyomarc’h, responsable R & D en énergies marines à Segula Technologies et basé sur le site de Bouguenais. À titre de comparaison, un démonstrateur mis au point par Segula avec plusieurs partenaires locaux (Cetim, IMT Atlantique, Université de Nantes via l’Institut Ireena) peut atteindre plus de 70 % de rendement.

Malgré tout, les producteurs d’énergies renouvelables ne prennent pas de risques sur de nouvelles technologies et veulent des produits déjà éprouvés. Segula, qui emploie 450 personnes sur ses sites de Bouguenais (près de Nantes) et de Montoir-de-Bretagne (près de Saint-Nazaire) et qui consacre 5 % de son chiffre d’affaires à la recherche, s’emploie donc à démontrer la fiabilité de son système. Le groupe a d’ores et déjà autofinancé une version à petite échelle de 2 kilowatts, afin de stocker l’énergie électrique de bâtiments équipés de panneaux solaires par exemple. "À l’image d’un chauffe-eau, ce dispositif pourrait même être installé chez des particuliers", poursuit David Guyomarc’h. Ce produit serait exploitable d’ici la fin 2023.

15 mégawatts de stockage en perspective

La constitution du consortium européen servira à financer un réservoir de 200 kilowatts, de la taille d’un gros container. "Cette version plus lourde sera destinée à des bâtiments industriels, et pourra aussi rendre des services de régulation de tension sur le réseau électrique. Leur construction pourrait démarrer d’ici fin 2024", détaille le responsable. L’échelle finale repose sur l’équipement des parcs éoliens. "Les industriels du secteur semblent intéressés par des dispositifs de stockage d'au moins 15 mégawatts, ce qui ne posera aucun problème avec notre technologie", ajoute David Guyomarc’h.

Les avantages de la compression ne manquent pas. Sous l’eau, la pression des fonds marins facilitera le fonctionnement de ces réservoirs. De plus, leur fabrication ne requiert pas de terres rares ou de lithium, ni de produits inflammables ce qui élimine le risque d’incendie. "C’est une solution avec une durée de vie supérieure à 50 ans. Ces structures inertes pourraient alors être simplement posées au fond de l’eau, sans que la vie marine n’ait de mal à se l’approprier et s’y installer."

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