Pays de la Loire
"Nantes mériterait une qualité d’infrastructure aéroportuaire bien supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui"
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Xavier Lortat-Jacob président d’Aéroports du grand Ouest "Nantes mériterait une qualité d’infrastructure aéroportuaire bien supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui"

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Xavier Lortat-Jacob est le nouveau directeur de l’aéroport Nantes Atlantique. Au moment où l’appel d’offres pour choisir le prochain concessionnaire est en cours, il fait le point sur l’évolution du trafic aérien, l’impact économique sur le territoire et la nécessité de moderniser une plateforme aéroportuaire ayant atteint ses limites.

Xavier Lortat-Jacob, directeur de l’aéroport Nantes Atlantique — Photo : David Pouilloux

Vous venez de succéder à Cyril Girot en tant que président d'Aéroports du Grand Ouest, qui chapeaute les aéroports de Nantes et de Saint-Nazaire / Montoir. Vous bénéficiez d’une solide expérience à l’étranger…

Je viens en effet de passer sept ans au Chili. De 2015 à 2022, j’étais en charge d’une concession aéroportuaire, avec le même schéma d’intervention que celui de Nantes Atlantique. Nous formions un joint venture avec ADP, à Santiago du Chili. Notre mission là-bas consistait à exploiter un terminal saturé, conçu pour 15 millions de passagers, mais qui avait déjà atteint 25 millions de passagers. L’objectif était de parvenir à un découplage de cet aéroport, qui était mixte, c’est-à-dire séparer en deux le national et l’international. Il fallait construire une nouvelle plateforme pour l’international, et conserver l’ancienne pour le national. Nous avions un milliard de dollars pour construire le nouveau terminal international.

Vous arrivez à un moment clé pour l’aéroport Nantes Atlantique. Cette expérience pourrait être utile au moment où l’on s’approche du démarrage de son réaménagement…

Pour l’heure, un appel d’offres est en cours, et nous ne savons pas encore qu’elle sera son terme et quand la nouvelle concession sera attribuée. Je ne peux pas préjuger de son résultat et de ce que deviendra l’offre faite par le concessionnaire actuel, Vinci Airports, si elle est retenue. La DGAC pilote son appel d’offres. Il a été repoussé une première fois. Pour l’instant, ma mission, ici, c’est de gérer cet aéroport. Il y a beaucoup d’enjeux autour des besoins du territoire qui s’expriment, après une période difficile liée au Covid. Et il n’a échappé à personne qu’il y a également une accélération sur les réponses à apporter en termes d’impacts sur l’environnement.

Où en est le trafic aérien aujourd’hui ?

Fin 2019, nous étions à 7,2 millions de passagers sur un an. Le Covid a fait s’effondrer le trafic aérien, mais celui-ci a repris, et plus vite que prévu. Fin septembre de cette année, nous sommes à 4,4 millions de passagers. Et autour de 5 millions pour la fin octobre. Le trafic revient. Il retrouve son dynamisme d’avant Covid. Nous sommes à environ 80 % du trafic de 2019. Au-delà du volume, sur le plan des destinations, nous avons retrouvé 90 % du réseau de 2019, soit 88 destinations directes. Notre territoire reste donc ouvert sur le monde, avec des destinations principalement en France, en Europe, au Maghreb, aux Antilles et au Canada. Pour les destinations de l’hiver, nous sommes à 56 pour 2022, contre 70 en 2019. La seconde vocation de Nantes Atlantique est d’alimenter cinq hubs internationaux : Amsterdam, Madrid, Zurich, Paris, Francfort. Cette connectivité est à nouveau opérationnelle.

Quelles sont les compagnies qui opèrent à Nantes Atlantique et comment voient-elles l’année venir l’année 2023 ?

Une vingtaine de compagnies opèrent à Nantes, dont les 5 principales : Volotea, EasyJet, Transavia, Air France et Ryanair. Le trafic global se partage à 60 % pour l’international, et 40 % pour les vols domestiques. Les voyages d’affaires représentent autour de 30 % des vols passagers. La saison 2023 est en préparation, et l’on ne voit pas arriver une baisse du nombre de sièges chez nos compagnies.

L’une des particularités de l’aéroport de Nantes Atlantique est d’avoir un couvre-feu. Celui-ci est-il facile à respecter ?

Pour un aéroport, le couvre-feu est une contrainte, évidemment. Mais il faut aussi comprendre que le bruit est une nuisance pour les riverains. Entre minuit et six heures du matin, les vols sont interdits à Nantes Atlantique. C’est lié à un décret paru en avril 2022. Avant ce décret, il y avait entre 8 et 9 vols par jour entre minuit et six heures du matin, en 2018 et 2019. Ce chiffre est tombé à 1,6 en 2022. C’est beaucoup mieux, mais ce n’est pas assez. 75 % de ces arrivées qui ne respectent pas le couvre-feu sont liées à des retards, entre minuit et une heure du matin. Cela suscite des réactions exaspérées des riverains, et on le comprend très bien. Nous avons sensibilisé les compagnies afin que cette situation cesse. Notre objectif est d’atteindre zéro vol durant le couvre-feu.

Un projet de réaménagement s’annonce et sera défini dans les mois qui viennent. En quoi Nantes Atlantique a-t-il atteint ses limites ?

Tous les maillions essentiels pour le bon fonctionnement de l’aéroport ont été poussés au maximum : le nombre de comptoirs pour le checking, de postes d’inspection-filtrage et de salles d’embarquement ainsi que le nombre de postes d’avions pour embarquer ou débarquer. Nous avons peu de boutiques et peu de restaurants, car nous sommes dans un espace restreint. Tous ces éléments dimensionnant l’aéroport sont au maximum de leur capacité. Ce qui est important, c’est de comprendre que le territoire a besoin d’une vision à long terme. La Loire-Atlantique et la Vendée sont des départements dynamiques, et ces deux territoires ont besoin d’un outil qui soit performant et à la hauteur des besoins du territoire. Nantes mériterait une qualité d’infrastructure aéroportuaire bien supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui. En le modernisant, nous pourrions prendre 20 ans d’avance sur tous les autres aéroports.

Quel est l’impact de l’aéroport sur son territoire ?

Vinci Airports emploie 200 personnes directement sur l’aéroport. Chaque jour, environ 3 000 personnes viennent travailler sur l’aéroport pour environ 80 entreprises et les services de l’État. Rien que sur le département de Loire-Atlantique, 13 250 emplois sont soutenus du fait de l’activité de l’aéroport, plus de 16 600 sur la région, dont 7 900 liés aux retombées touristiques.

Gérer un aéroport, c'est aussi regarder de près son bilan carbone. Où en êtes-vous ?

L'autre pilier de notre mission consiste en effet en l'engagement pour la protection de l'environnement. L'un des axes les plus marquants est la réduction de nos émissions de C02, à travers un programme ACA (Airport Carbon Accreditation). Notre effort nous a permis de baisser de 50 % nos émissions, entre 2015 et 2021. Cela a été possible par l'arrêt de l'utilisation de groupes électrogènes et le relamping en LED du parc d'éclairage, ainsi que le remplacement de la chaudière et d'autres équipements par des technologies plus efficientes. Nous engageons également nos partenaires, notamment les compagnies aériennes, dans toute cette démarche afin que nous soyons tous alignés dans cette trajectoire de réduction des émissions de carbone. Sur le plan de la sobriété, nous avons également baissé la température pour les bureaux à 19 degrés, à 17 dans les zones publiques, ou encore fermé quelques sas d'entrée/sortie afin d'éviter les déperditions d'énergie... L'ensemble des mesures devraient nous permettre d'économiser 10 à 15 % de notre énergie, électricité et gaz. Plus globalement au sein du réseau VINCI Airports, nous nous sommes engagés vers le zéro émission nette de carbone dès 2030 sur le périmètre d'activité de nos plateformes aéroportuaires en Europe. Nous avons aussi des projets de décarbonation avec l'utilisation de l'hydrogène vert que nous tenons à accompagner.

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