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Mathilde Moreau : " La culture est la variable d'ajustement des mesures sanitaires "
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Mathilde Moreau directrice de la Compagnie du Café Théâtre " La culture est la variable d'ajustement des mesures sanitaires "

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Depuis 24 ans, elle se veut la scène nantaise de l'humour avec 250 spectacles programmés chaque année. La Compagnie du Café Théâtre, qui s'apprêtait à enregistrer le meilleur exercice de son histoire en 2020, est aujourd'hui quasiment à l'arrêt. Sa directrice Mathilde Moreau témoigne de sa frustration.

Mathilde Moreau, directrice de la Compagnie du Café Théâtre — Photo : La Compagnie du Café Théâtre

Comment cela se passe-t-il depuis le mois de mars dernier pour votre entreprise ?

Mathilde Moreau : Tout d’abord, je souhaite préciser que la Compagnie du Café-Théâtre est une entreprise privée que j’ai créée il y a 24 ans et développée sans argent public. Nous employons 11 salariés et exerçons plusieurs activités : théâtre, école de théâtre et formation à la prise de parole en public, production et diffusion hors les murs et événementiel avec l’accueil dans nos locaux de séminaires d’entreprise et autres évènements. Nous accueillons habituellement 70 000 spectateurs et 200 artistes, des humoristes, par an. Nous programmons 250 spectacles chaque année, accueillons 300 élèves en cours de théâtre et totalisons 250 entreprises clientes. Des artistes comme Anne Roumanoff ou Patrick Timsit viennent rôder leurs spectacles chez nous. Tout cela, c’était avant le 13 mars 2020, date à laquelle, comme tout le monde, nous avons tout fermé. C’était un moment hors du temps, totalement inconcevable. Du jour au lendemain tout s’arrête. Je me suis retrouvée seule dans mon théâtre avec mon mari et associé.

Et d’un point de vue économique ?

Mathilde Moreau : C’est frustrant : nous étions en pleine croissance quand tout s’est arrêté ! Nous réalisons habituellement un chiffre d’affaires de 1,8 million à 2 millions d’euros. On était en train de faire le meilleur exercice de toute notre histoire, lorsque tout s’est arrêté. Nous avons perdu 2,7 millions d’euros sur un an. Heureusement, nous avions de la trésorerie de côté et l’entreprise était bien gérée. Nous avons aussi reçu beaucoup d’aides qui nous ont permis de tenir. C’est bien, mais nous avons juste envie de retravailler. La programmation est faite, il faut avancer maintenant.

Quelle est votre situation aujourd’hui ?

Mathilde Moreau : Nous avons rouvert le 11 juin avec une jauge réduite à 70 %, puis refermé le 29 octobre. J’ai mis à profit cette période pour me former au graphisme, au SEO… et refait tous les sites du Théâtre. Depuis la mi-février 2021, nous recevons à nouveau des entreprises pour des réunions en petits groupes, limitées à 10 personnes, dans le respect des mesures sanitaires. Nous avons également repris les cours de théâtre pour mineurs, toujours en petits groupes et dans des grandes salles. En fait, nous aurions pu reprendre plus tôt car un décret avait été pris en ce sens. Mais l’information ne nous avait pas été communiquée. Je l’ai appris en appelant la Préfecture. Cette reprise partielle d’activité nous fait du bien moralement, même si le chiffre d’affaires qu’elle génère est négligeable. Nous envisageons de reprendre les cours pour adultes. En revanche, nous n’avons aucune visibilité sur la reprise des vrais spectacles. Je suis très en colère, car j’ai l’impression que l’on se moque de nous. La culture est la variable d’ajustement des mesures sanitaires. Étant donné les précautions que nous prenons, il n’y a pas plus de risques de contamination chez nous qu’ailleurs. Il faut être patient et se dire que cela va finir par repartir.

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