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"Nous avons été très courtisés"
Interview Nantes # Finance

Arnaud Giraudon directeur général de Compte Nickel "Nous avons été très courtisés"

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Compte-Nickel, inventeur du compte sans banque, a signé un protocole d'accord prévoyant le rachat de 95% de son capital par BNP Paribas. Quelles conséquences pour la fintech et son implantation nantaise ? Réponses avec Arnaud Giraudon, son directeur général.

— Photo : Compte Nickel

Le Journal des entreprises : Arnaud Giraudon, que prévoit le protocole d'accord que vous avez signé avec BNP Paribas ?

Arnaud Giraudon : Pour mémoire, depuis 2014 Financière des Paiements Électroniques (FPE) distribue Compte Nickel, un compte sans banque qui s'ouvre chez les buralistes agréés par la banque de France. Au terme de cet accord, BNP Paribas détiendra 95 % de notre capital. Les 5 % restants seront conservés par la confédération des buralistes de France avec qui nous avons un partenariat exclusif. L'opération est soumise à des autorisations réglementaires que nous devrions obtenir l'été prochain.

Qu'est-ce qui a incité BNP Paribas à vous racheter ?

A.G : Je dois dire que nous avons été très courtisés. Nous sommes en effet la fintech qui génère le plus de chiffre d'affaires en Europe. Nous avons réalisé 20 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016 et devrions atteindre 36 millions d'euros en 2017. Nous allons devenir rentables cette année. Nous sommes également le premier ouvreur de comptes en France avec 30.000 comptes ouverts par mois. Nous visons un objectif de deux millions de comptes en 2020. En trois ans, nous avons acquis 560.000 clients grâce à un produit très différenciant et attractif. Moyennant un coût de 20 euros par an, tout un chacun, y compris les interdits bancaires, peut ouvrir en quelques minutes un compte qui donne accès une carte internationale, un IBAN et des outils pour suivre ses opérations en temps réel. Nous connaissons donc une forte croissance reposant sur un vrai modèle.

Quel a été le montant de la transaction ?

A.G : Nous ne communiquons pas ce chiffre (NDLR : le journal Le Monde a cité un montant de 200 millions d'euros).

Que change ce rachat pour Compte Nickel ?

A.G : Cette opération nous permet d'affirmer notre solidité vis-à-vis de nos clients et de financer notre croissance de manière pérenne. Nous connaissons en effet un fort développement. Notre chiffre d'affaires progresse de 7 % par mois. Nous comptons actuellement 2.600 buralistes partenaires et 600 nouveaux nous rejoignent chaque mois. Si bien que BNP Paribas a revu notre objectif initial à la hausse et nous visons à terme un réseau de 10.000 buralistes en France et dans les DOM-TOM.

Quelle sera votre stratégie de développement dans les années à venir ?

A.G : Quand on connaît une telle croissance, on ne peut pas se permettre de se disperser. Nous sommes donc en train de mettre en place les moyens pour accompagner notre croissance. Cela passe d'abord par des recrutements. À Nantes, nous avons recruté 80 personnes en quatre mois. Nous prévoyions initialement d'être 200 d'ici trois ans mais cela va plus vite que prévu et nous venons de prendre en location un plateau supplémentaire. Au siège, à Paris, où sont localisées les fonctions supports, nous employons une centaine de personnes.

Quels profils recherchez-vous à Nantes ?

A.G : Nous recrutons des conseillers débutants, n'ayant pas nécessairement une formation bancaire mais une intelligence émotionnelle. Nous recherchons également des gens spécialisés dans la lutte contre la fraude. Ce n'est pas facile car le métier n'est pas normé. Enfin, nous embauchons des informaticiens car le développement informatique est au coeur de notre système bancaire et donc de notre croissance. Nous concevons un système fondé sur les technologies Cassandra, qui sont utilisées par des géants comme Apple et Google et permettent de gérer de gros volumes.

Envisagez-vous une diversification de vos activités, une implantation à l'international ?

A.G : Pour l'instant, nous nous concentrons sur un produit, un usage, une niche : payer et être payé. Nous voulons encore améliorer l'expérience client en faisant en sorte que cela soit et reste simple et facile. Nous voulons faire déjà très bien ce que nous savons faire sur la France avant de nous lancer à l'international.

Pour conclure, diriez-vous que le regard des banques traditionnelles sur les fintechs a évolué ?

A.G : Oui, les banques sont plus à l'écoute des fintechs. Crédit Mutuel Arkea a été précurseur en investissant dans la cagnotte en ligne Leetchi en 2015. Depuis, BPCE (Banque Populaire Caisse d'Épargne) a racheté LePotCommun.fr. Quant à nous, nous apportons à BNP Paribas notre agilité et une autre façon de faire de la banque.

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