Comment rendre viable économiquement la relocalisation de la production d'appareils de petit électroménager ? C’est à cette question que répond Prodlab, jeune entreprise créée à la Roche-sur-Yon (Vendée) par son actuel président et actionnaire majoritaire, Olivier Kimmerling, après la reprise à la barre du tribunal de commerce de l'entreprise S20 Industries en juillet 2019.
Se définissant comme un atelier français de conception et fabrication pour le compte de tiers, la PME de 62 collaborateurs met en avant trois axes dans sa démarche : l’origine France garantie, la co-conception du produit avec le client et la réparabilité du produit.
Dernier marché en date, la nouvelle machine à café du torréfacteur Malongo (siège social dans les Alpes-Maritimes, 385 salariés, 112 millions d’euros de chiffre d’affaires) baptisée Eoh. La production de ces machines, jusqu’à présent fabriquées en Chine, a débuté en juillet ; 30 000 sortiront de l'usine d’ici fin décembre pour un rythme de croisière envisagé à 100 000 par an.
Produire au même coût qu'en Chine
Une relocalisation depuis la Chine que Prodlab a déjà mis en place pour fabriquer le Babycook, le robot cuiseur de la marque de puériculture française Béaba. Un troisième industriel français relocalisera en Vendée sa production chinoise à compter de juin 2022. "Il s’agira un petit produit d’électroménager nomade", fait savoir Olivier Kimmerling.
En 2020, 50 000 produits étaient sortis des ateliers de Prodlab. Ce sera 75 000 en 2021, 200 000 en 2022. Le chiffre d’affaires évolue à l’aune de l’augmentation des cadences, passant de 3,7 millions d’euros en 2020 à probablement 7 millions en 2021. Il pourrait atteindre 12 millions d’euros en 2022.
Pour parvenir à gagner des marchés, Prodlab cherche à optimiser la conception, en lien avec ses clients industriels. Avec un double objectif : que le produit ait un coût équivalent à celui fabriqué en Chine tout en étant de meilleure qualité. "Nous utilisons moins de composants, ce qui veut dire moins d’achats, moins de temps de montage, un produit plus durable et moins de problématiques de service après-vente", décrypte Olivier Kimmerling. L’essentiel des partenaires de Prodlab est localisé en France, dont une grande majorité dans le Grand Ouest. Ainsi, "si l’on prend en compte les coûts de production mais aussi de transport, les risques qualité, ceux d’approvisionnement, la rapidité de conception, etc., nous arrivons à un prix équivalent."
Une deuxième société pour une deuxième activité
La croissance de Prodlab est également portée par une deuxième activité. La PME a développé une armoire de séchage, d'assainissement, de désinfection et décontamination d'équipements. Cette solution brevetée, commercialisée depuis mai 2020, est source de 1,7 million euros de chiffre d'affaires (3,5 millions d'euros envisagés en 2022). Quatre marchés sont ciblés : celui dit "régalien" (les pompiers de Vendée pour leurs vêtements, casques et bottes ont été les premiers à l'utiliser, les gendarmes et policiers pourraient suivre), les crèches (pour les jouets), le secteur de l'agroalimentaire et les collectivités locales. Cette armoire, qui n'utilise ni eau ni produit chimique, va faire l'objet d'améliorations, en lien avec le laboratoire lyonnais VireHealth. Cette activité étant commercialement différente de celle de la sous-traitance pour l'électroménager, Olivier Kimmerling envisage de créer une société à part entière en 2022.
