La Roche-sur-Yon
Michelin La Roche-sur-Yon : « Nous devons renouer avec la compétitivité »
Interview La Roche-sur-Yon # Industrie # Conjoncture

Olivier Furnon directeur de l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon Michelin La Roche-sur-Yon : « Nous devons renouer avec la compétitivité »

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Alors que la dernière usine française de pneus poids lourds du groupe Michelin, située à La Roche-sur-Yon, envisageait d’investir 100 millions d’euros entre 2014 et 2019, la direction a décidé de stopper ce programme d’investissement il y a un an. En cause : un marché en perte de vitesse et une concurrence accrue. Entretien avec Olivier Furnon, tout juste nommé à la tête du site vendéen.

— Photo : Michelin

Le Journal des Entreprises : Vous venez d’être nommé à la tête de l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon, en remplacement d'Andrzej Reise, qui va prendre la tête d’une usine en Roumanie. Quel est votre parcours ?

Olivier Furnon : Je prendrai mes fonctions le 1er mars. Je suis un "pur produit" Michelin, j’ai 55 ans et je travaille pour l’entreprise depuis 32 ans. J’ai été recruté à Clermont-Ferrand, où je travaillais dans le rechapage du pneu poids lourds. Puis j’ai enchaîné les postes, notamment en Allemagne, où j’ai également dirigé une usine.

Vous arrivez dans un contexte délicat. L'année dernière, la direction a gelé son plan d'investissement de 100 M€, qui visait à moderniser et augmenter les capacités de production à La Roche-sur-Yon. À l'automne 2018, des salariés manifestaient contre les suppressions d’emplois au sein de l’usine. Comment analysez-vous la situation ?

O. F. : On prévoyait une forte croissance sur le marché du pneu poids lourd. Or, nous nous sommes rendu compte que les hypothèses étaient fausses. En Europe, le marché est stable et ne justifiait plus les investissements envisagés à La Roche. En parallèle, l’usine avait de grosses difficultés de recrutement alors qu’il était nécessaire d’embaucher du personnel pour accompagner l’investissement. C’est pourquoi nous avons stoppé ce programme il y a un an. 60 M€ ont quand même été investis entre 2014 et 2018.

« Réduire l'effectif est une condition de survie pour l’usine. »

Nous fabriquons des produits haut de gamme. Mais le marché s’oriente plutôt vers des pneus intermédiaires, moins solides mais moins coûteux à l’achat. Notre activité est donc en perte de vitesse. Et la concurrence est de plus en plus forte. On voit de nouveaux entrants arrivés, comme la Chine, qui a des coûts de main d’œuvre beaucoup plus bas et peut donc proposer des produits moins chers. Notre processus industriel reste très manuel. Nous avons besoin de beaucoup de main d’œuvre et il nous faut du temps pour former ces personnes. Cette nouvelle concurrence nous fait du mal. Nous devons rapidement renouer avec la compétitivité.

Quelles perspectives pour l'usine de La Roche-sur-Yon ?

O. F. : La production est stable. Nous avons produit 770 000 pneus en 2018, nous prévoyons d’en produire 760 000 en 2019. 673 salariés travaillent désormais au sein de l’usine. Début 2018, le site enregistrait un pic avec près de 800 collaborateurs. Les effectifs devraient continuer à diminuer pour se stabiliser à 560 salariés d’ici à 2021. C’est une condition de survie pour l’usine. Si nous voulons vendre nos pneus au prix que les transporteurs sont prêts à payer, nous devons améliorer notre productivité. Certaines tâches pourront être robotisées, les postes de travail devraient être optimisés et nous voulons améliorer le rendement des machines. Aujourd’hui, le plan d’investissement est gelé. Nous le reprendrons si le marché repart. Mais les signaux montrent que ce n’est pas sur notre gamme de produits que la croissance va se faire.

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