Nantes
Polémique autour du futur CHU de Nantes
Nantes # Santé

Polémique autour du futur CHU de Nantes

S'abonner

Une centaine de citoyens nantais, dont des médecins et des chefs d'entreprise, s'opposent au projet d'implanter le nouveau CHU en centre-ville et en zone inondable. Ils ont lancé "un appel au bon sens" espérant influer sur la décision de l'Etat d'accorder le permis de construire. Des arguments qui n'inquiètent pas la direction du CHU.

— Photo : CHU Nantes

Ils sont 100, médecins retraités, ingénieurs, enseignants, directeur d’établissements mais aussi chefs d’entreprise comme Philippe de Portzamparc, président de la société de bourse Portzamparc à avoir signé cet appel. Un « appel au bon sens et à la transparence contre la loi du silence entourant le projet d’implanter un nouveau CHU à Nantes », comme le précise leur chef de file, Bernard le Mével, ancien président de l’Institut de Cancérologie de l’Ouest qui se bat depuis 2010 contre ce projet.

Il dit prendre la parole pour ceux qui ne peuvent pas ou qui n’osent pas. « J’ai eu des retours de plusieurs praticiens opposés au projet à qui on n’a bien fait comprendre qu’ils ne pourraient pas évoluer s’ils montraient leur opposition », explique Bernard Le Mevel. « Ce n’est pas contre le CHU que je prends la parole. Le projet en lui-même est magnifique mais je ne voudrais pas qu’il soit regretté dans quelques années. ».

Près d’un milliard d’euros

Il devrait sortir de terre en 2026, à la place de l’ancien Min au pied du pont des Trois-Continents, sous réserve que le permis de construire soit validé dans les prochaines semaines. Coût total : 953 millions d’euros supportés par la métropole aidée de l’État à hauteur de 225 millions d’euros. Il rassemblera les hôpitaux Hôtel-Dieu et Laennec avec une nouvelle faculté de santé et un institut de recherche sur un même site de 10 hectares.

Un espace insuffisant pour les opposants : « Il y a une absence de réserve foncière, les 10 hectares seront totalement utilisés. C’est la négation complète d’un projet qui est censé se projeter sur les 50 prochaines années », argumente Bernard le Mevel. La direction du CHU répond : « Il y a 100 hectares en tout sur l’Île de Nantes, si des entreprises veulent s’installer, elles iront à proximité », explique Antoine Magnan, président de la commission médicale d’établissement du CHU de Nantes.

Deux urgences en zone inondable

Deuxième point de friction : l’emplacement en lui-même. « Le CHU sera situé en plein centre-ville, dans une zone hyperdensifiée et difficile d’accès alors que les trois quarts des patients n’habitent pas à Nantes », s’inquiète Bernard Le Mevel. « Le CHU actuel est déjà en centre-ville et cela ne pose pas de problème», répond Antoine Magnan. Enfin, les opposants s’inquiètent de fait que ce CHU sera implanté sur une zone inondable. « C’est scandaleux. Il faut bien se rendre compte que les deux urgences de la ville, celle du CHU et celle de Confluent seront situées en face-à-face près de la Loire, en zone inondable », s’agace Bernard Le Mevel. "Une inondation n'est envisageable qu'en cas de crue dite millénale", tempère la direction du CHU.

Ces arguments seront-ils pris en compte par l’État lors de l’étude du permis de construire qui devrait être délivré dans les prochaines semaines? Ils n’inquiètent pas la direction du CHU. « On a rencontrés régulièrement ces opposants mais visiblement on ne les a pas convaincus. On parle en collectif avec la Région, l’Université, la Préfecture. Ce nouveau CHU, c’est une chance pour nous tous », explique la présidence du CHU.

Nantes # Santé