Royal Mer profite de la vague du made in France
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Royal Mer profite de la vague du made in France

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Après la tempête des années 2000, la marque de prêt-à-porter Royal Mer connaît une embellie. La croissance est au rendez-vous au moment où le made in France a le vent en poupe. Augmentation de la sous-traitance, développement à l'international, diversification sont au menu de la marque dinardaise dont la seule usine est à la Regrippière, en Loire-Atlantique.

Hervé Coulombel, président de Royal Mer, dans son usine de la Regrippière — Photo : David Pouilloux

La participation de Royal Mer au salon du made in France, en novembre dernier à Paris avait valeur de symbole, pour cette entreprise d'Ille-et-Vilaine, qui a su renaître de ses cendres en 2016, lorsqu’Hervé Coulombel, et son frère Roland, l’ont rachetée au tribunal de commerce de Nantes. "À l’époque, nous avons repris 45 salariés sur les 55, et nous sommes aujourd’hui 70, précise le président de cette marque qui fabrique et confectionne pulls marins, cabans, bonnets, robes et manteaux à la Regrippière, au cœur du vignoble nantais, à deux pas de Clisson. Et si vous me trouvez 10 couturières, je les embauche demain."

Créé en 1946, en dépôt de bilan en 2015, Royal Mer, après la tempête des années 2000 où les textiles importés de Chine et d’ailleurs ont anéanti la filière française de fabrication de vêtements, connaît une embellie. "Le made in France est dans l'air du temps, résume Hervé Coulombel. Pour l’exercice 2021-2022, notre chiffre d’affaires est de 5 millions d’euros, et l’on anticipe une croissance de 20 %, à 6 millions d’euros pour l’année prochaine."

Royal Mer écoule 60 000 pièces par an, et la marque de prêt-à-porter haut de gamme aux inspirations maritimes est aujourd’hui distribuée dans 200 points de vente, en France, contre 70 au moment de la reprise de la société en 2016. "Nous revendons principalement auprès de magasins multimarques. Notre magasin d’usine, qui jouxte nos ateliers de fabrication, ici à la Regrippière (Loire-Atlantique), assure 15 % de notre chiffre d’affaires, et notre site d’e-commerce, qui a seulement 3 ans, ne porte que 3 % des ventes. Nous avons aussi trois boutiques en propre, à Dinard (Ille-et-Vilaine), là où se trouve notre siège, une à la Baule, et une autre à Pont-Aven (Finistère). Le retail est un autre métier et demande beaucoup de moyens, ce n’est pas quelque chose que l’on veut développer."

Direction le Japon

À l’inverse, l’export est dans le viseur de l’entreprise. "Nous réalisons 10 % à l’export, en Allemagne, Belgique, Suisse, et nous attaquons aujourd'hui le marché asiatique, au Japon en premier. L’export fait partie de notre stratégie de développement. Nous revenons d’un salon à Tokyo. Les étrangers sont plus friands du made in France que les Français eux-mêmes. C’est un débouché clé, qui nous permet de vendre à un bon prix. Les Japonais sont attachés au made in France, symbole de qualité, de savoir-faire et d'image."

Autre volet de la stratégie de Royal Mer : développer la sous-traitance. "Un quart de notre activité est de la sous-traitance pour des marques comme Agnès B, TBS, Sézane… Toutes ces marques ont un point en commun : elles veulent avoir dans leur collection une capsule made in France, parce que c’est tendance. Pour nous, c’est intéressant, car cela permet d’alimenter l’outil de production." Un outil de production qui compte 30 machines à tricoter tournant en 2 huit, et qui pourrait passer au 3 huit, si les commandes venaient à croître.

Appel à des stylistes extérieurs

Autre atout mis en place : un rafraîchissement de la marque, des couleurs chatoyantes qui s'ajoutent au classique bleu marine, et deux nouvelles collections par an. "Nous avons apporté de la créativité et de la modernité, en faisant appel à des stylistes extérieurs." Mais le savoir-faire de Royal Mer reste son principal atout, car il est rare. "En France, des entreprises qui sont capables de faire le type de produits que l’on fait, il n’y en a pas dix, dit le dirigeant. Ce sont des métiers qui ont quasiment disparu, tués par la concurrence asiatique notamment, estime le dirigeant, qui précise : "notre différence, par rapport aux entreprises de confection qui assemblent les morceaux de tissus que leur fournissent les grandes maisons de la mode, c’est notre métier : la maille. Nous achetons notre matière première, les fils, en laine, en coton, que l’on tricote. Nous fabriquons nos tissus. Et nous travaillons exclusivement avec des filateurs italiens, qui ont su garder ce savoir-faire qu’il n’y a plus en France." Récemment, Royal Mer s'est diversifié en proposant une basket de sport 100 % française : "Le dessus, en tissu, la tige, est tricotée ici, et l'assemblage avec la semelle se fait à la Manufacture 49 à Mauges-sur-Loire (Maine-et-Loire)."

Les limites du made in France

Toutefois, le made in France a ses limites, celui du coût de la main-d’œuvre. "30 % de la confection est externalisée, précise Hervé Coulombel. Au Portugal, en Bulgarie, en Pologne. On reste en Europe. Lorsque le temps de montage de pièces est très long, qu'il y a beaucoup de finitions et de détails, comme sur une robe ou un manteau, le coût de main-d’œuvre d’un produit devient trop important et, pour un produit revendiqué made in France, ça ne passe plus au niveau du prix." En outre s'ajoute désormais au coût de la main-d’œuvre, la hausse du coût de l’énergie. La facture d’électricité de Royal Mer passera en effet de 36 000 à 140 000 euros entre 2022 et 2023. Pour l'industriel du textile, la conséquence est évidente : "Nous serons obligés d’augmenter nos prix de 10 à 15 %, en espérant que ça passe auprès de nos revendeurs."

Pour le reste, Hervé Coulombel s'habille d’optimisme de la tête aux pieds. "Nous avons aujourd’hui une histoire, des outils, des compétences, des produits de qualité. Notre enjeu principal, désormais, c’est notre notoriété. Nous devons faire mieux connaître la marque Royal Mer."

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