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Pourquoi Scopéli et ses actionnaires renoncent aux bénéfices
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Pourquoi Scopéli et ses actionnaires renoncent aux bénéfices

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Basé dans l'agglomération nantaise, le supermarché Scopéli compte déjà 1 912 actionnaires. Cette société coopérative de consommateurs veut continuer à attirer d'autres clients actionnaires. Le tout en réalisant le pari audacieux d’être à l’équilibre, sans faire de bénéfice.

— Photo : Jéromine Doux - JDE

Dans les allées de cette ancienne salle de sport de Rezé, aux portes de Nantes, tout est fait de récup. Les présentoirs où se trouvent conserves, briques de lait et produits d’hygiène arrivent tout droit du Super U voisin, qui a changé son mobilier. Le supermarché coopératif Scopéli, ouvert en juillet 2017, fait tous les aménagements lui-même. Ses produits sont directement livrés par des producteurs locaux et tout est bio. Mais la vraie particularité de ce supermarché est que toutes les personnes qui viennent y faire leurs courses sont actionnaires. « Chaque coopérateur achète une part de 50 € et offre trois heures de son temps chaque mois pour faire fonctionner le magasin », explique Gilles Caillaud, le président. Ici, seules trois personnes sont salariées à temps partiel. Ce sont donc les clients, eux-mêmes, qui passent derrière le banc de boucherie, de la fromagerie ou qui assurent l’encaissement.

Atteindre l'équilibre sans faire de bénéfices

« Aujourd’hui, nous sommes 1 912 actionnaires. Mais l’idée est que l’on soit encore plus nombreux », assure Gilles Caillaud, sans toutefois fixer ses objectifs. Car plus les actionnaires seront nombreux, plus les prix seront bas. « Nous pourrons négocier les tarifs en achetant en plus grande quantité », poursuit le président de Scopéli. Pour baisser les prix, Scopéli compte aussi sur la réduction de ses marges. Car l’objectif du magasin est d’être à l’équilibre et de réaliser le moins de bénéfice possible. « L’idée n’est pas de verser des dividendes aux actionnaires mais bien de leur permettre de manger sainement à des prix raisonnables », appuie Gilles Caillaud. Selon lui, cela répond à un vrai besoin de la population.

80 à 100 nouveaux actionnaires par mois

Sur son premier exercice, la société a enregistré un léger déficit. « C’était la phase de démarrage », concède le dirigeant, qui a commencé l’aventure avec 22 autres personnes. Son chiffre d’affaires était alors de 500 000 €. Cette année, il est de 1 million d'euros et le président espère atteindre 1,7 million d'euros en 2020 avec l’arrivée de nouveaux clients actionnaires. « Nous accueillons entre 80 et 100 nouvelles personnes par mois. » Et le magasin attire tous types de profils. « Cela va du chômeur au contrôleur fiscal ou au chef de service du CHU. Nos clients ont entre 18 et 93 ans. » Grâce à cela, le supermarché peut aussi compter sur un panel de savoir-faire très large.

Et pour aller encore plus loin, le supermarché coopératif veut créer sa propre ferme afin de produire lui-même les produits qu’il ne trouve pas chez ses producteurs locaux. Sur un terrain de six hectares, Scopéli va cultiver des pommes de terre nouvelles ou des fleurs comestibles en agroforesterie, afin d'offrir plus de choix à ses clients.

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