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Pierre Voillet : "Pourquoi j'ai vendu Oceanet Technology au groupe parisien Céleste"
Interview Nantes # Informatique # Fusion-acquisition

Pierre Voillet fondateur et ex-dirigeant d’Oceanet Technology "Pourquoi j'ai vendu Oceanet Technology au groupe parisien Céleste"

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Pierre Voillet a cédé en juillet 2021 le groupe informatique nantais Oceanet Technology, qu’il avait fondé en 1996, au groupe parisien Céleste. Le dirigeant revient sur 25 ans d’aventure entrepreneuriale et de développement du digital.

Pierre Voillet parcourt la France à vélo après avoir vendu son groupe Oceanet Technology — Photo : Caroline Scribe

Vous venez de céder votre société informatique Oceanet Technology au groupe parisien Céleste. Pourquoi ?

J’ai eu la chance extraordinaire dans ma vie professionnelle de pouvoir entreprendre et vivre une véritable aventure collective. En 1992, à la suite d’une période de chômage j’ai créé le groupe informatique Dynamips (130 salariés, 16,9 M€ de CA) grâce à la prime ACRE. L’entreprise est dirigée depuis 2004 par mon frère Antoine qui l’avait rejointe en 1997. Ensuite, en 1996, j’ai créé Oceanet Technology qui s’est développé dans un domaine, où tout était à construire. En 1996, internet n’existait pas pour les entreprises. Jamais je n’aurais pu imaginer un tel terrain de jeux ! Les changements survenus dans le secteur du digital m’ont amené à vendre, 25 ans plus tard, l’entreprise à l’opérateur de fibres parisien Céleste (100 M€ de CA)

Par quelles phases de développement êtes-vous passé ?

Depuis l’origine, Oceanet Technology propose un service commercial et technique premium avec des revenus récurrents. De 1996 à 2006, nous avons été des pionniers. Le marché n’était pas du tout mature. Nous organisions des petits-déjeuners avec les chefs d’entreprise pour leur montrer ce qu’il était possible de faire avec internet. Ensuite, de 2007 à 2016, nous avons connu une croissance forte et régulière. Nous étions à l’initiative et gagnions des parts de marché. En 2012, nous avons fait l’acquisition de Net4all, une société suisse basée à Lausanne, qui a beaucoup fait progresser le groupe, notamment en matière de qualité de service. Le rachat de NBS à Paris en 2016 a été plus compliqué avec des dirigeants qui n’avaient pas forcément la même vision que nous du projet d’entreprise.

Le marché n’est-il pas devenu plus concurrentiel ?

C’est vrai et il est devenu plus difficile de mettre en œuvre notre projet. Avec le développement des clouds publics, en particulier AWS d’Amazon, nous avons dû revoir notre modèle économique et reprendre l’initiative. Nous avons réorganisé le groupe, qui fournit principalement des offres d’infogérance du cloud sur ses propres infrastructures de cloud privé et autour du cloud public, en mettant l’accent sur la cybersécurité. Je reste convaincu que la sécurisation des données représente une importante valeur ajoutée pour les entreprises. Notre ambition est de concevoir les meilleures solutions d’infogérance, avec des solutions techniques très sécurisées, en nous appuyant sur la relation humaine et un très bon service clients.

Comment avez-vous mené cette transformation du groupe ?

Il nous a fallu du temps. Les fonds Capital Croissance et Crédit Mutuel Equity, présents au capital, nous ont incités à faire évoluer notre gouvernance et ils ont eu raison. Nous nous sommes concentrés sur la gestion de l’entreprise et avons intégré Éric Lavergne en tant que directeur général. Éric a lancé un important projet d’entreprise, CAP Performance 2023, avec pour objectif de passer de 24 à 36 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2023. La crise du Covid nous a peu impactés, car le télétravail était déjà fortement ancré dans notre culture d’entreprise. Nous avons ainsi pu maintenir un bon service client et réaliser la majorité de nos nouveaux projets dans le cloud public. Cependant cela a ralenti notre projet de transformation.

Finalement, malgré cette transformation, vous avez cédé un groupe qui était rentable ?

J’ai pris la décision de vendre mon entreprise, qui emploie 160 salariés pour 24 millions d’euros de chiffres d’affaires, parce que des opportunités se sont présentées. Six sociétés ont formalisé une marque d’intérêt écrite, trois opérateurs télécoms pour les entreprises ont fait des offres fermes au même niveau de valorisation. L'occasion s'est présentée d'adosser Oceanet Technology à un groupe industriel et je l'ai saisie. Je suis heureux d’avoir conclu avec le groupe Céleste, soutenu par le fond Infravia. Cette vente concrétise un bon alignement des planètes pour les actionnaires, l’entreprise et les salariés. Les CSE d’Oceanet Technology et de Céleste ont voté à l’unanimité pour ce rapprochement. J’ai vendu 100 % de mes titres. Il n’y aura pas d’accompagnement de ma part. C’est une autre histoire qui commence. En revanche, Éric Lavergne reste dans le groupe.

Quels sont vos projets ?

À titre personnel, à 58 ans, j’ai besoin de faire un break : de trois semaines, trois mois ou trois ans, je ne sais pas encore. Je suis parti sur les routes avec mon vélo Gravel et mon van Caddy Volkswagen pour laisser émerger de nouveaux projets, entrepreneuriaux, associatifs ou autres. Ce pourrait être dans le domaine de la blockchain où il est aujourd’hui possible de revivre le même type d’aventure que celle que j’ai eu la chance de vivre à la fin des années 90.

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