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Naval Group va investir 100 millions d’euros sur son site nantais
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Naval Group va investir 100 millions d’euros sur son site nantais

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En charge de la conception et de la réalisation du futur porte-avions à propulsion nucléaire de la Marine Nationale, Naval Group va investir 100 millions d’euros sur son site nantais dans les huit prochaines années pour porter ses capacités industrielles à la hauteur de ce chantier hors-norme.

Naval Group va construire les chaufferies nucléaires du futur porte-avions nouvelle génération — Photo : adrien daste 2017

Sous le nom de code PA-Ng, la conception et la réalisation du porte-avions à propulsion nucléaire français de nouvelle génération ont commencé. Le navire, appelé à succéder au Charles-de-Gaulle, deviendra à partir de 2038 le fleuron de la Marine nationale. Le programme embarque dans son sillage deux poids lourds de l’industrie locale avec la constitution de la joint-venture MO Porte-Avions, qui associe Naval Group (65 % du capital) et Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire (35 % du capital). Naval Group est en charge de l’architecture d’ensemble du bâtiment nucléaire et des systèmes transverses (intégration des systèmes de combat, de navigation et aviation, des catapultes…). Chantiers de l’Atlantique assure la construction du navire et l’architecture de la plateforme propulsée. "Naval Group est l’architecte d’ensemble, responsable des performances du navire. Tous les systèmes de défense à forte valeur ajoutée relèvent de nos savoir-faire. Les Chantiers de l’Atlantique, pour leur part, maîtrisent la construction de gros navires et disposent du seul bassin en France capable de recevoir un aussi gros bâtiment", explique Emmanuel Chol, directeur du site Naval Group de Nantes-Indret.

Emmanuel Chol, directeur du site Naval Group de Nantes-Indret — Photo : Naval Group

Virage industriel

Le chemin est certes encore long jusqu’en 2038, date de l’admission du PA-Ng au service actif. Après la phase d’avant-projet sommaire en cours, viendra celle de la conception détaillée début 2023, puis du lancement en réalisation en 2025. Les premiers essais en mer n’interviendront qu’en 2036. Toutefois, le site de Naval Group d’Indret, près de Nantes, a d’ores et déjà entrepris de dimensionner son outil industriel à ce programme ambitieux, qui représente à lui seul 10 millions d’heures de travail sur 15 ans. Plus grand bâtiment de guerre construit en Europe, apte à accueillir des avions de chasse de type Rafale, mais aussi le futur avion européen Scaf (système de combat aérien du futur), hautement numérisé et cybersécurisé, le futur porte-avions pèsera 77 000 tonnes contre 42 500 pour le Charles-de-Gaulle pour 300 mètres de longueur. Des dimensions synonymes de changement d’échelle pour le site d’Indret.

Deux chaufferies nucléaires

En effet, spécialisée dans les systèmes énergie propulsion des navires militaires, et en particulier la propulsion nucléaire, l’usine nantaise de Naval Group doit livrer les deux chaufferies nucléaires K22, hautes de 10 mètres et pesant 2 000 tonnes chacune du PA-Ng, ainsi que le système de conversion de la vapeur en électricité, qui alimentera la propulsion des hélices, mais aussi le bord et l’aviation. "Jamais en France, on n’aura construit de chaufferies de cette taille. La dernière grosse révolution industrielle datait des années 1990. Le programme du PA-Ng et les autres projets structurants en cours impliquent une vraie transformation du site. Au total, nous avons prévu d’investir plus de 100 millions d’euros dans les huit prochaines années pour adapter notre outil industriel et être au rendez-vous en 2025, quand nous commencerons à produire en série", annonce Emmanuel Chol.

Le site Naval Group d’Indret est spécialisé dans les énergies propulsion pour les marines françaises et étrangères — Photo : Jean-Claude MOSCHETTI/REA

Barracuda et SNLE 3G

En effet, parallèlement au programme du PA-Ng, le site nantais doit finir de livrer les chaufferies nucléaires et les appareils moteurs des sous-marins Barracuda. Ces quatre premiers systèmes énergie propulsion ont été livrés à Cherbourg. Les modules de 400 tonnes chacun des deux derniers bateaux sont en cours. Va également débuter, fin 2022, l’important programme des SNLE 3G (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de troisième génération) pour la Marine nationale. "Depuis quelques mois, nos ateliers d’usinage et de chaudronnerie ont lancé la fabrication des premières pièces, destinées à équiper la chaufferie nucléaire du premier de cette série de quatre navires, qui porteront, à partir de 2035, la force de dissuasion française", indique Emmanuel Chol.

Nouveaux bâtiments

Le redimensionnement du site d’Indret a donc débuté en 2019 avec l’achat de cinq grands complexes d’usinage stratégiques, adaptés à des pièces de 10 mètres d’envergure. Il se poursuit avec le réaménagement de l’enceinte industrielle de 20 hectares. En mars 2022, un bâtiment tertiaire de 8 000 m² a été livré pour accueillir 600 salariés de l’ingénierie et du bureau d’études. "Les besoins en performance des navires ne cessent d’augmenter. Ici, à Indret, nous sommes le pôle d’excellence de Naval Group en matière d’énergie propulsion. Et nous consacrons un gros budget à la R & D pour développer de nouvelles technologies", commente Emmanuel Chol. Une autre partie du site sera détruite début 2023. L’emprise foncière ainsi libérée sera affectée à la construction, d’ici 2027, de deux ateliers de grande dimension, où seront montés les gros modules (chaufferies, groupes de conversion d’énergie…). Un accès direct à la Loire permettra de les acheminer par bateau vers Saint-Nazaire et Cherbourg. Une extension de 10 000 m², en cours de finalisation, accueillera quant à elle, un complexe vertical d’usinage d’une capacité de 200 tonnes, pour être en capacité d’usiner les principaux composants des chaufferies nucléaires. Enfin, une nouvelle nef de chaudronnerie, affectée à la soudure de qualité nucléaire et aux revêtements métalliques, viendra compléter la reconfiguration du site.

Stockage et logistique

"Le site d’Indret mène de front une vingtaine de programmes pour les marines françaises et étrangères. Dans ce contexte, nous prévoyons un pic d’activité aux alentours des années 2028-2030. Cela nous amène à travailler, outre l’aspect industriel, sur l’adaptation de nos flux logistiques et de stockage. Nous menons cette réflexion avec notre partenaire, le groupe Idea", indique le dirigeant. Naval Group va ainsi se doter d’un nouveau bâtiment de stockage de 9 000 m² sur son site d’Indret et a réservé une surface de 10 000 m² au Bignon, au sud de Nantes.

150 recrutements par an

Le développement des capacités industrielles du site s’accompagne d’un accroissement des effectifs et de leur montée en compétences. Le site, qui employait 1 000 salariés en 2010, en compte aujourd’hui 1 600. Depuis cinq ans, il recrute 150 nouveaux collaborateurs chaque année, correspondant à 100 créations nettes d’emploi par an. Pour tenir ce rythme, le groupe prévoit une importante campagne de communication sur le thème "Naval Group recrute", associée à une grande exposition photo, Titan des Mers par Erwan Lebourdais, à la Créative Factory pour présenter au public nantais les sous-marins et autres navires construits par Naval Group.

La NUC Academy diffuse dans le groupe la culture du nucléaire — Photo : Jean-Claude MOSCHETTI/REA

Ces recrutements s’accompagnent d’un important effort de formation. Disposant d’une école de soudage interne, Naval Group a mis en place depuis trois ans une vingtaine de "chantiers école". Ces modules, associant pédagogie et enseignement des gestes techniques sur des maquettes, fonctionnent en permanence. La "NUC Academy" joue un rôle équivalent dans le domaine de l’ingénierie. "Cette académie permet de faire découvrir la culture du nucléaire et d’homogénéiser le niveau de connaissances des équipes. Tous ces dispositifs contribuent à accélérer la montée en compétences du site", conclut Emmanuel Chol.

Bientôt des drones sous-marins océaniques

Ces compétences seront sollicitées par plusieurs programmes auxquels le site d’Indret est -ou sera- associé dans les années à venir.

Le spécialiste de la propulsion nucléaire est ainsi présent, à terre, dans le domaine civil à travers deux projets. Il a en charge la qualification des chaufferies nouvelle génération pour le réacteur expérimental, en construction à Cadarache. Il intervient également dans le programme Nuward, Small Modular Reactor français, piloté par EDF avec le CEA. "Ce petit réacteur d’avenir répond aux besoins de fourniture d’électricité alternatifs aux gros réacteurs en étant plus faciles à intégrer dans les réseaux électriques", explicite Emmanuel Chol.

Par ailleurs, Naval Group a inscrit dans son plan stratégique une nouvelle ambition autour des drones et systèmes autonomes, concernant notamment les drones sous-marins océaniques. Programme auquel le site d’Indret contribuera de façon significative. Un premier démonstrateur a été développé et est en test près de Toulon. Ce type de drone, capable de réaliser de longues missions et d’opérer en totale autonomie pendant plusieurs semaines, nécessitera le développement de briques technologiques clés, en particulier autour de la génération, du stockage et du pilotage de l’énergie. "Ce ne seront pas des drones télé opérés. Ils auront de fortes capacités d’intelligence artificielle leur permettant de s’adapter aux aléas des missions (changements de courant, obstacles, proximité de sous-marins…) et, aussi, de piloter leur consommation d’énergie. Nos équipes sont fortement mobilisées sur des technologies différenciantes, telles que l’hydrogène pour la production d’énergie. C’est une innovation clé pour la longue endurance sur ce type de véhicule. Nous assistons à une accélération du rythme de l’innovation dans nos produits", pointe Emmanuel Chol.

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